Sylvie Gobert, Océanographe

Interview réalisée en octobre 2020

Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours scolaire ?

Je possède un bachelier en Biologie, un master en Océanographie ainsi qu’un doctorat. A la fin de ma thèse, j’ai été engagée en tant que scientifique à l’université dans laquelle j’exerce à présent comme professeure en Océanographie Biologique. 

En quoi consiste votre travail ? 

En tant qu’océanographe, une partie de mon travail s’organise sur le terrain pour récolter des données. Cela se fait en plongée, sur un bateau ou grâce à des sondes automatiques. La durée d’une campagne de terrain varie d’une semaine à un mois environ. Ensuite, nous ramenons les résultats de nos expériences et traitons les données. A ce stade, nous travaillons devant un ordinateur.

L’océanographie est interdisciplinaire. J’analyse mes résultats sous la loupe de plusieurs disciplines : biologie, chimie, géologie, physique. Je fais de la plongée sous-marine pour compter des organismes, observer leur comportement ou encore pour les prélever. J’essaie ensuite de relier leur présence avec les données météorologiques. Nous disposons de stations météo équipées de sondes. Nous pouvons ainsi observer en temps réel et à distance différents paramètres comme le vent, l’humidité ou la pluie. Nous installons aussi des capteurs sous l’eau afin de mesurer et d’enregistrer sa température, ainsi que la vitesse et la direction des courants. Lorsque nous revenons au laboratoire, nous essayons d’identifier si des polluants sont présents dans les organismes (ex. : métaux lourds, PCB[1], etc.) et s’ils influencent la physiologie de ceux-ci. Il est ainsi possible de mesurer l’oxygène que respirent les organismes grâce à des sondes ou des titrages colorimétriques[2].

Quels sont les aspects positifs et négatifs de votre profession ?

Je ne vois que des aspects positifs car je fais ce métier par passion. C’est important d’avoir une vision assez large car il faut faire appel à plusieurs sciences. Bien que je n’aime pas trop la chimie, j’ai dû l’utiliser au cours de ma carrière. Par ailleurs, cette profession implique de partir à l’étranger, ce qui ne convient pas à tout le monde. Certains océanographes trouvent cependant leur place en Belgique et travaillent, par exemple, dans la modélisation des marées.

Quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?

L’ouverture d’esprit, la curiosité. Il faut posséder de bonnes bases en sciences et accepter la vision pluridisciplinaire. Il est important d’avoir l’esprit scientifique. La connaissance de langues étrangères est également un plus.

Travaillez-vous seule ou en équipe ?

Toujours en équipe, que ce soit sur le terrain ou en laboratoire.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui a envie de se lancer dans ce métier ?

Oser ! Se jeter à l’eau (rires) ! Il faut faire ce que l’on aime. L’océanographie est très vaste. Chacun peut trouver son domaine de prédilection par rapport aux océans. A travers cette science, en fonction de ses affinités, on peut se tourner vers la chimie, la biologie, la physique, le changement climatique, le développement durable.

L’océanographie est multidisciplinaire. Quelqu’un pourrait donc travailler uniquement en laboratoire ou exclusivement sur le terrain.   

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

J’ai commencé la plongée sous-marine quand j’avais quinze ans grâce à mon père. C’est à partir de ce moment que j’ai voulu devenir océanographe.

Avez-vous une anecdote à partager ? 

J’ai le mal de mer et je suis malade dès que je monte sur un bateau !

[1] Les polychlorobiphényles (PCB) sont classés parmi les polluants organiques persistants. Avec le temps et des rejets accidentels, ils se sont accumulés dans le milieu naturel, en particulier dans les sédiments marins ou d'eau douce.

[2] Opération qui permet de déterminer la concentration d’une espèce chimique en solution à l’aide d’une transformation chimique.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.