Mr Bernard Cornu,
Conseiller en audiovisuel indépendant

Quel est votre parcours scolaire ?

J'ai fait l'IHECS, en publicité. Cette école propose une formation assez générale où chacun trouve sa voie. A l'époque, il y avait 40 % de technique et 60 % de théorie et l'on touchait à tous les médias. La polyvalence de cette formation m'a vraiment servi pour exercer ma profession.

Quel est votre parcours professionnel ?

Je suis parti pendant deux ans et demi en Afrique où j'ai fait mon service civil et réalisé des films publicitaires. A mon retour en Belgique, j'ai travaillé pendant un an dans l'événementiel en tant que producteur. Ensuite, j'ai travaillé pendant 5 ans dans une agence de publicité et depuis 3 ans, je pratique mon activité actuelle : j'ai fondé une société qui fait du conseil en audiovisuel.

Que fait votre société d'audiovisuel ?

Nous jouons un rôle d'intermédiaire entre les agences de pub et leurs clients pour les aider à créer des supports audiovisuels. Nous guidons les annonceurs dans la conception de l'audiovisuel, dans le choix du réalisateur, de la maison de production, dans la gestion du budget et dans le suivi de la production. Nous travaillons aussi bien pour des agences de publicité (80 %) que pour des clients en direct (20 %). En réalité, nous ne produisons rien : nous faisons de la gestion, du suivi et du conseil. Nous nous définissons comme conseillers en audiovisuel, fonction qui existe en agence de publicité.

Concrètement, nous travaillons ainsi : une agence conçoit un spot publicitaire et consulte le conseiller en audiovisuel avec un budget et un délai. Le conseiller en audiovisuel fait des suggestions aux créatifs, leur propose un réalisateur, négocie les budgets avec les maisons de production et dirige le suivi de A à Z.

En quoi consiste le métier de conseiller en audiovisuel ? 

Ce métier s'exerce normalement en agence, je dois être le seul à le pratiquer en tant qu'indépendant. La majorité des gens en place ont généralement une quarantaine d'années et la relève n'est pas bien assurée parce que ce métier est méconnu. Dans la publicité, ce sont les pôles créatif et commercial qui exercent la plus grande attraction. Les personnes qui pratiquent le même métier que moi sont d'anciennes secrétaires, d'anciens accounts, des ingénieurs du son, etc., Il n'y a pas de formation spécifique.

Le conseiller en audiovisuel doit regarder beaucoup de films, s'informer et être dans le circuit : en général, il connaît la majorité des gens dans le métier, leur parcours et leur réputation.

Il est important qu'il soit présent le plus tôt possible, dès les briefings, tout simplement pour éviter aux créatifs de se lancer dans des créations trop coûteuses. En général, le créatif contacte le conseiller dès qu'il a fait une création avant même de la présenter au client. Quand le projet a été accepté par le client, le conseiller en audiovisuel recherche une maison de production. Prenons l'exemple concret d'un film publicitaire réalisé pour la SNCB : l'idée de base des créatifs était de mettre des enfants dans un train circulant dans un aquarium avec des requins. Comment faire pour réaliser cette idée ? Le conseiller en audiovisuel a fait des recherches documentaires dans des journaux, des vidéo, des banques d'images afin d'envisager les possibilités existantes. Il y avait deux solutions : soit tourner aux Bahamas, soit acheter des images toutes faites. Il a ensuite consulté trois maisons de production. Les trois réalisateurs interrogés ont proposé des solutions différentes : utilisation d'images existantes, mix d'images de spot à d'autres filmées en aquarium,  recours aux images de synthèse (3D). La maison de production choisie a fait un devis et le conseiller en a discuté avec la création. La version 3D a été choisie pour composer l'aquarium.

Lorsque le client a donné son accord, c'est la maison de production qui met les choses en route (tournage et production) et le conseiller en audiovisuel s'occupe de la supervision. Ensuite intervient la «préproduction meeting» (PPM) : il s'agit de la réunion la plus importante entre l'agence et le client. Tous les éléments du film y sont présentés et programmés : découpage du réalisateur, casting des acteurs, stylisme, décor, musique. Ensuite ont lieu le processus de production, le tournage et la post-production (montage du film, adjonction de la musique, incrustations des titres, des textes et des logos, les trucages et la 3D). Par la suite, le conseiller en audiovisuel a comme rôle de faire respecter ce qui a été dit à la PPM. Quand le film est tourné et réalisé, il sort en télévision ou au cinéma.

Comment se déroule une journée type ?

Il n'y a pas de routine et en début de semaine, je ne connais pas mon programme. Les horaires sont très variables et il faut parfois travailler le soir et le week-end. Chaque jour, je passe environ une heure à m'informer, 2 heures au téléphone (tout en faisant autre chose) et je travaille 3 à 4 heures en studio (l'image ou le son). Il y a aussi toute la partie administrative : bons de commande, vérification de factures. Pour le reste, j'assiste à des briefings et de temps en temps, à de grosses réunions. Je suis aussi énormément sur la route, mais ça, c'est spécifique à mon cas.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui veut se lancer dans le métier ?

Les stages sont indispensables dans les métiers de la pub. Mais il faut être patient ; il faut accepter de passer par certaines étapes (servir le café, copier des cassettes, etc.). Enregistrer une voix pendant deux heures n'est pas forcément exaltant, surtout lorsqu'on a compris ce qui se passe après 10 minutes, et pourtant, il faut le faire.

Pour devenir TV Producer, l'idéal est de travailler auparavant dans une maison de production pour appréhender les aspects techniques du film.

Si je devais recommencer mon parcours professionnel, je referais tout pareil. J'ai eu l'opportunité de toucher à différents aspects et ça m'a beaucoup servi. Il y a vraiment des places à prendre dans le domaine de la communication et l'on recherche des gens sensés, logiques, organisés et créatifs. Il faut être suffisamment disponible et être prêt à s'investir. Je parle d'investissement dans les deux sens du terme, c'est-à-dire qu'il faut être prêt à  accepter de gagner peu d'argent au départ, mais c'est un investissement pour le reste de la vie.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.