Mr David, Ouvrier agricole

Interview réalisée en avril 2011

En quoi consiste votre activité au quotidien ?

J’ai plusieurs tâches différentes au quotidien. Premièrement, l’entretien des 13 hectares de terrain, des barrières pour les animaux, du petit outillage (les machines importantes vont dans des magasins spécialisés) ainsi que du bâtiment en lui-même. Deuxièmement, la gestion des cultures maraîchères, des arbres fruitiers et du verger (plantations, entretien, taille, récolte, soins, arrosage). Les soins des animaux me prennent également du temps. Il y a 10 espèces différentes, il faut pouvoir les gérer en même temps et répondre à leurs besoins : nourriture et régime, nettoyage de leur enclos, soins spécifiques, gestion des apports des animaux (par exemple, nos chèvres nous donnent du lait et nous en faisons du fromage). Les tâches de nourrissage sont faites matin et soir, week-end inclus.

Pour l’entretien du bâtiment, je dois veiller aux infiltrations d’eau, aux dégâts éventuels et prévoir les travaux à faire par les animateurs : peindre le bas des murs, nettoyer les gouttières, etc. Il y a aussi une partie administrative dans mon travail : la mise en place du planning agricole, le suivi vétérinaire des animaux, le suivi AFSCA et SANITEL pour l’hygiène. Je prends également en main l’organisation de la fête de septembre (prise de contact, rassemblement des intervenants, organisation des activités, etc.), qui est le seul moment où nous ouvrons au public.

En permanence, je dois faire le lien entre mon travail en agriculture et les enfants : un potager doit être didactique, une prairie doit être accueillante pour les enfants et les animaux doivent être tranquilles. Notre ferme n’est pas tenue à un rendement mais elle poursuit l’objectif d’en rendre son approche la plus accessible possible pour les petits citoyens jettois (accueil des écoles et des asbl).

Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer votre profession ?

Il faut être très disponible, passionné et intéressé par la nature et les animaux. Il faut être curieux et aimer apprendre. Il est nécessaire d’avoir une base de connaissances très large (horticulture, agriculture, technique, environnement) qui doit sans cesse être renouvelée : lire et se renseigner afin d’être à jour pour transmettre aux enfants les bases de l’écologie et du respect de l’environnement. Le métier d’ouvrier agricole exige que l’on soit débrouillard et de pouvoir toucher à tout : il faut une certaine polyvalence (on travaille tant avec des arbres fruitiers et des cultures maraichères qu’avec l’agriculture et les animaux). Je pense qu’il ne faut pas compter ses heures et apprécier être dehors tous les jours et toute la journée. Le métier peut user très vite si on n’a pas ces qualités.

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

Avantage(s) : le cadre idyllique dans lequel je suis et le travail en plein air ! J’aime pouvoir vivre et suivre de très près les quatre saisons. Participer aux naissances, voir évoluer et grandir les animaux au fil des mois, c’est magnifique ! Je suis tellement bien que je me rends compte parfois que cela fait 3 ou 4 jours que je ne suis pas sorti de la ferme !

Inconvénient(s) : je n’en vois pas beaucoup… Parfois la limite entre ma vie privée et ma vie professionnelle est très fine et cela peut vite user si on n’y prend pas garde.

Quel est l’horaire de travail ?

L’horaire de base, c’est 8h30-16h36 mais pendant l’été, cela change car je dois arroser et donc, il faut attendre 18h que le soleil soit descendu. Maintenant, à cela s’ajoute le travail du week-end : les soins et le nourrissage des animaux qui, en été, se déroule de 8h30 à 10h30 et ensuite de 15h à 16h30. Quand on fait le choix de tenir une ferme, il n’y a pas moyen de faire autrement, on le vit complètement et cela demande de nombreuses heures de travail et une souplesse dans son horaire. Je pense que je peux assurer l’ensemble de ces tâches car je suis également concierge ici à la ferme, il est sans doute plus difficile d’assumer toutes ces tâches si on ne peut pas être présent 7 jours sur 7.

Quelles études avez-vous faites pour accéder à votre profession ?

Après mes études secondaires en technique de qualification orientation techniques sociales, j’ai commencé un bachelier en éducateur spécialisé en cours du soir mais j’ai arrêté car je voulais travailler. Je suis un pur produit des formations, j’en ai suivi beaucoup : en animation (la gestion de groupes), via les formations du Secteur Vert (la chèvrerie), de Nature et Progrès (la culture bio et la culture maraîchère avec traction animale), à la ferme du Carah (la fromagerie), de l’école La Reid en Ardenne (la soudure), à l’IBGE (l’eau et la forêt) et à Gembloux (la taille des arbres fruitiers).

Quel a été votre parcours professionnel ?

Après mes études secondaires, j’ai travaillé pendant 6 mois dans un atelier protégé où je devais gérer une équipe de personnes en situation de handicap au sein d’une chaine de travail. Sachant que je voulais travailler dehors, j’ai cherché un autre emploi. C’est ainsi que je travaille à la ferme pédagogique où j’ai commencé comme animateur et cela fait quelques années que j’y suis ouvrier agricole et concierge.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

J’ai choisi ce métier car j’ai toujours souhaité travailler dehors et être proche des animaux. J’aime aussi que mes journées soient toutes différentes, il n’y a pas deux jours qui se ressemblent. C’est un métier où il faut de temps en temps pousser ses limites, se dépasser et j’en retire une satisfaction énorme quand j’y suis arrivé !

Que diriez-vous à quelqu'un qui souhaite se lancer dans cette voie ?

Vas-y ! Je lui dirais qu’il ne doit pas écouter tout ce qui se dit sur les métiers de la ferme. C’est un métier où l'on travaille dur mais la satisfaction personnelle qu’on en retire est incroyable et magnifique ! Il faut être conscient des sacrifices à faire. Les proches sont parfois un peu "oubliés". C’est un métier qu’on fait avec plaisir sinon, on ne le fait pas ! Je pense que dans l’animation, il y a des places à prendre mais il ne faut pas avoir peur de bouger et j’ajouterais qu’il y a encore plus de possibilités comme ouvrier agricole. Cela devient un métier d’avenir avec la possibilité de développer beaucoup de projets différents.

Avez-vous une anecdote à raconter ?

Pour moi, mon quotidien est une anecdote…

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.