Vétérinaire : le métier menacé par les grands groupes financiers

Posté le 08/08/2024  —  Actualité précédente / suivante

Le secteur vétérinaire connaît depuis plusieurs années une transformation profonde avec l'arrivée de grands groupes financiers. Ces acteurs, tels que IVC Evidensia, Anicura, Bevet, et Univet, souvent soutenus par de grandes multinationales comme Mars et Nestlé, ainsi que par des fonds de pension, suscitent des débats passionnés au sein de la profession.

La profession de vétérinaire, confrontée à des défis majeurs comme des conditions de travail éprouvantes, des charges administratives lourdes et des salaires peu attractifs, a vu une partie de ses membres se tourner vers ces groupes financiers. Ces derniers offrent des conditions de travail améliorées, une gestion administrative allégée et la possibilité pour les vétérinaires en fin de carrière de vendre leur structure à un prix compétitif, transformant ainsi leur capital professionnel en capital privé. Pour beaucoup, cela représente une solution à un mal-être profond, avec un nombre alarmant de vétérinaires envisageant de quitter la profession dans les premières années de leur carrière.

Une rationalisation au prix de l'indépendance ?

Toutefois, l'influence croissante de ces groupes financiers n'est pas sans soulever des inquiétudes. La principale crainte est que l'objectif de rentabilité de ces acteurs ne prenne le pas sur l'indépendance thérapeutique des vétérinaires et l'accessibilité des soins. Des témoignages évoquent une hausse des tarifs et une pression accrue pour réaliser des actes médicaux, alimentant la méfiance envers une logique perçue comme davantage orientée vers le profit que vers le bien-être animal. De plus, l'implication de ces groupes dans la vente de produits vétérinaires et alimentaires, possiblement en lien avec leurs autres activités commerciales, soulève des questions sur de potentiels conflits d'intérêts.

Alors que certains voient dans cette évolution une nécessaire professionnalisation du métier, d'autres craignent une standardisation des pratiques et une perte de l'éthique vétérinaire. Les ordres professionnels, tant en Belgique qu'en France, se mobilisent pour encadrer cette évolution et préserver l'indépendance des praticiens. En Belgique, des discussions sont en cours avec les autorités pour garantir que les décisions thérapeutiques restent autonomes, loin des pressions économiques.

Une transition encore en cours

Malgré les controverses, il semble que la profession s'accommode progressivement de cette nouvelle réalité. Peu de vétérinaires quittent les groupes financiers une fois intégrés, signe qu'ils y trouvent des avantages qui compensent les inquiétudes soulevées. Cependant, l'avenir de la profession reste incertain, entre modernisation et risques de dérive mercantile, à mesure que ces groupes continuent de se développer.

Le Soir, 8 août 2024


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