Pousser les chômeurs vers les métiers en pénurie
Posté le 03/03/2017 — Actualité précédente / suivante |
Selon le dernier état des lieux publié par le Forem, la liste des métiers en pénurie compte 73 professions, dont 59 sont considérées en pénurie complète et offrent à elles seules plus de 45.000 postes. Un paradoxe alors que le taux de chômage flirte toujours avec la barre des 14 %. Pour résoudre cette situation, le MR fait une proposition : inscrire dans la législation sur le chômage l’obligation pour les demandeurs d’emploi peu qualifiés de se former prioritairement aux métiers en pénurie.
En Wallonie en 2016, seuls 15,6 % des 242.000 demandeurs d’emploi ont participé à une formation alors que 46,6 % des chômeurs wallons ont au maximum leur diplôme de secondaire. Le MR aimerait durcir le ton et pousser les chômeurs vers ces métiers en pénurie et rendre obligatoires des formations qui conduisent vers ces débouchés parce qu’ils offrent une palette très large de professions. L’aiguillage serait obligatoire dans le chef de l’accompagnateur du Forem, en tout cas pour les demandeurs d’emploi peu qualifiés qui n’ont pas suivi de formation dans les six mois de leur inscription. L’imposition aurait évidemment ses limites : la formation obligatoire concernerait des métiers en pénurie demandant un faible niveau de qualification.
Du côté du département Emploi et Formation à l’Union wallonne des entreprises (UWE), on souscrit à cette proposition mais en posant des préalables : il serait nécessaire de réaliser un « bilan de terrain » pour toute personne s’inscrivant au Forem afin de vérifier si elle possède les aptitudes nécessaires pour suivre une formation. Ensuite, du côté du Forem, on souligne deux obstacles à cette démarche : il y a toujours un seuil d’accès aux formations que ne possèdent pas toujours les personnes peu qualifiées car elles connaissent des problèmes avec les compétences de base : savoir lire, calculer, comprendre un ordre… Et puis, il y a la motivation. Et plutôt que de contraindre, ce qui est contre-productif, le Forem préfère "faire émerger une envie et un projet de formation". Enfin, pour la FGTB, il ne faut pas oublier que certaines pénuries sont des « pénuries provoquées », c’est-à-dire que les conditions d’accès ou les conditions de travail peuvent paraitre repoussantes.
Le Soir, 3 mars 2017