Christophe Nelissen, Carrossier

Interview réalisée en juin 2023

Quelle formation avez-vous suivie ? 

L’apprentissage au sein de l’IFAPME. Mon oncle avait une entreprise de carrosserie. 

Pouvez-vous décrire le travail du carrossier ?   

Selon l’endroit où il travaille et le poste qu’il occupe, le carrossier effectue tout ou une partie des tâches liées à son métier, à savoir le démontage-remontage, la tôlerie, la préparation de la carrosserie et la peinture. 

On commence par désassembler, réassembler et ajuster les éléments amovibles fixes ou mobiles d’un véhicule ainsi que leurs accessoires : les ailes avant, les portières, le capot, les pare- chocs, le hayon, les optiques de phare, les feux arrière, etc. 

Prenons l’exemple du remplacement d’une portière par une neuve : pour effectuer un travail correct, il faut démonter dans un sens méthodologique la poignée de porte, la garniture intérieure, le rétroviseur, la vitre, le mécanisme de lève-vitre, avec un outillage spécifique. C’est un travail minutieux : en cas de mauvais remontage, le client pourrait se retrouver avec une prise d’air dans l’habitacle, une infiltration d’eau ou bien une portière que ne s’ouvre plus !  

En œuvrant sur la tôlerie, on rend leur forme d’origine à des véhicules accidentés ou bosselés en s’aidant là aussi d’outils de redressage et de mesures spécialisés. On opère aussi bien sur la structure que sur l’habillage des véhicules (ailes, toit, portes, bas de caisse, soubassement, etc.). Les éléments que l’on répare sont de matières différentes comme l’acier, l’aluminium, le plastique, la fibre de verre ou le carbone. Les pièces trop endommagées, on les remplace. Le carrossier remet également en état des véhicules atteints par la rouille. 

Puis vient le travail de préparation de la carrosserie qui consiste en l’application des enduits pour rendre la forme initiale des éléments. Le séchage de ces produits est activé par des appareils spécifiques. Cette étape est très importante pour le résultat final. Nous sommes dans un domaine où la perfection est demandée ! Et enfin on s’attelle à la touche finale : la peinture.  

Comment s’applique la peinture ? 

Au préalable à toute application, le carrossier recherche la teinte exacte grâce à des échantillons de couleurs contenus dans une « colorbox » (boite à couleurs). Le programme informatique propose différentes alternances pour le même numéro de peinture. Si l’on ne trouve pas ce qui convient, du matériel de précision spécifique comme le spectromètre permet de détecter des alternances. Une application de la couleur sur plaquette permet de s’assurer de sa conformité avec l’effet désiré. 

En cabine, on utilise plusieurs pistolets pour appliquer les couches primaires, les couleurs et les vernis. Après un séchage à une température de 60 degrés, il rectifie les défauts par ponçage. On applique également des produits de protection anticorrosion et d’adhérence en fonction des supports (aluminium, fer, plastique, etc.).

Pouvez-vous citer l’un ou l’autre aspect moins connu du métier ? 

Des travaux décoratifs sur les véhicules : des inscriptions, des dessins ou autres sujets avec effets spéciaux. Après avoir protégé ou masqué les éléments qui ne doivent pas être traités, on effectue un dégraissage de la surface à peindre avec des produits solvants ou à base d’eau pour qu’elle soit propre et prête à recevoir les différentes applications de produits de peinture.  

Je citerais aussi l’ajout de parties de la carrosserie (élargisseur d’ailes, ailerons, etc.) pour rendre le véhicule plus personnalisé selon le souhait du client. 

Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?

Toutes les différentes étapes par lesquelles il faut passer pour atteindre le résultat final. Mais aussi la recherche de la perfection. 

En quoi ce métier a-t-il le plus évolué au fil des années ?

En beaucoup de choses ! Je citerais la façon de travailler, les produits, l’outillage, les techniques d’application. Cela suppose qu’il faut sans cesse continuer à se former ! 

Est-ce un boulot « physique » ?

Il n’en a pas l’air, mais, oui, il est physique. On doit parfois porter des pièces assez lourdes, manipuler des machines dangereuses comme une meuleuse en action, faire travailler ses bras lors du ponçage ou encore travailler dans une cabine dans des positions parfois compliquées pour la peinture.  

Que diriez-vous à un jeune pour le convaincre de se lancer dans ce métier ? 

Il y a une pénurie de bons carrossiers ! Et on peut travailler sur de très beaux véhicules de grandes marques comme Ferrari, Porsche, Maserati, etc.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.