Tamara Louis, Sérigraphe textile
Interview réalisée en janvier 2007 |
Tamara LOUIS est sérigraphe textile depuis 6 ans.
En quoi consiste votre activité au quotidien ?
Je suis sérigraphe
textile depuis 2001 et j’exerce en tant
qu’indépendante depuis janvier 2006. Le
métier de sérigraphe est varié
: 2 jours par semaine, je travaille dans mon atelier pour
préparer les cadres d’impression, créer
les couleurs, insoler, dégraver et imprimer. Comme je
crée des accessoires de mode, je dois coudre aussi, mais
c’est plus sporadique.
En dehors de l’atelier, je passe environ 6 à 8
heures par semaine à dessiner, élaborer des
motifs, des logos. Ce travail se fait en majorité par
ordinateur avec des programmes comme Photoshop ou Illustrator
(logiciels d’infographie). En tant
qu’indépendante, je travaille également
2 à 3 jours à la gestion de ma
société : la prospection de nouveaux clients, la
rencontre avec les clients, la gestion, la comptabilité et
le marketing. Ce n’est pas à proprement parler mon
métier, mais il s’agit pourtant d’une
activité incontournable.
Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer votre profession ?
Une bonne gestion du temps et de l’organisation. En effet, la création et la sérigraphie sont des domaines où règnent de longs temps d’attente. Il est donc important de grouper plusieurs travaux de clients différents pour procéder aux mêmes étapes en même temps et éviter ainsi de répéter le travail inutilement. Une gestion du stress liée aux délais de commandes est nécessaire. Bien entendu, il faut se sentir l’âme créatrice et curieuse, c’est en général ce qui pousse à commencer ce genre d’études. Il est impératif de savoir parler de son travail et de communiquer clairement pour être compris, mais aussi de comprendre son interlocuteur dans sa demande.
Quels sont les avantages et inconvénients de ce type d’activité ?
J’aime la
variété au quotidien, liée aux
commandes et aux domaines attenants (la sérigraphie ne
relève pas forcément du stylisme, il
m’arrive souvent d’imprimer pour des ASBL, des
associations, des entreprises, …).
J’apprécie également la
possibilité de créer des objets personnels, la
rencontre avec d’autres créateurs et les
échanges qui s’en suivent. J’aime aussi
le côté indépendant : être
aux commandes, pouvoir gérer mon temps et pouvoir
décider des directions que l’on veut prendre dans
sa carrière.
Les inconvénients, il y en aussi… En
priorité, le temps consacré est
énorme. J’ajouterais la difficulté de
percer dans le milieu de la mode, qui est déjà
très dense en Belgique. Il faut sans cesse prospecter pour
dénicher de nouveaux clients. Cette démarche de
prospection peut être un inconvénient car elle est
davantage liée au marketing qu’au boulot de
sérigraphe.
Quel est l’horaire de travail ?
C’est évidemment variable d’une personne à l’autre. En tant que salarié, ça correspond à un temps plein de jour ; en tant qu’indépendant, c’est entre 5 et 6 jours semaine en fonction des commandes.
Quelles études avez-vous faites pour accéder à votre profession ?
4 années de création textile à l’ENSAV (Ecole Supérieure des Arts Visuels) de la Cambre, à Bruxelles. J’ai continué ensuite pour parfaire le côté technique et apprendre la sérigraphie sur papier à l’école des Beaux Arts de Namur, en promotion sociale dans la section sérigraphie.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Après mes études, j’ai obtenu une bourse de recherche d’un an à la Fondation de la Tapisserie et des Arts muraux de Tournai. J’ai ensuite donné des stages pour les Académies, les centres culturels, les écoles professionnelles de couture. J’ai créé des costumes de théâtre pour diverses troupes théâtrales. Je suis entre autres monitrice spécialisée de l’assistance technique du secteur culturel de la Province de Namur. En 2006, via le système des couveuses d’entreprises à l’essai, je me suis lancée en tant qu’indépendante dans mon secteur.
Qu’auriez-vous envie de dire à un jeune qui souhaite se lancer dans cette voie ?
Si tu es courageux et que tu ne
fais pas ça pour l’aspect « fashionable
», strass et paillettes, lance-toi, c’est un
métier varié, amusant, avec des défis
tous les jours. Reste objectif par rapport à la
qualité de ton travail mais suis ton instinct et ta voie
créatrice, n’écoute pas trop les grands
principes scolaires, c’est à toi de faire ton
chemin.
La mode se porte bien en Belgique. Le secteur textile a pris conscience
que, pour survivre, il devait investir dans la recherche technologique
et dans les produits de luxe, c’est-à-dire la
mode. Néanmoins, le domaine de la création est un
long parcours où il faut être tenace et
être passionné pour ne pas baisser les bras. Ce
n’est pas un métier nécessaire, il faut
essayer de se rendre indispensable !