Mme Sophie Oldenhove, Sculptrice

Interview réalisée en mai 2013

Pourriez-vous nous parler de votre formation ? De vos débuts professionnels ?

J’ai un master et une agrégation en histoire de l’art mais parallèlement à cette formation, j’ai toujours suivi beaucoup de cours artistiques. J’avais d’ailleurs hésité à suivre des études artistiques dès le départ. Lors de mon agrégation, j’ai partagé mon année entre les cours et la sculpture. Je me suis programmée une première expo qui a bien fonctionné et lors de laquelle j’ai vendu quelques pièces et eu des petites commandes. Ca m’a donc encouragé à continuer et à me lancer complètement dans cette activité. Depuis, je travaille en tant qu’artiste à part entière. 

Qu’est-ce qui vous a plu dans la sculpture ? Pourquoi avoir choisi cette voie ?

J’aime l’expression artistique de manière générale mais j’ai découvert la sculpture à 12 ans et j’ai vraiment accroché. La sculpture a quelque chose de très corporel, il y a un investissement physique plus fort qu’avec d’autres techniques. 

Quels sont les matériaux que vous travaillez et quelles techniques utilisez-vous ?

Je travaille la terre, l’argile. Puis, j’ai progressivement commencé à mélanger la terre avec du papier, à travailler la terre sur des structures en treillis et en papier mâché. J’ai donc mélangé les techniques aussi.  Au départ, j’utilisais surtout le modelage, mais depuis, avec le métal, je travaille également la soudure et le martelage. J’utilise aussi des éléments naturels que j’assemble et que je mets en scène. Les techniques sont donc multiples. 

Continuez-vous à vous former pour apprendre ces différentes techniques ?

Oui, je suis toujours des cours dans une académie. 

Quels types d’objets créez-vous ?

Je travaille surtout l’humain dans son expression la plus simple et épurée possible afin qu’elle soit universelle. J’ai commencé par créer des figurines plus expressives et mises en scène mais actuellement, je travaille surtout sur l’homme debout, en fonction des techniques et inspirations. 

Quelles sont les différentes étapes de votre travail, de l’idée à la réalisation ?

Je passe très peu par le dessin, je fonctionne plutôt par expérimentations. C’est souvent en travaillant sur un projet que je découvre une nouvelle technique que je vais explorer et me réapproprier dans un projet suivant. C’est parfois la technique qui donne l’idée ; parfois, c’est l’idée qui m’impose de chercher une technique particulière. Dernièrement, une sculpture s’est cassée en petits morceaux. Je me suis amusée à en refaire une nouvelle œuvre en perçant tous les tessons et en les cousant les uns aux autres pour former un homme recousu ! Le résultat de la casse, mais aussi de la nostalgie de mon œuvre perdue, ont donc permis d’en créer une nouvelle.

Je ne suis pas un processus très structuré. Il m’arrive de commencer des œuvres deux ans plus tôt et d’y revenir par après.

Exposez-vous vos œuvres ?

Oui, j’expose beaucoup en parcours d’artistes (c’est comme ça que j’ai démarré). Sinon, j’organise aussi moi-même des expositions. Pendant tout un temps, j’étais dans un atelier partagé et chaque année, on mettait en place une exposition mêlant différentes disciplines. J’expose aussi en galerie. Cela demande pas mal de prospection mais le bouche-à-oreille fonctionne aussi très bien. 

Travaillez-vous sur commande ou selon votre inspiration ?

J’ai travaillé sur commande mais j’essaie de moins le faire, en tout cas en ce qui concerne les demandes de particuliers. Ils ont souvent une attente très forte, ce qui rend la part de créativité très faible. Cependant, il s’agit quand même d’un apport financier que je ne peux pas négliger. 

Selon vous, quelles sont les qualités et compétences à posséder pour être sculpteur ? 

Il faut une bonne vision dans l’espace, une certaine sensibilité, de la précision. Il faut aimer apprendre des techniques différentes au fur et à mesure. Il faut aussi pouvoir parler de son travail, le présenter… Il faut aussi être dynamique.  

Quels sont les avantages et les inconvénients de la sculpture ?

Avantage(s) : pouvoir travailler avec des moulages, ce qui permet de reproduire et vendre une œuvre en plusieurs exemplaires. La peinture ne permet pas cela, par exemple. 

Inconvénient(s) : pouvoir disposer d’un lieu suffisamment grand pour stocker et s’installer. Lorsque j’étais en atelier partagé, on déménageait souvent et par rapport au graphiste ou au peintre, j’avais beaucoup plus de choses à déménager. Tant qu’on n’a pas de lieu à soi, je pense que ce n’est pas évident. En fonction des techniques, il peut aussi y avoir un certain investissement à prévoir. 

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui voudrait se lancer ?

Je lui conseillerais d’exposer assez rapidement. Les expos permettent d’obtenir un retour sur son travail. On se mesure au public et cela permet de voir si on arrive à transmettre quelque chose ou pas. C’est très stimulant et donc, il faut avoir tout le temps des projets. Par contre, il faut veiller à se ménager, à garder un bon équilibre entre le temps consacré à la création et celui consacré à la communication, à la préparation d’expos, etc. 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.