Manon Faingnaert,
Digital communication manager

Interview réalisée en juin 2023

Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours scolaire ? 

J’ai étudié au collège Sainte-Marie de Mouscron en option français langues. En supérieur, je suis partie à Bruxelles pour faire journalisme à l’Ihecs. Au début, il n’y a pas d’option spécifique, c’est de la communication de manière générale. Finalement, j’ai choisi une majeure en ASCEP (Animation SocioCulturelle et Éducation Permanente) car je souhaitais travailler dans une ONG. Comme mineure, j’ai pris Publicité parce que j’aime tout ce qui est créatif et développement de la créativité. Après mon master en ASCEP, j’ai voulu me perfectionner en langues, je suis donc partie 5 mois à Gand et 4 mois à Londres. Pour travailler sur Bruxelles, il est important de parler le néerlandais et l’anglais. 

Quelles ont été vos expériences professionnelles avant votre emploi actuel ? 

J’ai fait un stage de marketing chez Médecins Sans Frontières. Je m’occupais de la communication vers les moyens et grands donateurs. L’important était donc d’adapter sa communication à son public. 

Au niveau professionnel, je suis partie en France, à La Redoute et chez Boulanger où j’ai fait du Community management pour le service client. Après, j’ai été prise chez Hello Bank pour le community management de communauté. Par exemple, pour une campagne de crowdfunding, j’ai dû animer la communauté et répondre aux personnes qui avait des soucis pour participer à la campagne. 

À la suite d’une restructuration, j’ai décidé de trouver autre chose. Le côté publicitaire m’intéressait, j’ai donc postulé chez Proximus où je suis toujours aujourd’hui. Je travaille sur tout ce qui est projet Sustainability Ecology.

En quoi consiste votre travail ? Comment s’organise-t-il ? 

Je travaille dans le domaine de la communication générale. Je crée des stratégies de communication en prenant en compte l’objet de la campagne de communication ainsi que les valeurs de l’entreprise. 

Mon travail est plutôt en stratégie, ça consiste à faire la création. Le groupe marketing désigne un sujet et je dois le vulgariser et en retirer les points intéressants pour une personne lambda. Je m’occupe aussi de la création visuelle. Je travaille en fonction des priorités de l’entreprise : les besoins, les produits qu’ils veulent mettre en avant à un moment donné et aussi selon l'actualité de l'année.

Sur quels réseaux sociaux êtes-vous présent ? Comment adaptez-vous votre communication ? 

Instagram, Facebook, TikTok, Snapchat et aussi YouTube de temps en temps. Nous adaptons la communication en fonction du public qui est sur chaque réseau social. Par exemple sur TikTok, c'est un public un peu plus jeune, même si ça change petit à petit. Sur Facebook, le public est un peu plus âgé et nos informations sont donc plus factuelles.  Sur Instagram, nous fonctionnons avec de la vidéo parce que ça marche mieux. TikTok, ce sont plus les vidéos des gens qui parlent directement face caméra. Nous collaborons aussi avec des influenceurs car c’est ce qui fonctionne aujourd’hui. 

Quels sont les aspects positifs et négatifs de votre profession ? 

En positif, j'aime beaucoup le côté créatif du métier : faire de la vidéo, être sur des shootings… c’est chouette. La communication digitale est aussi un reflet de la société : qu’attend le public ? Que trouve-t-il intéressant ? Qu’est-il « ok » de dire ? Etc. En ce moment, on travaille sur l’inclusivité car c’est une thématique qui évolue dans le monde actuel. Je trouve que c'est très chouette d'être entouré de gens qui se posent ce genre de questions. J’aime aussi l’environnement stimulant grâce à la collaboration avec des gens créatifs et très ouverts d’esprit. J’ai aussi beaucoup de liberté car j’ai un statut de cadre et que l'on me fait confiance. J’ai des avantages comme le salaire, la voiture de fonction et le télétravail. 

