Maxime,
Radiopharmacien dans le secteur hospitalier
Interview réalisée en septembre 2020 |
Pouvez-vous définir ce qu’est la radiopharmacie ?
La radiopharmacie est une sous-discipline de la pharmacie traitant des médicaments dont la composition a été modifiée ou créée afin d’intégrer un isotope radioactif. Ces médicaments vont être utilisés dans un but diagnostique et/ou thérapeutique.
L’emploi de ces molécules est exclusivement réservé au milieu hospitalier, au sein d’un service de médecine nucléaire dont le personnel a suivi une formation spécifique dans l’utilisation et la protection des radiations ionisantes. Les médicaments radiopharmaceutiques sont délivrés par l’officine hospitalière.
La radiopharmacie est une discipline relativement récente et toujours en développement. A l’avenir, l’objectif est de fournir au patient une médication de plus en plus personnalisée et optimisée.
Vous travaillez dans un hôpital spécialisé dans la lutte contre le cancer. Concrètement, en quoi consiste votre travail ? Quelles sont vos tâches quotidiennes ?
Mon travail consiste à garantir la sûreté du médicament qui sera administré. Le radiopharmacien s’assure de la qualité du médicament en réalisant une série de contrôles de qualité satisfaisant à un certain nombre de critères repris dans la pharmacopée européenne comme la stérilité, la composition quantitative et qualitative, la radioactivité, etc. C’est aussi du devoir du radiopharmacien de construire un système de qualité robuste afin de prévenir toutes anomalies éventuelles. Ceci est réalisé en rédigeant des procédures de travail détaillées, en calibrant et validant les outils de travail afin qu’ils fournissent des résultats justes et précis, en organisant une formation continue du personnel, etc.
La radiopharmacie a beaucoup d’applications en oncologie, on peut donc proposer une solution intéressante pour le patient et participer à la lutte contre le cancer au quotidien.
La manipulation de produits radioactifs nécessite-t-elle certaines précautions (équipements, protections, procédures spécifiques, etc.) ?
La première précaution est d’avoir une formation solide et une bonne connaissance des procédures internes afin de savoir ce que l’on peut faire ou pas et comment le faire.
La protection est rarement complète car il est impossible pour le travailleur de porter une protection en plomb qui est beaucoup trop lourde. Ce sont donc les flacons et les seringues qui sont protégés par des blindages en plomb. En plus d’être lourd, le plomb diminue la dextérité et augmente donc le risque de mauvaise manipulation et de contamination radioactive. Parfois, la fabrication de certains produits se fait de façon semi-automatisée dans une cellule blindée. Le personnel possède un dosimètre qui mesure la dose radioactive reçue dans le cadre de son activité afin de le protéger d’une surexposition.
Personnellement, qu’est-ce qui vous a donné l’envie de vous diriger vers cette profession méconnue ?
Avant de commencer mes études en pharmacie, j’ai hésité avec un cursus en physique. Dès la première année, au cours de physique, le professeur a abordé ce sujet et j’ai tout de suite accroché avec le principe.
Quels sont les aspects que vous appréciez le plus dans votre travail ?
C’est un domaine qui est encore en développement et donc ça bouge beaucoup. On a aussi l’occasion de travailler avec différentes professions comme des médecins, des infirmiers, des technologues, des physiciens, des chimistes, des chercheurs. Je trouve cela très stimulant.
Et quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?
Etant donné que la radioactivité diminue au fil du temps, sa présence dans le médicament disparait petit à petit. A certains moments, il faut donc agir rapidement pour que le médicament ne perde pas de son efficacité. Travailler avec la radioactivité requiert aussi de la précision et de la vitesse dans les manipulations pour diminuer l’exposition aux radiations.
D’après vous, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Dans le domaine pharmaceutique, la rigueur est essentielle car chaque processus doit être méthodiquement suivi et documenté pour garantir une traçabilité.
Il faut aussi avoir un esprit logique pour comprendre ce que l’on fait au quotidien, agir rapidement en cas de problèmes et prendre la meilleure décision pour le patient. Finalement, je pense qu’il faut aussi être créatif car il faut innover pour trouver des solutions aux problèmes quotidiens et développer de nouveaux projets.
Comment devient-on radiopharmacien ?
Il est nécessaire de suivre des études en pharmacie d’une durée de 5 ans à l’université. Ensuite, en fonction de la finalité choisie, on s’oriente soit vers un master de spécialisation en Pharmacie d’industrie d’un an, soit vers un master de spécialisation en Pharmacie hospitalière de trois ans. Après ça, il faut suivre une formation d'un an en radiopharmacie, comprenant un stage à valider auprès de l'Agence Fédérale de Contrôle Nucléaire ou acquérir le certificat en radiopharmacie qui a une durée d’un an.
D’après vous, quels sont les aspects essentiels de ce métier ?
Il est crucial d'être passionné, car les études peuvent être longues et souvent très techniques. Dans la pratique quotidienne, il est important de gérer le stress car les décisions doivent parfois être prises rapidement. Prendre le temps de réfléchir minutieusement peut éviter des répercussions significatives en cas de mauvaise décision.