Mr Paul Mullier,
Directeur régional à l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca)

Interview réalisée en juin 2015

Pourriez-vous nous présenter le fonctionnement de l’Afsca ?

L’Afsca est un organisme de l’Etat, né du regroupement de tous les services de contrôle de la chaîne alimentaire suite à la crise de la dioxine, en l’an 2000. L’agence est composée de quatre directions générales, dont celle du contrôle. Dans chaque province en Belgique, il y a une unité de contrôle qui comprend de 20 à 100 personnes. Je suis chargé de superviser les unités provinciales de contrôle de la Fédération Wallonie-Bruxelles, pour la partie francophone.

L’Agence emploie deux types de personnel : des statutaires et des contractuels, universitaires ou non et ayant différents profils. Parmi les universitaires, nous comptons essentiellement des vétérinaires et des ingénieurs agronomes (bioingénieurs).

Combien d’inspecteurs vétérinaires l’Afsca emploie-t-elle ?

Nous comptons environ 200 vétérinaires statutaires ou contractuels pour l’ensemble de l’Agence. Il faut également y ajouter les vétérinaires chargés de missions, qui sont des vétérinaires indépendants, ayant conclu avec l’AFSCA une convention. Ceux-ci sont rétribués à la prestation, et correspondent, au total, à 450 équivalents temps plein.

Le personnel des services décentralisés (les Unités Provinciales de Contrôle) correspond à la moitié du personnel de l’Agence. Le reste est réparti entre la Direction générale de la Politique de Contrôle, La Direction générale des Laboratoires et la Direction générale des Services généraux.

Comment devient-on inspecteur vétérinaire pour l’Afsca ?

Il faut avant tout posséder le diplôme de médecine vétérinaire reconnu en Belgique. Il y a ensuite une sélection qui est organisée via le Selor, avec un classement en ordre utile des candidats.

Après leur formation en médecine vétérinaire, certains se dirigent vers une spécialisation, notamment en hygiène des denrées alimentaires. C’est un plus mais ce n’est pas requis.

Pour ma part, je suis vétérinaire de formation, et j’ai travaillé 20 ans au ministère de l’Agriculture avant que mon service soit repris au sein de l’AFSCA.

Quelles sont les missions d’un inspecteur vétérinaire au sein de l’Agence ?

Nous intervenons dans trois secteurs : la production primaire (fermes d’élevage et grandes cultures, abattoirs), la transformation et la distribution (commerces, cuisines de collectivité, etc.). On retrouve des vétérinaires dans les trois. Nous contrôlons la traçabilité, l’infrastructure, l’hygiène et le bien-être animal mais de façon transitoire puisqu’il s’agit d’une compétence désormais transférée aux régions.

Dans les exploitations agricoles, les inspecteurs contrôlent l’identification et l’enregistrement des animaux et leur état de santé notamment grâce à des prélèvements et des examens comme la tuberculination. Dans les abattoirs, l’hygiène et le respect des normes de qualité sont particulièrement surveillés. Des échantillons sont également prélevés et ils vérifient la conformité des animaux qui y rentrent. On y retrouve non seulement des vétérinaires travaillant pour l’Agence, mais aussi des vétérinaires indépendants payés à la prestation, qui pratiquent l’expertise ante et post mortem des animaux. Dans la transformation, les contrôles d’hygiène, de traçabilité et d’infrastructure sont réalisés par les inspecteurs de l’Agence, auxquels s’ajoutent, dans le secteur de la viande, les vétérinaires indépendants chargés de missions. En distribution, on retrouve aussi des vétérinaires mais leurs tâches n’y sont pas spécifiquement vétérinaires : ils y interviennent en tant que spécialistes de l’hygiène et du contrôle des normes sanitaires.

Enfin, outre ces trois secteurs, nous avons aussi des postes d’inspection frontaliers. Les inspecteurs vétérinaires interviennent dans les ports et les aéroports afin de contrôler les animaux vivants et les produits d’origine animale ou autres en provenance d’un pays non européen qui entrent sur le territoire.

En fonction de l’évolution de leurs compétences et de leur expérience, les inspecteurs vétérinaires peuvent briguer des postes d’experts, ou s’ils disposent de qualités managériales, de chefs d’unité provinciale de contrôle, par exemple.  

Dans quel cadre interviennent-ils ? Sur base de plaintes, de contrôles ?

Nous fonctionnons principalement selon des plans de contrôles pluriannuels, sur base de statistiques et d’analyses de risques.

Nous procédons également au suivi des non conformités décelées lors de précédents contrôles.

Il y a aussi des plaintes et des contrôles à la demande, lors d’exportation d’animaux ou de demande d’agrément, par exemple.

Quelles sont les compétences et les qualités à posséder pour exercer ce métier ?

Il faut une rigueur scientifique et une rigueur administrative.  Il faut aussi faire preuve d’un sens du service et posséder une conscience professionnelle. Il y a un sens des responsabilités à avoir, surtout dans le domaine de la santé publique. Réaliser des contrôles demande également de la diplomatie, ce qui implique de bonnes capacités de communication.

Quelles sont les difficultés auxquelles les inspecteurs vétérinaires sont confrontés ?

Comme dans tous les métiers de contrôle, ils sont régulièrement confrontés à l’agressivité de certaines personnes qui ne comprennent pas leurs objectifs. Il faut pouvoir y faire face et faire preuve d’une résistance au stress.

Est-ce un débouché auquel les jeunes diplômés pensent en sortant de l’université ?

Lorsque j’étais étudiant vétérinaire (je vais avoir 58 ans), aucun de mes condisciples n’imaginait faire autre chose que soigner les animaux. On ne rêvait pas de devenir fonctionnaire. Mais aujourd’hui, j’ai l’impression que les mentalités changent. La santé publique et l’hygiène alimentaire intéressent de plus en plus les jeunes.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait travailler en tant qu’inspecteur vétérinaire ?

Il faut faire preuve d’ouverture d’esprit, et s’intéresser à toutes les facettes de sa formation vétérinaire, pas seulement aux soins aux animaux. La santé publique offre également de grandes perspectives pour les vétérinaires. L’AFSCA offre de bonnes opportunités, puisqu’elle est le premier employeur du pays pour les vétérinaires. Nous organisons régulièrement des recrutements.

Le plus souvent, les nouveaux engagés sont étonnés de trouver dans la fonction publique tant de compétences, de motivation, un travail varié et intéressant au service de la collectivité.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.