Interview anonyme,
Inspecteur scolaire

Pouvez-vous nous décrire le chemin qui vous a mené à l'inspection ?

J'ai débuté ma carrière comme professeur de mathématiques, métier que j'ai pratiqué en classe durant vingt ans. Je n'ai pas éprouvé de lassitude mais j'ai simplement éprouvé le besoin de faire autre chose. C'est pourquoi j'ai fait les démarches nécessaires pour devenir directeur d'établissement. J'ai exercé cette fonction durant dix ans. Durant cette période, j'ai eu l'occasion d'approcher le système scolaire dans sa globalité, l'évolution du système éducatif, les programmes et l'application de ceux-ci.
Je marque un certain intérêt pour tous ces domaines. Le métier d'inspecteur me permettait de les approcher de plus près dans un secteur qui forcément m'intéresse au plus haut point : les mathématiques. J'ai donc passé les examens qui se faisaient à l'époque pour devenir membre du personnel d'inspection au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Quelles sont les conditions d'admission à ces examens ?

Tout d'abord, il est important de rappeler que ces examens ne sont accessibles qu'aux enseignants nommés à titre définitif. Actuellement, il s’agit d’un examen organisé tous les 4 ans approximativement via le Selor. L’épreuve comprend deux volets : le premier permettant d’évaluer les connaissances institutionnelles et administratives ; le second évalue les capacités génériques à exercer la fonction d’inspecteur. La réussite de cet examen permet de rejoindre la réserve de recrutement. Un stage doit ensuite être effectué pendant 2 ans. 

Quelles matières retrouvait-on dans ces examens ?

C'était un panel de cours très larges : règlement en vigueur en fédération Wallonie-Bruxelles, droits et devoirs du personnel, législation qui gère tout le système éducatif (pacte scolaire, organisation du niveau d'enseignement, etc.), les aspects plus pédagogiques (évaluation d'une séquence pédagogique, relations interpersonnelles), etc.

Quel est le rôle d'un inspecteur ?

L'inspecteur agit directement sur la façon de travailler des enseignants. C'est à lui d'essayer d'imprimer des démarches pédagogiques pour qu'ils soient plus efficaces dans leur travail au quotidien. Il organise des formations, aménage les programmes, vérifie la conformité du travail pédagogique effectué par l'enseignant avec les directives de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
En fait, l'inspecteur doit être le miroir de l'enseignant. Il doit lui donner l'image, ou plus exactement la vision, de son travail. Est-il sur le bon chemin ? Suit-il les directives ?

L'image de l'inspecteur auprès du personnel enseignant n'est pas toujours bonne. Qu'en pensez-vous ?

On associe bien souvent la fonction d'inspecteur à celle de simple "contrôleur". Certes, notre fonction nous oblige à contrôler le travail de l'enseignant pour voir s'il est en adéquation avec le contenu des programmes de la Communauté française mais nous avons aussi et surtout une activité de conseil.
Je peux comprendre que c'est parfois perturbant pour un enseignant de voir un inspecteur débarquer dans sa classe. Mais il comprend généralement bien vite que nous sommes là pour lui apporter une aide, un soutien dans l'exercice de la profession.

L'objectif principal est de valoriser le travail de l'enseignant, lui indiquer ce qui pourrait être amélioré. D'ailleurs, la plupart des enseignants que nous rencontrons sont demandeurs de nos conseils. Nous ne sommes pas des sbires au service du pouvoir cherchant à sanctionner à tout prix ! Récemment, il y a eu beaucoup de réformes successives dans l'enseignement. Et elles n'ont pas toujours été bien comprises. Notre rôle est justement de les expliquer aux enseignants. L'objectif, je le répète, est d'améliorer, si besoin est, le travail de l'enseignant. Il est d'ailleurs rare que nous prenions des sanctions. Si sanctions il y a, elles peuvent mener au licenciement (s'il s'agit d'un temporaire). Mais c'est très rare.

L'administratif est-il un volet important de votre profession ?

Certainement. A chacune de nos visites, nous établissons un rapport qui est le plus souvent constructif. L'objectif n'est pas de démolir le travail de l'enseignant mais plutôt de lui montrer les choses qui pourraient être améliorées. Ce volet "administratif" est tout aussi important que l'aspect "visites dans les écoles".

Qui fait appel aux services d'inspection ?

Il y a plusieurs sources possibles : le Ministre, le chef d'établissement, les parents qui ont introduit une plainte ou parfois les enseignants eux-mêmes.

L'enseignement en tant que tel ne vous manque-t-il pas ?

Oui bien sûr mais je suis tout aussi heureux dans ce que je fais maintenant. J'ai maintenant un regard sur le travail des enseignants et non plus sur celui des élèves.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.