Responsable marin chez New Brussels Aquariums.
En quoi consiste votre activité au quotidien ?
Ici, chacun a sa spécialité. Je suis responsable marin. Une de mes collègues est chargée des poissons d’eau douce, et un autre, du matériel. Je m’occupe de tous les poissons de mer, de leur commande à leur vente. Je gère les stocks. J’observe les poissons pour voir s’ils vont bien et je les nourris. Lorsqu’ils sont malades, je les mets en quarantaine. Je les soigne en versant des médicaments dans l’eau. J’entretiens et je nettoie les aquariums. Je vérifie la qualité de l’eau et je la modifie si nécessaire. Je conseille les clients sur les poissons et le matériel. Je m’occupe aussi de l’installation des aquariums chez des particuliers et de l’entretien des installations dans les sociétés et les restaurants.
Ce métier est fort prenant. Nous sommes tous passionnés. Avant de travailler ici, j’avais déjà un aquarium et quelques bases en aquariophilie. Avec le temps, j’ai beaucoup appris sur les sortes de poissons d’eau de mer et d’eau douce, mais aussi sur les coraux, sur la qualité de l’eau, sa température, etc. La provenance des poissons est aussi importante. Ils nous arrivent du monde entier : Manille, Jakarta, Indonésie, Hawaï, Mer Rouge, etc.
Dans ce domaine, il faut s’informer constamment. Maintenant, une nouvelle loi nous impose de nouveaux étiquetages. Il ne suffit plus de préciser le nom commun du poisson et son prix, mais aussi son nom latin, sa provenance, la qualité de l’eau nécessaire. Je dois donc connaître tout cela.
Et puis, les noms des poissons changent. En effet, celui qui découvre une variété lui donne son deuxième nom. Lorsqu’on trouve un poisson qui diffère d’un trait, on le baptise. Il est impossible de se tenir à jour et de changer les noms aussi fréquemment, mais il faut s’y intéresser un minimum.
Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer votre profession ?
Il faut être endurant, travailleur et patient avec les clients. A Bruxelles, le bilinguisme est un minimum. Et puis, bien que tout s’apprenne sur le tas, il faut avoir de bonnes bases en aquariophilie et surtout être intéressé par le métier. Ici, on a vu du monde passer ! Il ne suffit pas de vendre des poissons. Un conseiller en aquariophilie se charge aussi du nourrissage, de l’entretien et du nettoyage.
La rigueur et l’hygiène sont aussi deux qualités importantes. Nous avons des contrôles fréquents de l’AFSCA. Nous devons nous conformer aux lois en vigueur.
Quel est l’horaire de travail ?
Je travaille six jours sur sept, donc au moins un des deux jours du week-end. Parfois, je dois rester jusqu’à 22h parce que nous attendons des poissons de l’étranger et que leur avion a beaucoup de retard. Nous avons un bon fournisseur, donc cela n’arrive pas trop souvent. Et puis ici, c’est une petite entreprise, nous sommes cinq employés et deux patrons. Nous devons donc nous organiser pour choisir nos dates de vacances. C’est chacun à son tour ! Quand on a une vie de famille, il faut avoir un conjoint compréhensif.
Quelles études avez-vous faites pour accéder à votre profession ?
A 18 ans, j’ai arrêté mes études secondaires et j’ai suivi une formation à Actiris pour devenir employé polyvalent avec des connaissances en PC. Nous devions rédiger et envoyer un curriculum vitae. J’ai décidé de l’envoyer ici et ils m’ont recontacté.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai travaillé ici directement après ma formation. J’ai quitté New Brussels Aquarium plusieurs fois, j’ai donc connu d’autres expériences professionnelles. J’ai été représentant commercial pour une firme hollandaise d’aquariophilie. Je vendais le matériel. Ce magasin était d’ailleurs un de mes clients !
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
J’ai toujours été passionné par l’aquariophilie. J’avais un aquarium à la maison depuis très longtemps. Maintenant, j’ai un aquarium d’eau de mer chez moi et ici, je suis responsable marin. J’adore ce que je fais. L’aquariophilie, c’est un métier et une vie en même temps ! J’aime aussi le contact avec les gens. Cet emploi m’a aidé à être moins timide.
Que diriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans cette voie ?
Je dirais que c’est un métier qu’on fait par amour, pas juste pour avoir un job. Mais attention, il ne faut pas être trop passionné non plus ! Nous sommes vendeurs avant tout. Un de mes anciens collègues était trop passionné et restait deux ou trois heures à discuter avec le même client. En plein rush, ce n’est pas possible !
Avez-vous une anecdote à raconter ?
Un jour, des messieurs sont entrés puis sortis. Ils sont revenus et se sont alignés. Nous nous sommes regardés, étonnés. Puis la Reine Fabiola est arrivée. Elle a visité le magasin et a discuté avec nous. Elle m’a raconté que le Roi Baudouin aurait bien voulu avoir un aquarium d’eau de mer. Il parait qu’il lisait des livres sur l’aquariophilie marine. La Reine a acheté des Bettas, des poissons combattants. Ce n’est pas elle qui a payé, mais son garde du corps.
Un autre jour, un grand hôtel nous a appelé pour savoir si nous vendions des poissons d’eau de mer parce qu’un de leurs clients était intéressé. Et quelques heures plus tard, Elie Semoun est arrivé, tout simplement.
Auparavant, nous vendions même des requins, mais, un jour, un client nous en a commandés deux et n’est jamais venu les chercher. Les requins grandissaient et manquaient d’espace dans nos bacs. Le Sea Life de Hollande est venu les chercher. On peut encore acheter des grands poissons chez nous, mais il faut les commander.