Mme Catherine Feldstead,
Directrice d'une boutique de vêtements
Interview réalisée en janvier 2007 |
En quoi consiste votre activité au quotidien ?
Je m’occupe du concept,
du stylisme, de la gérance de la
société elle-même. Au quotidien, quand
c’est la période des collections, je dessine mes
modèles, je fais les foires de tissus et puis je travaille
avec une collaboratrice qui interprète mes collections. Elle
va faire des fiches techniques, donner les mesures, contrôler
des premières pièces pour vérifier que
le prototype soit respecté. Je m’occupe de
renouveler les vitrines des magasins une fois par mois. Pour
ça, je travaille avec un graphiste qui fait des montages et
des modules pendant que j’habille les mannequins.
J’essaie de marier les couleurs avec le thème
choisi. A côté de ça, il y a la
communication avec les journalistes. Il faut que
j’écrive de temps en temps un texte pour expliquer
la nouvelle collection. Je me rends une fois par saison à
Paris où je discute avec l’attaché de
presse. Je m’occupe aussi une fois par saison de la prise de
vue, je fais appel à mon photographe et je choisis le fond
de couleur, les thèmes. Puis, il y a le montage du catalogue
et le montage du CD photo qui sera distribué aux
attachés de presse et à mes
représentantes pour parler de la marque via les salons de
prêt-à-porter enfantine.
Je joue un rôle de multifonctions, j’ai d’excellents collaborateurs motivés et amoureux de la marque. Pour la gestion du budget, je travaille avec un comptable qui calcule combien je peux acheter par saison. C’est lui qui s’occupe des bilans. Mon assistante de production calcule les prix pour obtenir une marge suffisante. J’engage le personnel et c’est un comptable qui s’occupe des salaires.
Quelles sont les qualités attendues dans votre profession ?
Je pense qu’il faut avoir son fil rouge, ne pas sortir de sa conviction. Il y a tellement de choses dans la mode, il ne faut pas partir dans tous les sens. Il faut être créative. C’est important de toucher à tout pour bien comprendre comment fonctionne le vêtement. Être assez sûre de soi pour avancer, car dans ce métier vous êtes tous les jours confrontés à des gens qui vous remettent en question. Être proche de ses employés, être à l’écoute. On ne crée pas seulement un vêtement, c’est un moyen de communication. Il y a le service, la gentillesse, le magasin qui doit être joli. Ce qui est important aussi, ce sont les langues, la communication, des notions d’anglais et de néerlandais.
Quels sont les avantages et inconvénients de votre métier ?
Avantage(s) : c’est un métier de challenge, je fais de belles rencontres, je reçois beaucoup de reconnaissance. Le grand avantage, c’est de mener sa vie comme on a envie de la mener. Je peux décider de tout même si parfois j’aimerais ne pas devoir choisir. Je dois assumer chaque fois tous les problèmes, il faut apprendre à les accepter, se dire que gérer les problèmes fait partie du métier.
Inconvénient(s) : ce n’est pas possible d’être amie avec ses employés, même si parfois on en a envie.
Quel est l’horaire de travail ?
C’est très varié selon les saisons. En saison haute, de 9h à 18h et parfois le soir encore une heure et le week-end aussi. Hors saison, c’est plus doux, je finis à 17h. Je ne travaille jamais le mercredi après-midi pour être avec mes enfants. En général, je me rends au bureau le matin, puis je passe dans les magasins parce que je veux rester proche du client et de l’enfant. Il faut l’habiller, l’écouter, l’observer, le regarder.
Quelles études avez-vous faites pour accéder à votre profession ?
Je suis assistante médicale. J’ai travaillé en épileptologie et en stomatologie. Ensuite, je me suis dit : "ou tu fais des études de médecine ou tu changes de métier !". J’étais assez ambitieuse.
Quel a été votre parcours professionnel ?
J’ai
été travailler chez Olivier Strelli comme
employée à tout faire. C’est
là que j’ai appris le métier.
J’ai touché à tous les secteurs : la
production, la vente, les collections. Au départ,
j’ai eu du mal à passer du milieu
médical au milieu du vêtement car je trouvais
ça bien superficiel.
Je suis ensuite allée travailler pendant 2 ans dans une société qui réalisait des vêtements en cuir. Nous étions trois pour tout faire : livrer, emballer, dessiner, vendre. Jusqu’au jour où ma sœur m’a proposé d’aller travailler avec elle pour "Rue Blanche". J’ai dit : "d’accord, à condition que je puisse faire ma propre marque enfant". Ensuite, j’ai rencontré Brigitte Eaton qui connaissait le monde de l’enfant et qui m’a proposé de démarrer quelque chose ensemble. C’était un cadeau. Après dix mois, ma sœur a repris les parts de mon associée. J’ai pu avancer très vite car la structure était déjà en place. J’ai pu partager les magasiniers, la production et la comptabilité avec "Rue Blanche", ce qui faisait moins de frais. Aujourd’hui, la marque "Ten" a une structure complètement distincte.
Que diriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans cette voie ?
Aimer ce que l’on fait, c’est le plus important. Avec du travail, de l’organisation et de la structure, les choses se mettent en place. Les trois premières années sont vraiment dures, il faut tenir le coup et après, on commence à gagner sa vie.