L’essor des femmes dans le monde du jeu vidéo

Posté le 19/09/2024  —  Actualité précédente / suivante

En Belgique, le paysage des jeux vidéo est en pleine mutation. Aujourd'hui, près d'un joueur sur deux est une femme, selon une étude récente de la Video Games Federation Belgium (VGFB), qui révèle que 47 % des joueurs belges sont des femmes. Ce chiffre, en constante augmentation au cours des quinze dernières années, marque une évolution notable dans un secteur historiquement dominé par les hommes.

Ce constat ne surprend pas les acteurs du secteur comme Chloé Boels, cofondatrice de l'association Stream’Her, dédiée à la visibilité des femmes dans le streaming. Elle explique que cette tendance est en ligne avec l’évolution mondiale où la parité entre joueurs et joueuses est déjà atteinte dans plusieurs pays. « Il y a quinze ans, seul un tiers des joueurs étaient des femmes », souligne-t-elle, ajoutant que la Belgique a fait du chemin mais reste légèrement en retard. Ce changement est en partie dû à une meilleure représentation des personnages féminins dans les jeux, un élément clé qui a contribué à attirer davantage de joueuses.

JarmOu, une streameuse liégeoise, met en avant cette évolution en prenant l'exemple de Peach, autrefois perçue comme une princesse passive et aujourd'hui devenue une héroïne à part entière avec son propre jeu. « C’est une évolution qui a redonné confiance à de nombreuses joueuses », renchérit-elle. Pour Krysthal, une autre streameuse, ce changement de perspective a permis aux femmes de se reconnaître dans des héroïnes fortes, là où elles étaient auparavant contraintes de s’identifier à des personnages masculins.

Un public de plus en plus adulte

Si les femmes occupent désormais une place importante dans le jeu vidéo, un autre constat mérite attention : les joueurs belges sont en majorité des adultes. L’étude de la VGFB révèle que 57 % des joueurs ont plus de 25 ans, et un tiers ont dépassé les 35 ans. L'âge moyen des joueurs est désormais de 31 ans, un chiffre qui tend à augmenter avec le temps. Cette évolution reflète le fait que les premières générations de joueurs continuent de s’adonner à ce loisir, même dans la vie adulte.

Krysthal, âgée de plus de 35 ans, témoigne de cette réalité : « Nous faisons partie d’une génération qui a grandi avec les jeux vidéo. Aujourd’hui, nous avons plus de moyens financiers pour investir dans cette passion ». Cependant, selon JarmOu, les plus jeunes se tournent de plus en plus vers des plateformes comme TikTok ou Instagram, jugées plus accessibles et gratuites, ce qui pourrait expliquer leur désintérêt relatif pour les jeux vidéo traditionnels.

Une industrie qui évolue avec ses joueurs

David Verbruggen, directeur général de la VGFB, nuance ce constat en affirmant que les jeux vidéo continuent d'intéresser les jeunes, mais que l'offre vidéoludique s'est élargie pour inclure des contenus plus matures, souvent interdits aux mineurs. Cette tendance pourrait également expliquer pourquoi de nombreux jeunes se tournent vers d'autres formes de divertissement.

Toutefois, le jeu vidéo reste un hobby qui conserve une certaine discrétion, même parmi les adultes. « C'est encore un loisir tabou », regrette Krysthal. Elle explique que dans le cadre professionnel, il est souvent plus valorisant de mentionner un dîner au restaurant que de partager son week-end passé à jouer aux jeux vidéo. Ce manque d’ouverture alimente encore une forme de stigmatisation sociale, même dans des secteurs comme l’informatique où le jeu vidéo est pourtant bien présent.

Avec l’arrivée croissante de figures féminines fortes et l’évolution de la perception du jeu vidéo comme un loisir pour adultes, l’industrie vidéoludique continue de se transformer. Ces changements sont de bon augure pour les jeunes filles qui souhaitent s’investir dans cette passion. « Les exemples d’héroïnes emblématiques comme Lara Croft montrent que le secteur évolue », conclut Chloé Boels. Il reste toutefois du chemin à parcourir pour que les jeux vidéo, et ceux qui les pratiquent, soient pleinement reconnus dans toutes leurs diversités.

Le Soir, 19 septembre 2024


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