Thierry Buze,
Bobineur et électricien de maintenance

Interview réalisée en juin 2021

Quel est votre métier ? Comment le définiriez-vous ?

J’assure la réparation et la maintenance en électromécanique. Je travaille pour les sociétés, je les conseille, mais je réalise également le bobinage et les dépannages. Aujourd’hui, je suis surtout dans tout ce qui est pompes.

Quel a été votre parcours de formation ?

J’ai d’abord suivi un parcours en secondaire dans le domaine de l’électromécanique. Puis, comme l’informatique se développait et que ça m’intéressait beaucoup, j’ai suivi des études en informatique. 

Après cela, j’ai appris le bobinage, le dépannage et la réparation de moteurs électriques. Ensuite, je me suis lancé dans l’automation programmable. Au cours de ma carrière, j’avais envie de tout comprendre, d’en savoir plus sur ce que je faisais, alors, j’ai suivi de nombreuses formations (alignement des axes, analyse vibratoire, formation de responsable énergie, etc.). C’est souvent en fonction des problèmes et des besoins des clients que je rencontre que je me forme.

Que faites-vous, concrètement, dans votre travail ?

Je suis spécialisé en pompes de surpression : dépannages et installation. C’est donc ce que je fais majoritairement. Je suis aussi conseiller pompiste c’est-à-dire que je conseille les clients en fonction du but qu’ils visent, pour opter pour tel ou tel modèle. 

Quand je suis en dépannage, je suis souvent seul, c’est un travail en totale autonomie. Je ne compte pas mes heures, j’effectue environ 55 à 60 heures par semaine. Ma règle, c’est qu’à 18 heures, j’arrête. 

Mon but principal, c’est de solutionner les problèmes (même au-delà du premier dysfonctionnement rencontré). Si une machine ne fonctionne pas : est-ce bien un problème venant de telle pièce ? Si c’est autre chose, alors on va voir plus loin pour chercher la solution au problème. On adapte, on répare, on regarde ce qu’on peut faire pour que ce problème ne survienne plus. 

Qu’est-ce qui vous a amené à vouloir exercer ce métier ?

Mon père était bobineur, j’ai voulu essayer. Finalement, ça s’est révélé facile pour moi. Ce métier demande beaucoup de logique et j’ai toujours aimé chercher la logique des choses, à les comprendre… Alors je me suis facilement pris au jeu. 

Moi, ce qui me plait, c’est de trouver les solutions à chaque problème qui se présente, ce qui satisfait souvent le client. Et comme on dit, un client satisfait est un client qui revient, donc, tout est parfait.

Quels sont les aspects positifs du métier ?

On ne fait jamais deux fois la même chose, chaque dépannage, chaque problème est différent. On doit s’adapter face aux modèles, aux installations, etc. Il n’y a aucune routine dans ce travail (c’est peut-être pour cela que je ne compte pas mes heures.).

Il y a aussi beaucoup de contacts humains, on va à la rencontre des personnes qui ont besoin d’être dépannées et on rencontre aussi de nouveaux clients régulièrement. C’est très enrichissant socialement. 

Enfin, ce métier donne toujours envie d’apprendre, d’en savoir plus. Tous les jours, on peut apprendre quelque chose de nouveau, que ce soit le fonctionnement d’un nouveau modèle, comment régler un nouveau problème, effectuer des recherches pour conseiller un client qui a des demandes spécifiques, etc.

Et les points négatifs ?

Le point essentiel qui peut être moins encourageant, c’est que nous sommes trop peu nombreux actuellement. Il y a peu de spécialistes sur le marché de l’emploi, c'est un métier en pénurie. Par conséquent, on a de plus en plus de demandes à contenter, de plus en plus de clients à satisfaire. La quantité de travail est énorme et on ne peut pas être partout à la fois : il n’y a pas assez de temps pour tout faire même en travaillant 24 heures sur 24. Et comme pour les dépannages, c’est souvent urgent, on est vite surchargé.

Quelles qualités faut-il avoir pour ce travail ? 

Il faut faire preuve d’autonomie, être volontaire, curieux et surtout toujours être vigilant au niveau des règles de sécurité.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui souhaiterait se lancer dans ce métier ?

D’oser ! Même si on ne sait pas, même si on pense ne pas réussir. Dans le pire des cas, au moins, il faut essayer. On apprend de ses erreurs, on en tire toujours quelque chose de positif. 

Ne pas s’arrêter à un échec, ou ne pas se décourager lorsqu’on se fait « enguirlander » par son maitre de stage. C’est loin d’être de la méchanceté, mais plutôt de la prévenance. La sécurité, c’est important, dans ce métier, c’est normal qu’on y fasse davantage attention. Je dirais que face aux difficultés, il faut persévérer, on est toujours capable d’aller plus loin. 

Avez-vous vu une évolution dans votre pratique professionnelle ?

On a appris (plus qu’avant, en tout cas) que la sécurité était l’affaire de tous. La vigilance, ce n’est pas une perte de temps, c’est même un gain de temps. Quand on prend dix minutes de plus pour installer correctement une échelle, ce sont des heures qu’on ne perdra pas aux urgences à cause d’un accident. 

C’est de toute façon un métier en constante évolution, d’une manière générale. En dépit du fait qu’il n’y ait pas vraiment de formation pour travailler comme bobineur, il faut se former continuellement et se tenir à jour en automatisation tout comme en programmation, surtout pour travailler dans la maintenance, même si on a déjà de bonnes connaissances en électronique.

Dès qu’il y a un nouveau modèle ou un nouveau mode de fonctionnement pour un appareil, il faut se renseigner sur la manière dont il fonctionne. On doit continuellement se mettre à jour au niveau de ses connaissances. Si on ne le fait pas par soi-même, on risque d’être vite dépassé et de ne plus pouvoir être très opérationnel au niveau de son travail. Ceci est un point très important à ne pas négliger.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.