Mme Ariane Krings,
Responsable planning scriptes

Interview réalisée en septembre 2010

Responsable du planning des scriptes à la RTBF. 

Quel est votre parcours scolaire ?

J’ai fait des secondaires générales sciences-maths et heureusement car l’examen d’entrée à l’IAD (Institut des Arts de Diffusion) et la première année, portaient à 25% sur les maths et la physique. J’ai donc passé l’examen d’entrée pour suivre la formation en montage et scripte. A l’époque, cela consistait en une série d’exercices de math et de physique (aujourd’hui cette partie n’existe plus), une critique d’un film, des exercices de visualisation dans l’espace, de culture générale etc. On évaluait également nos connaissances au niveau du matériel (caméras et autres) et on nous interrogeait sur les expériences éventuelles qu’on avait déjà eues dans le milieu ainsi que notre motivation. La formation en scripte/montage est une formation double, complémentaire et très complète. On se spécialise dans l’un ou l’autre domaine au fur et à mesure des années. Quand j’étais encore à l’IAD, c’était plutôt 50/50 : on faisait autant de montage que de scripte. Maintenant, le choix est possible. Mais le diplôme porte sur les deux métiers.

Et votre parcours professionnel ?

Quand je suis sortie de l’IAD en 1991, c’était la première guerre du Golfe. Il y avait donc beaucoup de travail ! J’ai travaillé comme pigiste pour le JT de la RTBF. Ensuite, j’ai travaillé en tant que scripte pour RTL-TVI, Canal+ pour tout ce qui était automobile, Formule Indy aux Etats-Unis (et donc horaire de nuit et de week-end). J’ai aussi fait un peu de fiction mais pas beaucoup, j’ai toujours préféré faire de la télévision. Avant d’entrer à l’IAD, j’avais déjà fait des stages et je savais donc en quoi consistait le métier de scripte TV.

A ce propos, le métier de scripte est-il le même au cinéma et à la télé ?

Ce ne sont pas du tout les mêmes métiers ! 

En cinéma c’est de la continuité pure alors qu’en télé, le métier diffère suivant si c’est du reportage, documentaire, magazine, etc. La scripte à plutôt une fonction d’assistante de production et de réalisation. Elle fait de la planification, réserve des moyens techniques, à l’occasion va sur les lieux de tournages avec l’équipe (caméraman, preneur de son, réalisateur, journaliste), suit une émission de A à Z, de la conception à la mise à l’antenne. Alors qu’en multicaméra (divertissement, captations théâtres, d’évènements, JT) elle aura plutôt le rôle de chef d’orchestre qui doit gérer les différentes caméras, sources utilisées, les timings, etc., et ceci en temps réel.

Mais cela ne se passe pas toujours comme ça. Dans d’autres chaines, il se peut que la scripte arrive au dernier moment, que tout soit déjà préparé, qu’elle n’ait plus qu’à tout coordonner et puis elle s’en va.

Dans tous les cas, la scripte est la véritable mémoire de la production, l’interface entre tous les métiers. Il s’agit vraiment du métier le plus complet puisqu’elle doit pouvoir tout gérer, intervenir à tout moment dans la chaine de production. Il n’est d’ailleurs pas rare que des scriptes deviennent réalisatrices, productrices par la suite grâce à cette connaissance générale.

Concrètement, en quoi consiste le travail de responsable de planning des scriptes ?

Je gère donc le planning des scriptes des trois sites de la RTBF (Liège, Bruxelles, Charleroi). Il y a différentes productions qui se font dans les trois centres et on fonctionne un peu comme une boite d’intérim. A la RTBF, nous disposons d’une quarantaine de scriptes permanentes et on en engage d’autres en fonction des besoins, pour des contrats à la journée (pige), par exemple. En général, les scriptes travaillent sur la même émission mais s’il y en a une qui part en vacances, il faut pouvoir lui trouver une remplaçante avec le bon profil. Les remplaçantes devront notamment connaitre les technologies, le matériel utilisé dans les différents centres. En plus nous veillons à l’évolution du métier, aux formations continues, à les écouter, essayer de répondre aux attentes. J’interviens également dans le recrutement.

A ce sujet, quels sont les critères selon lesquels vous engagez ?

Il faut impérativement le diplôme de scripte et donc sortir avec le diplôme ad hoc de l’IAD ou de l’INSAS. Nous donnons priorité aux scriptes avec des profils très complets (connaissance des différentes facettes, des logiciels multimédias, etc.). Elles pourront ainsi intervenir sur tout type d’émission. Même si chacune à sa spécificité, c’est important qu’elles ne perdent pas leurs réflexes, surtout en multicam qui demande de la rapidité.

Outre le diplôme, quelles sont les qualités à posséder pour devenir scripte ?

Un excellent sens de l’organisation, un esprit d’analyse, une bonne résistance au stress, aimer le travail d’équipe et surtout être disponible (nous travaillons tous les jours de l’année).

Avez-vous observé des changements dans le métier de scripte ? Des évolutions ?

Oui bien sûr ! Ça change énormément, surtout avec les nouvelles technologies. Il faut rester au courant des évolutions. Au départ, on travaillait avec un crayon, une gomme, un chrono et plein de classeurs et nous bougions beaucoup. Aujourd’hui, le nombre de classeurs a diminué car tout est stocké sur ordinateur et presque tout se fait de notre bureau. Il est donc utile de posséder des connaissances informatiques. Mais généralement, les jeunes qui sortent de l’école se débrouillent déjà très bien.

Qu’est-ce que vous appréciez le plus dans votre travail ? Le moins ?

J’aime le travail d’équipe. L’aspect artistique et technique du travail, le fait de pouvoir ensemble mener à bien un projet sur antenne. On peut vraiment prendre part à l’élaboration d’un projet. Par contre, j’apprécie moins devoir faire les déclarations de droits d’auteur ! C’est la bête noire des scriptes à la RTBF !

Quels sont les conseils que vous donneriez aux personnes qui veulent se lancer ?

Il est très difficile de réussir l’examen d’entrée si on n’a pas déjà été sur le terrain (stage, formation). Pour cela, il faut frapper aux portes, téléphoner dans les productions, rencontrer des gens. Les portes ne sont pas fermées, au contraire. On accueille volontiers des personnes qui veulent venir observer, poser des questions. Il faut en tout cas une très bonne connaissance des autres métiers afin de savoir pourquoi on veut faire celui là et pas un autre !

Il faut aussi se passionner pour le cinéma, la télé, aimer la lecture, le théâtre, la photo. Et surtout pouvoir s’investir dans ce qu’on fait. Quand j’envoie une scripte au JT par exemple, j’attends d’elle qu’elle s’informe et qu’elle connaisse l’actualité. Même chose pour un magazine culturel ou autre.

Par ailleurs, il faut beaucoup de souplesse, mettre de l’eau dans son vin, avoir du recul, laisser la place aux autres. La scripte ne se met jamais en avant, elle n’impose pas ses idées. C’est véritablement une assistante au sens propre du terme et ça, il faut pouvoir l’accepter.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.