Benoit Gobeaux, Responsable QSHE

Interview réalisée en juin 2009

Fondée voici plus d’un siècle, l’entreprise Floridienne Chimie, située à Ath, s’est spécialisée dans la production de sels de métaux non ferreux et de stabilisants pour le PVC. Nous y avons rencontré Benoît Gobeaux, qui occupe la fonction de manager Quality & REACH.

Quelle est votre formation, votre parcours professionnel ?

Je suis Docteur en sciences chimiques, diplômé de l’UCL depuis 1990 et je travaille au sein de Floridienne Chimie depuis janvier 2008. Auparavant, j’ai été employé de 1990 à 2001 chez Crompton & Knowles, une manufacture de colorants située à Tertre comme manager process, c’est-à-dire manager R&D et contrôle qualité des matières premières. Après une restructuration, j’ai monté ma propre société comme consultant indépendant : TEQ (Technologie Environnement Qualité). Cela a duré deux ans. En fait, les clients de Crompton & Knowles souhaitaient développer des colorants français, anglais, russes et espagnols. J’ai rentré différents projets subsidiés par la Région wallonne en vue d’une réduction de l’impact environnemental de ces produits colorants. Un brevet a été déposé, une spin-off a été créée et j’ai été engagé pour développer ce projet. Voici deux ans, je me suis rendu compte que ce n’était pas rentable, qu’il n’était pas possible de passer à l’étape industrielle malgré les diverses améliorations apportées. J’ai ensuite occupé les fonctions de responsable général et technique à l’Intercommunale d’Electricité et de Gaz (IEG) de Mouscron au sein du labo SHA (Service Hygiène Alimentaire). Après deux ans et une nouvelle restructuration, j’ai postulé chez Floridienne Chimie en tant que responsable Quality & REACH, tout en poursuivant une formation de conseiller en prévention niveau 1 aux Facultés Polytechniques de Mons. 

Comment pourrait-on décrire votre profession ? Quelles sont ses particularités ?

C’est un travail fort administratif et lié aux normes et règlements européens comme ISO, CLP, REACH. Il faut connaître les différentes lois et normes et, bien entendu, pouvoir les mettre en pratique. Il faut aussi maîtriser l’ensemble du business de la société, connaître les produits, leurs applications, les clients, les procédés de fabrication, les installations. De plus, le responsable Quality & REACH doit être capable de communiquer avec le personnel afin de mettre en place des instruments pour répondre aux normes REACH (CE N°1907/2006) et CLP (CE N°1272/2008) et permettre à ces informations d’être accessibles par tout un chacun. Il existe différents outils sur Internet pour y parvenir. Il est très important de mettre en œuvre ces différents règlements pour assurer la continuité des activités de l’entreprise et les principales échéances sont fin 2010, 2013, 2015 et 2018.

Quelles qualités faut-il pour exercer cette profession ?

Une bonne base scientifique est indispensable. Le responsable Quality & REACH doit à la fois être indépendant et pouvoir travailler en équipe. En effet, d’une part, il y a un énorme travail administratif de compréhension et de mise à jour des règlementations et, d’autre part, on doit faire partager au personnel ce qu’on a appris. On a actuellement 550 produits différents sur le marché, qu’il s’agisse de substances pures ou de mélanges, et cela représente chaque fois un dossier différent. Il faut être dynamique, résistant au stress, savoir planifier ses tâches, élargir son horizon grâce à différentes expériences professionnelles et avoir un esprit d’analyse à la fois pointu et global.

Présente-t-elle certains inconvénients ? 

Etant donné que c’est un poste de middle-management (c-à-d entre la direction et les cadres), les horaires sont très flexibles. Seul le résultat compte. D’un autre côté, je m’organise comme je l’entends mais si cela peut avoir des répercussions sur la vie privée lorsque l’échéance approche. C’est là tout l’intérêt de savoir structurer et planifier son travail.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

La diversité du job me plaît. J’ai accès à toutes les informations désirées, c’est très enrichissant d’autant plus lorsqu’on a connu d’autres expériences professionnelles. Il faut connaître le fonctionnement de l’entreprise à tous les niveaux : portefeuille clients, portefeuille produits, procédés, équipements… Ce qui me passionne enfin, c’est de traduire toutes les règlementations en outils de travail quotidiens et former le personnel à s’approprier ces outils.

Cette profession a-t-elle évolué ces dernières années ? De quelle manière ?

Oui. Le système de certification ISO a énormément évolué. D’abord en 1984, ISO 9002 consistait en une certification de la production en elle-même. Les services à la clientèle n’étaient pas intégrés à cette démarche, ce ne fut le cas qu’en 1990 avec ISO 9001. Il y a eu une amélioration continue, on est passé d’un système statique à un système dynamique. C’est en quelque sorte la même démarche que celle entreprise pour le Règlement Général pour la Protection des Travailleurs (RGPT) et la loi sur le bien-être au travail. Les règlementations sont à présent plus précises, sur les buts à atteindre et les moyens pour y arriver sont laissés à la responsabilité de l’entreprise. Même chose au point de vue environnement avec la certification ISO 14001 : c’est une amélioration continue. On fait un état des lieux (air, sol, eaux) et on développe un plan d’action pour optimiser l’impact environnemental. REACH est un concept assez neuf, en application depuis le 01/06/2008. Si une nouvelle substance apparaît sur le marché, il y a obligation de la notifier aux instances européennes et une étude d’incidence doit être réalisée par l’industriel. Le responsable Quality & REACH doit réaliser des dossiers en intégrant ces nouvelles données. Il faut donc un bon bagage scientifique.

Quel conseil donneriez à un jeune intéressé par ce métier ?

Il faut un intérêt prononcé pour la Recherche & Développement, le contrôle qualité, les règlementations, les lois et les normes. De plus, il est toujours recommandé d’avoir eu plusieurs expériences professionnelles avant de se lancer dans la certification.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.