Mme Christiane Jennequin,
Assistante sociale

Interview réalisée en janvier 2008

Quel a été l’élément déclencheur dans le choix de cette profession d’assistante sociale ? 

Travailler dans un contexte centré sur le relationnel m'intéressait. Ce métier s'inscrit dans une dynamique de relation d'aide à des personnes ou à des groupes de personnes qui, à un moment donné de leur vie, connaissent des difficultés dans un domaine particulier. 

Quel est votre parcours professionnel ? Pouvez-vous décrire brièvement vos différentes expériences passées ? 

J'ai d’abord travaillé plus de vingt ans dans un Institut Médico-Pédagogique (IMP) avec des adolescentes qui fréquentaient l'enseignement spécial. Mon rôle consistait à accompagner les familles de ces jeunes. A cette fin, je me rendais au domicile des parents pour entendre leurs demandes, leur faire part des avis de l’équipe éducative, bref, les associer au travail entrepris avec leur enfant et les encourager à rencontrer le pédopsychiatre et le psychologue si nécessaire. J’avais régulièrement des contacts avec les adolescentes pour les connaître et dès lors mieux en parler aux parents. Je participais aussi aux réunions d’équipe pluridisciplinaire avec le pédopsychiatre, la kiné, les éducateurs et la psychologue dans le but de déterminer les projets individualisés. J’avais un rôle de relais entre l’institution et les familles. 

En parallèle de cet emploi à l’IMP, j’ai commencé à travailler dans un service d'aides familiales, il y a une quinzaine d’années. C’est mon emploi actuel. J'y travaille à mi-temps. 

En 2001, j'ai quitté l'IMP et, pendant trois ans, j'ai aussi travaillé dans un Service d’Accompagnement de Jour pour Adultes Handicapés (SAJA). Ma fonction au SAJA comprenait une part importante de travail administratif pour réaliser les dossiers de demande d’allocations pour les personnes en situation de handicap et les bilans d'évolution des résidents destinés à l'AVIQ (qui intervient notamment pour subsidier les services d'accueil pour personnes en situation de handicap). Avec mes collègues (une assistante sociale et une psychologue), nous organisions régulièrement des réunions avec l’équipe éducative pour réfléchir aux projets individualisés de chacun des résidents. Nous rencontrions ensuite les familles au moins une fois par an, avec un éducateur réfèrent dans le but de leur faire part du travail accompli avec le résident, d'échanger sur les prises en charges organisées ou à organiser. J’assurais aussi le suivi médical des résidents en me rendant avec eux chez les spécialistes et en veillant à la continuité et à la régularité des suivis. 

Vous travaillez actuellement dans un service d'aide à domicile, quelles sont les missions de celui-ci ?

Il s'agit d'un service dont le but est précisément l’aide à domicile. Les aides familiales et les garde-malades interviennent dans la gestion de la vie quotidienne chez les personnes en difficultés sociales et/ou de santé (personnes âgées, familles, personnes isolées, personnes en situation de handicap, etc.). Les aides ménagères interviennent uniquement chez les personnes désireuses d'être spécifiquement aidées dans les tâches ménagères. 

En quoi consiste votre fonction actuelle ? 

Une de mes fonctions consiste à recevoir les demandes des personnes qui veulent bénéficier d’une aide. Je suis attachée à un secteur géographique du territoire sur lequel intervient le service et j'encadre l'équipe d'aides familiales qui y travaillent. Je me rends au domicile des bénéficiaires pour analyser leur demande, établir le projet d'aide, établir la participation financière sur base du barème et compléter le dossier. Je revois les bénéficiaires au moins une fois par an, pour la révision administrative du dossier et l’évaluation de l’aide, ou davantage si nécessaire pour la bonne organisation de l'aide ou en cas de problème Un autre rôle important est l’encadrement et le soutien des aides familiales. L'organisation du travail et la préparation des horaires hebdomadaires sur base des demandes d'aide reçues est primordiale. Lors de réunions, au cas par cas, nous faisons le point sur l’aide et la modifions si nécessaire. 

Face à la diversité, la complexité, l'ampleur de certains problèmes relevés, l'écoute et les échanges concernant leur vécu sur le terrain sont aussi très importants. Des supervisions et des réunions d'accompagnement avec d'autres intervenants (professionnels ou familiaux) sont régulièrement organisées. Je veille à relayer les demandes des aides familiales en matière de formation à la responsable des formations continuées. Je participe à certaines d'entre elles. Avec les autres assistantes sociales du service, je participe aux réunions d'équipe sociale avec la responsable, notamment pour échanger sur les situations qui nous posent question. De même, je participe aux réunions de la coordination sociale de l’entité sur laquelle l'équipe d'aides familiales dont je m’occupe travaille. Cette coordination réunit les différents services sociaux qui interviennent sur la commune pour mener des actions conjointes dans le but de bien-être de la population à des niveaux divers : physique, psychologique, social, mental, économique. Enfin, nous suivons des formations relatives à notre fonction d'assistantes sociales et d'encadrantes d'équipes (des exemples : la motivation et démotivation des équipes d’aides-familiales, les maladies mentales, la gestion de conflits, etc.).

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre profession ? 

Avantage(s) : la variété du travail, l’impression d’être toujours en train d’apprendre, les nombreux contacts, le travail d’équipe avec les aides familiales et les autres assistantes sociales. J’apprécie aussi le fait que nous nous centrions sur le besoin des gens, le plaisir de pouvoir rencontrer ces besoins autant que possible. 

Inconvénient(s) : la frustration liée au manque de temps en relation avec la quantité de travail demandé. On doit souvent travailler dans l’urgence pour répondre rapidement aux demandes et tenir compte de toutes les échéances fixées par le Service et le Ministère. Le travail en réseau n’est pas toujours évident, les collaborations sont parfois longues à se mettre en place, me semble-t-il. 

Quelles sont les qualités essentielles dont doit faire preuve une assistante sociale ? 

Il faut savoir écouter, ne pas faire des gens des assistés. Il est nécessaire d'être consciente qu’on accompagne les gens à partir de leurs besoins, qu'on avance avec eux et pas à leur place. Il faut aussi pouvoir et savoir travailler en équipe. L’ouverture d’esprit est essentielle dans ce métier pour ne pas rester figé sur des a priori, des préjugés. Il est important de bien connaître les limites de l'institution qui nous emploie et nos propres limites. Il faut essayer de ne pas ramener chez soi les problèmes que nous rencontrons dans le travail. Ce n’est pas toujours évident car il y a des situations qui nous touchent plus que d'autres. Dans certains cas, il faut savoir reconnaître qu’on ne sait rien faire pour la personne. On ne peut aider les gens malgré eux. Ne dramatisons pas, il y a aussi des moments plus joyeux, où l'humour est présent. C'est indispensable pour un bon équilibre. Mais quelle richesse dans les contacts quand ceux-ci reposent sur le respect des personnes ! 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.