Anonyme, Hydrobiologiste
Interview réalisée en octobre 2020 |
Pouvez-vous retracer brièvement votre parcours scolaire ?
J’ai suivi un master en Biologie des organismes et environnement, à l’université de Namur. J’ai ensuite effectué une spécialisation en Gestion environnementale. Les cours se donnaient dans deux universités : Namur et Louvain. Mon mémoire portait sur un projet de restauration des cours d’eau, associé au projet Walphy (projet co-financé par l'Union européenne dans le cadre du programme LIFE + Environnement). J’ai peu à peu développé une passion pour l’environnement et le milieu aquatique, en particulier pour les eaux douces. J’ai continué ma formation de master en faisant un stage à l’université de Cardiff, au Pays de Galles. Là-bas, j’ai étudié le rôle des biofilms[1] dans le cycle de l’azote.
J’ai ensuite réalisé un doctorat à l’université de Cranfield, en Angleterre. Celui-ci portait sur l’impact des captages des eaux souterraines sur les populations locales de poissons et leur habitat. Il s’agissait d’un doctorat à finalité appliquée qui réunissait trois partenaires : l’université, l’Agence Environnementale anglaise et une compagnie des eaux.
Quelles ont été vos expériences professionnelles avant votre emploi actuel ?
Entre mon 1er master et mon doctorat, j’ai réalisé un 2e master en Didactique de la biologie pour donner cours dans le secondaire supérieur. J’ai enseigné les sciences et les pratiques de laboratoire. Ensuite, je suis entré à la Maison Wallonne de la Pêche, en tant que biologiste.
En quoi consiste votre travail ?
La Maison Wallonne de la Pêche est une ASBL qui agit au niveau de la Wallonie. J’y effectue différentes tâches : inventaires de terrain, écriture et réalisation de projets d’aménagement de différents cours d’eau pour soutenir les populations de poissons, élaboration de dossiers pédagogiques, etc.
Comment votre travail s’organise-t-il ?
Comme tout gestionnaire environnemental, j’effectue des inventaires de terrain. Ceux-ci ont généralement lieu au printemps. La réalisation d’aménagements se déroule quant à elle de mai à juillet et peut s’étendre jusqu’au mois d’août. Les aménagements sont destinés aux populations de poissons : création de frayères[2] artificielles, aménagements de zones d’immersion temporaire pour faciliter la vie des poissons, etc. Nous effectuons également des actions ponctuelles pour soutenir des fédérations de pêches, par exemple, ou encore lors d’événements de pollution, comme récemment dans l’Escaut. Je passe 70% de mon temps sur le terrain et 30% au bureau.
Quels sont les aspects positifs et négatifs de votre profession ?
Le côté positif de mon travail est sa diversité. J’aime travailler dans la nature et agir pour l’environnement.
Le côté négatif, c’est que l’on est parfois dehors quand il fait froid. Par ailleurs, à l’heure actuelle, le milieu de l’environnement en Wallonie est très compétitif. Beaucoup de personnes sortent des universités avec des niveaux de compétences élevés mais peu de places sont disponibles. Ce n’est donc pas toujours évident. Certains de mes compagnons de classe se sont ainsi reconvertis dans le domaine pharmaceutique.
Selon vous, quelles sont les qualités requises pour exercer ce métier ?
Il faut avoir plusieurs casquettes. Dans le domaine de la gestion environnementale, je me définirais comme étant un hydrobiologiste. J’ai aussi certaines caractéristiques d’un hydrogéologue ainsi que des connaissances en cartographie, en mesures de terrain, en topographie des rivières, etc. J’ai par ailleurs des compétences de biologiste et d’écologiste car je connais les populations piscicoles et les populations d’organismes locaux. J’ai donc une vue globale. C’est vraiment cette pluridisciplinarité qui est intéressante.
Parler anglais et néerlandais est aussi un avantage. Enfin, je dirais qu’il faut faire preuve d’autonomie et être capable de gérer des outils informatiques qui sont émergents.
Avec qui collaborez-vous ?
Il y a différents pôles au sein de l’association. Des animateurs organisent des activités de sensibilisation destinées aux jeunes. Un juriste s’occupe du suivi de l’impact de certaines pollutions. Il peut appuyer certains arguments grâce aux données que nous lui fournissons. Nous collaborons aussi avec le SPW (Service Public de Wallonie), le DNF (Département de la Nature et des Forêts), les communes, les Contrats de Rivières, etc. C’est assez divers et varié. L’ASBL possède également un pôle Communication et un secrétariat.
Quels conseils donneriez-vous à un jeune qui a envie de se lancer dans ce métier ?
Je lui dirais d’être passionné, de ne jamais se laisser décourager et de continuer dans ce qui l’intéresse.
Pourquoi avoir choisi ce métier ?
Le milieu aquatique est vraiment quelque chose qui m’a toujours intéressé et dans lequel j’ai toujours évolué. Mon métier est une continuation logique de mes études.
Avez-vous une anecdote à partager ?
Dans mon travail, il faut s’adapter aux conditions climatiques. J’ai déjà eu les mains gelées en prélevant des invertébrés lorsqu’il faisait très froid, en plein hiver. Heureusement, on est parfois face à des paysages magnifiques qui nous réchauffent le cœur. Après une journée sur le terrain, on passe parfois des moments très sympas en équipe. On se retrouve autour d’un chocolat chaud ou dans un pub à manger un bon repas.
[1] Communautés de micro-organismes composées de bactéries et/ou moisissures de différentes espèces qui se forment sur des surfaces en contact avec de l’eau.
[2] Endroit où les poissons déposent leurs œufs (www.larousse.fr).