Mme Marie-Noëlle Baquet, Conteuse
Interview réalisée en mai 2011 |
Chargée de la diffusion, de l'animation et de l'Action culturelle et conteuse au Théâtre de la Parole à Bruxelles.
Présentez-nous le Théâtre de la Parole ? Quelles sont ses missions ?
Il s'agit d'un lieu dédié aux arts de la parole, inauguré en 2001. C’est un projet qui a mûri près de 10 ans, avant de se mettre en place autour d’Hamadi et de son équipe. Il poursuit depuis sa fondation plusieurs objectifs. Parmi ceux-ci, la défense, l’illustration et la diffusion des littératures orales à travers :
- une programmation saisonnière ;
- l’organisation du festival "Bruxelles ça conte" dédié aux arts de la parole et du conte ;
- et le développement de son "Centre de Documentation" (à ce jour : plus de mille ouvrages).
Dans cette optique, il multiplie les rencontres et recherches autour du conte et des cultures populaires. Il réunit des praticiens, des femmes et des hommes, de sensibilités et d’horizons différents, des professionnels, véritables passeurs de sens : conteurs, raconteurs d’histoires, auteurs-interprètes, diseurs, artistes créateurs, animateurs et pédagogues. Tous rassemblés autour d’un travail artistique et d’éducation populaire. Ainsi, le Théâtre de la parole développe des ateliers dispensés dans les associations, écoles (du primaire au supérieur), Musées, etc.
Au fil des ans, il est devenu un lieu Fédérateur pour la reconnaissance des arts de la parole comme art scénique à part entière et par sa réflexion sur les métiers de la parole.
Mais aussi un lieu d'accueil, de rencontres des cultures et des pratiques, de formation avec notamment la création de "l’Ecole Internationale du Conte" qui regroupe toutes les formations dispensées au sein de la structure, dont une formation longue unique en Europe. Enfin, c’est un lieu de création et d'expression, d'interculturalité, de mémoire et de réflexion.
Pourriez-vous nous expliquer en quoi consiste exactement le métier de conteur ?
Le conteur est, pour nous, un artiste qui utilise comme matière première le conte populaire de tradition orale. Le métier de conteur c’est raconter mais aussi transmettre un patrimoine à travers la matière orale. Le conteur est un passeur. La relation avec le public est donc essentielle.
Existe-t-il différentes façons de conter ?
Je pense qu’il y a autant de façon de conter qu’il y a de conteurs. Ce qui n’empêche pas d’avoir un "alphabet" commun, une technique commune.
Quels sont les différents lieux dans lesquels vous contez ?
Écoles, crèches, associations, bibliothèques, lieux extérieurs divers, musées, salles de spectacle ou encore cafés-théâtres : le conte se glisse partout !
Comment préparez-vous vos "spectacles" ?
Il y a généralement un premier travail seul sur l’histoire, la symbolique, et puis un travail accompagné. Avoir un regard extérieur est important.
Quel est votre parcours ?
En sortant de rhétorique, je suivi une année préparatoire aux arts du spectacle puis j’ai fait des études littéraires complétées par un master en arts du spectacle vivant. Tout au long de mon parcours je me suis formée sur le plan artistique. D’un point de vue professionnel, j’ai travaillé comme enseignante, mais aussi dans le secteur du handicap, de l’animation et dans le domaine artistique !
Qu'est-ce qui vous a donné envie de devenir conteuse?
J’ai la chance d’avoir eu une maman qui racontait… et lorsque j’ai suivi une formation d’initiation au conte à la Maison du Conte, ça a été un déclic !
Selon vous, faut-il avoir suivi une formation particulière ?
Le conte s’est toujours transmis de "bouche à oreille" : transmission de l’histoire mais aussi de l’art de raconter. Comme tout art ou artisanat, il requiert une "technique". C’est dans cet esprit de transmission et d’accompagnement que s’est développée l’Ecole du Conte.
En quoi consiste les formations propres au conte ? Qu'y apprend-on ?
Paradoxalement, à travers l’apprentissage, la transmission des techniques propres à l’oralité, c’est surtout un chemin pour trouver sa parole à soi. La formation à l’École du Conte comprend un travail du corps, de la voix, du rythme et des techniques de l’oralité. Elle envisage également les questions de symbolique, de répertoire, d’interculturalité.
Quelles sont les qualités à posséder pour devenir conteur ?
L'envie de dire.
Exercez-vous ce métier à temps plein ?
Il est très difficile d’être conteur à temps plein, c’est possible dans le cadre d’une structure ou asbl. Généralement les conteurs ont d’autres activités en plus.
Quels sont les conseils que vous donneriez à une personne qui souhaite se lancer?
Je dirais d’être à l’écoute.