Mme Chantal Michaux, Interprète

Interview réalisée en janvier 2010

Quelles études avez-vous faites ?

Des études d’interprétation et de traduction en anglais-danois à l’Ecole d’Interprètes Internationaux de Mons (EII).

Quelles langues interprétez-vous ?

J’interprète principalement en consécutive pour l’anglais, le danois et le néerlandais.

Pourquoi le choix de ces langues ?

L’anglais était un choix naturel. Le danois fut un coup de coeur et aussi motivé par le fait que lorsque j’ai commencé mes études, les diplômés interprètes en danois sortaient de l’EII de Mons avec un contrat en poche pour travailler à l’Union européenne. Malheureusement, 5 ans plus tard, il y avait trop de Belges engagés à l’Union européenne et je n’ai donc pas eu cette opportunité. J’ai rajouté le néerlandais par après étant donné que pour travailler en Belgique, il convient de connaître aussi soit le néerlandais, soit l’allemand.

Qui fait appel à vos services ?

La justice, la police, les bureaux de traduction pour faire de la traduction et/ou de la révision (relecture de textes). Je travaille aussi pour des particuliers qui ont besoin de traduire un document officiel dans ou vers une des langues que je connais (acte de naissance, certificat de bonnes vies et moeurs, diplômes, adoptions, etc.).

Pouvez-vous nous décrire vos activités en tant qu'interprète ?

Je travaille essentiellement comme interprète lors d’auditions de la police. Lorsque la police vient d’arrêter un suspect ne parlant pas notre langue, j’interviens comme intermédiaire entre eux. Je travaille également comme interprète devant les tribunaux de Liège et de Verviers où je sers d’intermédiaire entre le juge et la partie civile ou l’accusé.

Pouvez-vous citer un exemple concret d'interprétation que vous avez dû effectuer ?

J’ai interprété dans un dossier d’agression avec violences de trois malfrats chez des personnes âgées de la région verviétoise. Ce fut un dossier assez lourd et qui a duré un certain temps avec de nombreuses auditions complémentaires, notamment de scientifiques.

Quelles difficultés rencontrez-vous dans l'exercice de votre métier d'interprète ?

Quand on interprète pour la justice, on ne sait jamais à l’avance de quoi il va s’agir. Cela peut aller de la traite des êtres humains au commerce de cannabis en passant par le vol avec violence ou le simple différend entre voisins. On a toujours une certaine appréhension de ne pas connaître le vocabulaire adapté au sujet du jour.

Et qu'est ce qui vous plaît dans ce métier ?

J’aime le contact humain et la découverte de nouvelles choses à chaque nouveau travail.

Peut-on vivre "décemment" de ce métier d'interprète ?

Un interprète qui ne fait que de l’interprétation jurée a du mal à vivre décemment. Par contre en alliant les traductions et l’interprétation, pas de problème. L’interprétation simultanée ou consécutive de grands organismes est beaucoup plus rentable, mais peut-être moins enrichissant au niveau humain.

Quel conseil donneriez-vous à une personne tentée par les études en interprétation ?

Il faut de la persévérance et du travail quotidien. Pour moi, ce n’est pas "inné" la capacité d’écouter une conversation dans une langue et de la transmettre dans une autre langue. Il faut aussi beaucoup de curiosité sur la culture et le mode de vie des personnes parlant cette autre langue. Il faut vivre dans le pays dont on étudie la langue ou y retourner régulièrement pour mieux saisir leur langage.

Quelles langues leur conseilleriez-vous de choisir ?

Le néerlandais ou l’allemand s’ils comptent rester en Belgique avec l’anglais c’est mieux. L’italien et l’espagnol ne sont pas très usités et ceux qui ont fait le choix de ces langues doivent souvent en prendre une autre. Le russe, les langues nordiques et le chinois sont aussi des langues qui ont de l’avenir. Il vaut mieux prendre d’abord une langue que l’on connaît et une nouvelle et en garder une troisième que l’on peut "rafraîchir" après ses études.

Quel conseil donneriez-vous à un jeune interprète pour se faire connaître ?

Accepter tout ce qui se présente dans un premier temps et ne pas faire la fine bouche. Au début, on sera souvent pris pour boucher les trous et ce n’est que petit à petit que l’on se fait connaître. Il faut aussi envoyer un maximum de CV dans les entreprises et bureaux de traduction et d’interprétation et aussi éventuellement devenir membre d’un organisme comme la Chambre Belge des Traducteurs et Interprètes (CBTI), ce qui permet de faire de nouvelles connaissances.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.