Mme Christine,
Institutrice maternelle
Combien d'heures prestez-vous par semaine ?
28 heures : 26 heures de travail en classe et 2 heures de concertation.
Selon vous, quelles qualités doit avoir une institutrice maternelle ?
Beaucoup d'enthousiasme pour motiver les enfants. Beaucoup de patience et de disponibilité également car les enfants nous interpellent sans arrêt et s'accrochent à nous, au sens propre comme au sens figuré. Aimer les enfants est bien évidemment nécessaire mais ce n'est nullement suffisant. Il ne faut pas oublier que nous sommes des enseignantes avant tout. L'objectif est de leur faire découvrir et apprendre différentes choses. Il faut pouvoir laisser ses problèmes personnels en dehors de la classe. Il faut toujours se montrer de bonne humeur et optimiste. Les enfants ne doivent pas subir les états d'âmes de leur institutrice.
Est-ce facile d'enseigner à de très jeunes enfants ?
Pas toujours. Pour ma part, j'enseigne en 1ère maternelle. Il s'agit de leur première expérience scolaire. Pour certains qui n'ont pas été en crèche, il s'agit de la première fois qu'ils quittent leur maman. Il peut y avoir de fortes crises de larmes ! Ce qui n'est pas toujours évident à gérer non plus, ce sont les conflits entre les enfants. Dans ce cas, pour apaiser les esprits, j'utilise le dialogue. Il peut m'arriver de passer plus d'une heure à essayer de résoudre les disputes entre les enfants. J'ai, pour m'aider, les référentiels que nous faisons ensemble au cours de l'année et qu'ils doivent suivre. Ces référentiels sont les règles de la vie de façon imagée.
Qu'est-ce qui vous déplaît dans votre métier ?
En cas d'absence prolongée d'un collègue, la réglementation stipule qu'il faut attendre dix jours avant de procéder au remplacement de ce professeur. C'est donc à nous de nous charger de sa classe. Parfois, une enseignante peut ainsi se retrouver à encadrer une quarantaine d'enfants ! Nos ministres devraient pourvoir le remplacement dans de plus brefs délais. Pour ma part, j'ai déjà 26 élèves. C'est à mon sens beaucoup trop. Je dois avoir des yeux partout ! Je pense qu'une classe devrait comporter tout au plus 20 enfants. Le travail n'en serait que plus efficace. Autre point négatif : les préparations des leçons. Elles demandent de plus en plus de "secrétariat". Nous devons tenir un journal de classe dans lequel nous devons noter les objectifs, les compétences et les tâches de l'enfant (ce qu'il doit faire), nous devons définir les objectifs généraux, faire le planning, etc. Enfin, beaucoup de paperasse !
Accueillez-vous à l'occasion des stagiaires dans votre classe ?
Oui, une chaque année et cela me plaît tout particulièrement. Tout d'abord parce qu'une stagiaire peut apporter des idées neuves, un regard neuf sur la profession et me remettre ainsi en question. Ensuite parce que c'est toujours utile d'avoir l'avis de quelqu'un plus jeune que soi sur sa propre façon d'enseigner.
Que pensez-vous de la formation qui leur est donnée ?
La formation actuelle est certainement plus adaptée qu'elle ne l'était à l'époque où moi je l'ai suivie. On y retrouve, selon moi, un bon équilibre entre la théorie et les stages. Les stages permettent aux jeunes de se rendre compte de leur futur métier et sont donc indispensables. Les stagiaires de première année sont surtout là pour observer, mais pour ma part je préfère les plonger dans le bain directement en les faisant participer, c'est-à-dire en leur demandant d'amener des idées, de m'aider dans mes tâches, d'encadrer les élèves, de passer dans les ateliers pour surveiller le travail fait par les enfants. Quant aux étudiants du bloc 2, j'essaie de les pousser à ce qu'ils soient encore plus actifs. ils doivent notamment donner leur première leçon. Puis, au cours du bloc 3 du bachelier, les stages, et donc forcément les leçons à donner, s'intensifient encore.
Quels conseils donnez-vous à vos stagiaires ?
Je leur conseille de rester eux-mêmes et d'être vrai avec les enfants. S'ils sont faux, les enfants le sentiront immédiatement et cela pourrait créer un mauvais climat dans la classe.