Mr Raphaël Van Sitteren,
Directeur photo
Interview réalisée en septembre 2013 |
Quelle(s) formation(s) avez-vous suivie(s) ?
Comme beaucoup de jeunes qui commencent des études dans ce domaine, je ne connaissais pas trop les différents métiers du cinéma. Je me suis inscrit dans la section "Réalisation" à l’IAD, mais je n’ai pas pu passer en 2ème année.
J’ai fait un break d’un an pour emmagasiner de l’expérience en travaillant sur des tournages. Suite à cela j’ai décidé de me réinscrire à l’IAD, pour un bachelier de 3 ans dans la section "Image" ; j’en suis sorti en 2005.
Quel est votre parcours professionnel ?
Lorsque j’étais en première image à l’IAD, j’ai commencé à travailler comme stagiaire électro sur des tournages de pub. J’ai eu la chance de travailler avec un chef électro qui avait une grande connaissance de la lumière; c’était donc une bonne occasion d’approfondir ce domaine. A ma sortie de l’IAD, j’avais déjà une bonne expérience des plateaux. Logiquement, j’ai continué à travailler comme électro pendant plusieurs années, tant sur des pubs que des long métrages, en France et en Belgique. Ceci m’a permis de travailler sur des projets très variés avec de grands noms du cinéma. En même temps, je continuais à travailler sur des projets plus personnels comme directeur de la photographie. En 2011 j’ai abandonné le métier d’électro pour me consacrer exclusivement à ma carrière de directeur photo.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce métier ? Vers ce milieu ?
J’avais envie d’un métier loin de la routine quotidienne. Le mélange de technique et d’artistique correspondait bien à ma personnalité et mes centres d’intérêts.
Je n’étais pas spécialement un artiste dans l’âme quand j’étais jeune, mais j’étais vraiment intéressé par le cinéma. Quand j’avais 15 ans, j’ai participé à un stage de journalisme, organisé pendant les vacances scolaires. Un jour, nous sommes allés visiter le studio d’une télé locale, et nous avons enregistré une petite émission TV, ce fut un déclic pour moi.
En quoi consiste concrètement le rôle d’un directeur photo (ou chef opérateur) ? Les différentes étapes de travail ?
Un directeur photo est responsable de l’image d’un film (ou d’un documentaire, clip, pub) dans sa globalité. Il doit traduire les intentions du réalisateur en images concrètes. De ce fait, son rôle est assez vaste.
Il dirige l’équipe image qui se compose en général d’une dizaine de personnes, mais il est aussi en contact étroit avec les autres départements tels que la déco, les costumiers, les accessoiristes ou les maquilleuses.
Chaque projet commence par une phase de préparation. Nous passons en revue le scénario avec le réalisateur afin de définir comment traduire ses mots en images. C’est un moment important où chacun vient avec ses inspirations et ses idées afin de trouver le ton du film. Ce travail permet de définir la manière de découper chaque scène afin de déterminer où placer la caméra. On détermine également les ambiances lumière.
A ce moment mon rôle est de traduire au mieux les intentions du réalisateur et d’apporter des solutions concrètes en anticipant les problèmes éventuels.
Ensuite vient la phase du repérage qui consiste à choisir le décor le plus approprié au projet, déterminer les ajustements à faire sur ce décor, les meilleurs axes de prise de vue, en fonction de l’orientation du soleil ou d’autres critères.
Toute cette préparation permet de définir la liste de matériel nécessaire pour le tournage.
Le choix de la camera, des optiques, de l’éclairage, et de la machinerie éventuelle pour effectuer des mouvements de camera.
De tous ces choix découlera la composition de l’équipe image qui entourera le directeur de la photographie.
Ensuite vient la phase la plus critique : le tournage.
Le directeur photo est généralement celui qui cadre et opère la caméra. Il doit aussi coordonner son équipe afin que ses intentions soient mises en place, tout en s’adaptant aux imprévus et aux surprises. Il collabore avec son chef électro pour créer l’ambiance lumineuse prévue, et avec les machinos qui sont en charge des mouvements camera éventuels et des constructions nécessaires pour placer la caméra à l’endroit prévu.
C’est à ce moment qu’une bonne préparation se révèle importante afin de ne pas perdre de temps et finir la journée avec tous les plans dans la boîte, tout en gardant son équipe heureuse.
Quand le tournage est fini, et que le montage a été effectué, le directeur de la photographie supervise généralement l’étalonnage. Le but est de donner un look et une cohérence au film, tout en gommant les différences éventuelles entre les plans. On joue principalement sur les couleurs, le contraste, l’exposition et la saturation. Cette étape se fait avec un étalonneur (ou coloriste), souvent en présence du réalisateur. C’est la touche finale.
Sur quels types de projets travaillez-vous ?
Je travaille sur une grande variété de projets : fictions, documentaires, clips, pubs et un peu de TV en studio. Avec le temps, la plupart des chefs opérateurs se spécialisent dans un domaine en particulier. Je n’en suis pas encore là, pour le moment tout m’intéresse, mais j’ai un faible pour la fiction.
Travaillez-vous en équipe ? Si oui, avec quels autres professionnels ?
Le travail en équipe est une notion fondamentale dans ce domaine.
Au niveau de l’équipe image, je collabore avec un (ou plusieurs) assistant(s) camera, des électros et machinos. Cela représente une petite dizaine de personnes. Bien entendu ma collaboration s’étend à toute l’équipe de tournage du film, car tout est interdépendant sur un film.
Chaque projet est différent, et il est très rare de travailler constamment avec les mêmes personnes. Composer une équipe en fonction de chaque projet est assez passionnant, cela permet souvent de faire de belles rencontres.