Jérôme Loriers,
Dépanneur-remorqueur routier

Interview réalisée en décembre 2022

Pouvez-vous décrire votre entreprise ? 

Notre entreprise est active dans le dépannage et le remorquage de véhicules. Mon père, un mécanicien passionné par son métier, l’a fondée en 1988. Depuis quelques années ma sœur et moi-même avons repris les rênes. Nous avons développé nos activités et agrandi considérablement notre flotte et notre personnel. Nous sommes désormais une quinzaine de personnes à travailler actuellement. L’entreprise est composée d’un atelier mécanique multi-marques, d’un service de dépannage, d’un car-wash ainsi que d’un espace de location et de ventes de véhicules.

En quoi consiste votre activité de dépanneur ?

Nous dépannons rapidement 24 heures/24 et 7 jours/7, sans interruption, au domicile, au travail ou sur l’autoroute. On peut nous contacter pour un dépannage en urgence après un accident ou une avarie, nous intervenons dans les plus brefs délais pour la sécurité du conducteur et des occupants de la voiture. Nous sommes là pour porter secours à tout usager dans le besoin qu’il s’agisse d’une batterie en panne, d’une crevaison, d’un rétroviseur cassé, d’un véhicule retourné dans un talus, etc. Peu importe la situation dans laquelle la personne accidentée se trouve, notre travail consiste à trouver une solution coûte que coûte ! 

Où est remorqué un véhicule accidenté ou en panne ? 

Au préalable, notre expert prend le temps de vérifier s’il ne peut pas le remettre en marche. En cas d’incapacité, il est remorqué directement au garage du client ou dans notre garage à Courrière. 

Nous réalisons les dépannages et les rapatriements de véhicules en Belgique et à l’étranger sur simple appel. Nous assurons une prise en charge complète et rapide, et veillons au retour à domicile ou à l’hôtel du client, par nos propres moyens ou en taxi.

Quelle est votre zone d’action ?

Nous couvrons prioritairement un rayon de plus ou moins 30 km autour de notre dépôt. Cela permet d’être rapidement sur les lieux d’interventions. Pour le rapatriement du véhicule, il n’y a pas de limite kilométrique. Cela peut être en Belgique ou dans un pays limitrophe. Ce week-end, par exemple, nous avons été chercher un véhicule belge en panne en France avec ses passagers pour un rapatriement « éclair » jusqu’à leur domicile et garage de leur région. C’était une mission de 520 km !

Quels véhicules dépannez-vous et remorquez-vous ?

De toutes sortes : des voitures, des camionnettes, des camions de maximum 7 tonnes, des quads, des motos, des remorques, des machines agricoles et même des trottinettes électriques ! C’est évidemment plus rare mais cela arrive… Les pannes représentent 65% de nos interventions, les accidents 35%. En période hivernale, c’est l’inverse.  

Quel matériel le dépanneur-remorqueur utilise-t-il ? 

Nous avons dix véhicules d’intervention, du plus petit au plus grand, et nous utilisons celui qui est le mieux adapté à la situation. Par exemple, nous n’allons pas déployer la dépanneuse 19 tonnes avec grue pour un petit véhicule !  

Existe-t-il un volet administratif à votre métier ? 

Bien entendu, à chaque fin de mission, sur papier ou sur tablette, le chauffeur doit établir un rapport où il explique le déroulement de l’intervention. Ces informations peuvent ensuite être demandées par le client, par une assistance, pour une plainte ou encore par un expert. 

Petite anecdote : il y a quelques jours, à 2h00 du matin, un client ivre a refusé le remorquage de son véhicule en panne, sous prétexte qu’il n’en avait plus besoin. Le chauffeur a donc stipulé sur son bon d’intervention : « Perte de puissance, le client refuse le remorquage de son véhicule, client sous influence. ».

Voici d’autres exemples de rapports : « Mise en place de la roue de secours, dépannage sur place », « Batterie déchargée suite aux phares restés allumés, mise en route sur place. »

Comment se lance-t-on dans cette profession ?  

A l’heure actuelle, il n’y a pas d’accès à la profession ou de diplôme nécessaire pour être dépanneur-remorqueur. L’obtention d’un permis de catégorie C est obligatoire pour pouvoir rouler en dépanneuse de plus de 3,5 tonnes. Les formations HEV2 (liées aux véhicules électriques) sont obligatoires pour intervenir sur un véhicule électrique.

Il est souhaitable d’avoir des connaissances en mécanique. La logique et l’envie d’apprendre sont la clé pour réussir dans ce métier. Ainsi, nous avons formé plusieurs chauffeurs qui sont partis de rien, des jeunes sans expérience, et quelques années plus tard voire quelques mois pour certains, ils sont devenus autonomes et assurent des missions demandant de grandes responsabilités (levage, transport de véhicule de prestige, etc.).

Quelles sont les difficultés du métier ?

Les horaires, la disponibilité en soirée, de nuit, les week-ends, mais bien évidemment les employés ne travaillent pas 7j/7 24h/24 ! Il faut toutefois être flexible. La météo peut constituer aussi un problème : pas toujours évident d’opérer dans le froid ou sous la pluie ! 

Quels sont les attraits de votre profession ? 

Aucune journée n’est identique. Le contact social est omniprésent puisque nous rencontrons beaucoup de personnes. Nous sommes souvent considérés comme des héros pour avoir redémarrer une voiture immobilisée, avoir mis toute une famille en sécurité loin de l’autoroute…  Nous sommes ceux que tout le monde attend quand l’autoroute est bloquée, le sauveur de vacances, le Saint-Bernard des routes ! Ce métier amène beaucoup d’autosatisfactions ! 

Auriez-vous l’une ou l’autre anecdote à raconter ? 

Des anecdotes, des situations qui sortent de l’ordinaire, des rencontres d’exceptions, des situations cocasses, mais aussi malheureusement dramatiques. Tous les dépanneurs pourraient vous en raconter des milliers. Je ne sais pas laquelle choisir entre la personne ivre qui vous refait la dernière course de Valentino Rossi en bruitage et gestuelle pendant 20 minutes dans la cabine, la personne âgée qui vous raconte sa vie sexuelle très active alors qu’elle a 82 ans, une ministre qui révise son discours dans votre camion assise à côté de vous, une femme qui vous met sur un piédestal car vous avez simplement augmenté le chauffage pour ne pas qu’elle ait froid, le remorquage d’un véhicule a plus de 400.000€ ou enfin entre l’ouverture d’un véhicule fermé, avec clé à l’intérieur en plein été au soleil avec un enfant à l’intérieur !

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.