Du côté négatif, comme je travaille dans une grosse boîte, il y a beaucoup de discussions. C’est parfois redondant et les prises de décisions peuvent être lentes. Je suis aussi déçue du manque d’impact de mon travail, je me dis que mes publications ne vont pas changer le monde même en y mettant de l’inclusivité. Mon côté activiste n’est pas totalement satisfait. 

Quelles ont été les évolutions majeures du métier ces dernières années ? 

De nouvelles règlementations ont fait leur apparition comme le RGPD[1] qui nous empêche de faire du targeting (ciblage marketing). Avant, il était possible d’avoir beaucoup d’informations sur les personnes cibles d’une publicité. Aujourd’hui, c’est plus réglementé. 

Les réseaux sociaux ont aussi changé avec l’apparition de plateforme comme TikTok ou la disparition peu à peu de Facebook. Il y a 6 ans, Facebook était le réseau majeur alors que ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui. J’ai aussi vu l’émergence d’Instagram dans mon travail. Les réseaux apparaissent et évoluent très vite. Mais de manière générale, le marketing et la communication restent identiques.

Les générations changent aussi, il faut s’y adapter. Par exemple, à Proximus, on prend en compte la non-binarité depuis quelques années, on essaye de créer des personnages peu voire non genrés.

Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ? 

Le travail d’équipe est indispensable. Il faut aussi se tenir au courant de ce qui se passe dans le paysage digital, garder une ouverture d’esprit et rester jeune dans sa tête. La créativité est aussi importante pour être community manager et c’est également utile d’avoir un feeling pour l’écriture. 

Avec qui collaborez-vous ? 

Je travaille principalement avec des personnes qui font du marketing, du graphisme, du développement web ou du branding (tout ce qui est lié à l’image de marque). Nous travaillons aussi avec des professionnels en agence de communication qui sont spécialisés dans la publicité et ont aussi d’autres corps de métiers comme account manager, réalisateurs, vidéastes…

Quelles sont vos conditions de travail ? 

J’ai beaucoup de réunions et de meetings. Par exemple, aujourd’hui j’ai eu un briefing avec l’agence de communication. Ensuite, je présente les résultats de cette discussion avec l’équipe marketing. Par la suite, je vais débriefer à nouveau avec l’agence. 

Entre-temps, je donne mon avis sur des posts pour les réseaux sociaux. Je décide de ce qui doit être changé ou non.

Pourquoi avoir choisi ce métier ? 

À la base, je l'ai choisi car je me disais que j'étais née avec le digital. C'est un premier point d'entrée dans tout ce qui est communication. Je voulais aussi faire de la création. J'ai choisi par stratégie, je me suis dit aussi que j’allais me démarquer dans ce domaine. Aujourd’hui, la seule chose pour me démarquer par rapport à quelqu'un qui a plus d’expérience en communication, c’est que moi j'ai l'expérience des réseaux sociaux.

Quels sont les conseils que vous donneriez à un jeune qui a envie de se lancer dans ce métier ? 

Il n’y a pas vraiment de conseil à donner ! Je pense qu'il faut suivre son chemin, ce qu’on a envie de faire. Si tu as une passion pour la communication digitale et que tu as des compétences là-dedans, je pense que c’est assez. Il faut juste savoir se démarquer.   

Avez-vous une anecdote de travail ? 

Par manque de moyens, je me suis retrouvée à faire des vidéos moi-même. Pour Hello Bank, j’ai un jour dû filmer une vidéo où je faisais des roulades pour illustrer mon propos. Ma famille a vu la vidéo et l’a partagée en disant « elle est payée pour faire des cumulets ». Dans une autre vidéo, je fais des câlins à tout le monde !

Parfois, j’ai aussi l’occasion de travailler sur des festivals et de rencontrer des artistes. C’est chouette ! 


[1] Règlement Général sur la Protection des Données. Texte européen qui encadre le traitement des données personnelles depuis mai 2018.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.