Nicolas Phalempin,
Ingénieur en électronique

Interview réalisée en juin 2020

Quel est votre métier, quelle(s) appellation(s) lui donnez-vous ? 

Je suis ingénieur de conception en électronique de puissance. Je mets au point des cartes électroniques pour la gestion des énergies électriques au sein de satellites.  

Quel a été votre parcours de formation (école et autre) ? 

J’ai réalisé mes études secondaires en option Maths-Sciences-Langues. En dernière année, j’ai fait maths et sciences fortes pour réussir l’examen d’entrée d’ingénieur civil.  

J’ai fait ingénieur civil à Louvain-la-Neuve. Au commencement, je ne savais pas encore que je choisirais l’électricité, je savais juste que je voulais être ingénieur. Puis, en deuxième bachelier, je m’oriente vers la mécanique et l’électricité. En master, j’ai fait essentiellement de l’électricité.  

C’était surtout par affinités avec les matières apprises, parce que les métiers vers lesquels s’orienter avec ce type d’option me plaisaient bien plus que les autres.  

Ensuite, j’ai suivi le certificat interuniversitaire en électronique de l’énergie à l’université ouverte de Charleroi. 

Que faites-vous, concrètement, dans votre travail ? 

Notre emploi du temps dépend de la phase du projet dans lequel je suis. Parfois, les projets peuvent durer sur plusieurs années.  

Par exemple, pour le moment je suis sur une phase de test et de validation de la carte que j’ai mise au point plus tôt dans le projet. Actuellement, nous sommes en train de chercher des solutions aux éventuelles anomalies, j’analyse les résultats des tests, ce qui valide mon travail ou demande de faire des vérifications supplémentaires. Le but, c’est d’être certain que cela fonctionne.  

Plus tôt dans ce projet, comme je l’ai dit, j’ai conçu cette carte. J’ai fait du dimensionnement, j’ai participé avec des collègues mécano, sofwartistes ou d’autres corps de métier… qui travaillent sur le concept avec moi. Je fais des calculs, j’utilise des outils de simulation, etc. 

Cela fait appel à de nombreuses compétences comme la thermique, la solidité, la stabilité, etc. Et on travaille toujours avec de nombreuses personnes, pas seulement les techniciens, mais aussi des électriciens. On a toujours beaucoup d’interactions les uns avec les autres.  

Il y a aussi la phase d’industrialisation. Quand on sait que ça fonctionne en se basant sur les calculs et que cela fonctionne aussi pendant le test, alors on conçoit, avec les dessinateurs, les circuits imprimés. On détermine les placements des composants.  

Globalement, les projets peuvent durer des années, le projet actuel, je l’ai commencé il y a deux ans, par exemple. En moyenne, on compte souvent un ou deux ans par projet.  

On doit faire attention aux spécificités de chaque projet à travers le cahier des charges. Il y a d’ailleurs une phase de compréhension de ce qui est demandé : de quoi a besoin le client exactement ? Comment on peut y répondre ? Est-ce qu’il y a des choses que l’on devra retravailler au fur et à mesure du projet, mais c’est plus rare. Normalement, dès le début, on sait déjà quelles difficultés on va rencontrer et comment faire face à elle au moment venu.  

Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir exercer ce métier ? 

J’ai toujours voulu être ingénieur : je trouvais ça passionnant de découvrir comment fonctionnait les choses, pourquoi on devait suivre un procédé pour obtenir un résultat précis… Quand j’étais petit, peut-être huit ans, je me voyais plutôt être ingénieur civil pour faire des ponts et des tunnels, cela dit. 

Ce sont les cours que j’ai suivis dans le supérieur qui m’ont donné l’envie de poursuivre dans le milieu de l’électronique et de l’énergie.  

Même en grandissant, l’intérêt et la curiosité que j’avais de comprendre ce qui m’entourait ne m’ont jamais quitté. L’avantage de l’ingénieur, c’est qu’on interagit avec le monde, en plus de le comprendre.  

Quels sont les aspects positifs du métier ? 

On ne s’ennuie pas dans ce travail, les heures passent vite. C’est un travail à la fois varié, stimulant et intéressant. On résout des problèmes complexes, on a l’impression d’apprendre de nouvelles choses tous les jours.  

Il y a une certaine flexibilité dans nos horaires de travail aussi : on est libre de s’organiser comme on le souhaite. On n’attend pas de nous quelque chose de précis, mais plutôt que le travail qu’on nous a demandé soit réalisé correctement.  

Et les points négatifs ? 

Parfois, c’est un métier qui peut être stressant. Il y a une forme de pression aussi : on a envie que ce qu’on a conçu fonctionne bien.  

Quelles qualités faut-il avoir pour ce travail ? 

D’abord, il faut être capable de travailler en équipe et avoir des interactions avec ses collègues de manière journalière. On travaille rarement dans son coin plus d’une journée sans parler avec les autres.  

Par conséquent, il faut aussi être transparent, ne pas dire que tout va bien alors que ça ne va pas. La communication est essentielle, que ce soit avec ses collègues comme avec sa hiérarchie. Quand on rencontre une difficulté, on se réunit à plusieurs pour en parler et trouver des pistes ensemble.  

C’est un point qu’on ne développe pas vraiment à l’école, mais qu’on acquiert plus tard, quand on se trouve sur le terrain.  

Enfin, il faut aussi avoir de bonnes capacités de modélisation, d’abstraction. Ce sont des problèmes de grande ampleur qui sont parfois imbriqués les uns dans les autres. Émettre des hypothèses pour résoudre tout cela de façon efficace s’impose.  

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaite se lancer dans ce métier ? 

Ne pas hésiter à interroger les professionnels qui travaillent déjà dans le domaine, ou même les étudiants. Je trouve que les portes ouvertes ou les cours ouverts, ça aide déjà beaucoup les jeunes de se rendre compte de la réalité de notre métier.  

C’est difficile pour un étudiant de se représenter le travail d’ingénieur dans un premier temps, d’où l’idée de le côtoyer. Moi-même, je ne fais pas forcément la même chose que les autres ingénieurs de mon entreprise, dont les autres ingénieurs électroniques.  

On se fait parfois des fausses images de notre travail. Si on a donc l’opportunité de visiter, de faire des stages, d’aller observer sur le terrain, il ne faut pas rater l’occasion. Et une fois que l’on commence les études, il faut faire un maximum de stages, ne pas hésiter à envoyer des candidatures en entreprise… C’est bénéfique d’apprendre au sein de divers endroits.  

Trouve-t-on du travail facilement ? 

Je n’ai jamais eu de difficultés à trouver du travail. J’avais un contrat avant même d’avoir terminé mon parcours scolaire. Concrètement, le métier d’ingénieur est un secteur où il y aura toujours de la demande.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.