Coralie Marion,
Contrôleuse du trafic routier et autoroutier
Interview réalisée en décembre 2022 |
Où se trouve le centre Mobiris et quelle est sa fonction ?
Le dispatching se trouve dans le centre de Bruxelles à proximité de la Gare Centrale. Mobiris assure la sécurité du trafic régional pour en moyenne 500.000 véhicules/jour, sur 350 km de voiries urbaines, 15 km d’autoroutes et 13 km de tunnels.
Comment devient-on contrôleur au centre Mobiris ?
Le dispatching est divisé en deux : la partie trafic et la partie technique. Nous commençons par suivre directement une formation interne sur la partie trafic qui dure un mois. Pendant deux semaines, nous apprenons le réseau routier bruxellois, les procédures, l’utilisation des différents systèmes, etc. Les deux semaines suivantes, nous nous rendons dans le dispatching à côté de l’opérateur pour voir comment ça fonctionne sur le terrain. Après le mois de formation, nous passons un test pour vérifier que nous maitrisons bien la partie « trafic ». Quand on a réussi, on occupe pendant quatre mois des postes en tant qu’opérateur afin de bien maitriser le réseau routier.
Après seulement débute la formation technique qui se déroule de la même manière. Nous apprenons des choses comme la gestion des tunnels et les systèmes qui y sont liés. Dans un avenir proche, la gestion des dispatchings trafic et technique sera suivie par des sous-traitants différents, ceci afin d’accroître la qualité et l’étendue de suivi offert aux usagers des voiries et des tunnels bruxellois.
Pouvez-vous nous décrire l’environnement de travail des contrôleurs ?
Dans notre dispatching, il y a deux opérateurs, un « trafic » et un « technique », en permanence 24 heures/24 et 7 jours/7, ainsi que deux superviseurs, un « surface » et un « tunnel » présent du lundi au vendredi entre 5h30 et 21h15. Il y a également des ingénieurs et des gestionnaires de projets.
Dans la salle, nous avons d’immenses écrans qui couvrent le mur avec des séquences d’images du réseau surface et tunnels. Chaque opérateur/superviseur a également son propre bureau avec les systèmes spécifiques à sa tâche. Nous avons également de nombreux contacts téléphoniques avec la Police, les services de secours et les agents de Bruxelles Mobilité au quotidien.
Quelles sont les tâches précises du contrôleur trafic et du contrôleur technique ?
L’opérateur trafic a un travail de surveillance, il doit regarder les caméras et détecter les soucis sur les routes (accidents, files, travaux, etc.).
L’opérateur technique doit être plus attentif aux problèmes qui pourraient y avoir dans les tunnels. C’est également lui qui s’occupe d’envoyer des techniciens lorsque la police ou des personnes de Bruxelles Mobilité nous signalent une panne d’éclairage public ou alors des feux de signalisations en panne.
En quoi consiste la fonction de superviseur ? Comment accède-t-on à ce poste ?
Le superviseur est avant tout une aide pour les opérateurs. Il les aide en cas de problème, de surcharge de travail ou de situation de crise. Il doit vérifier avec l’opérateur que les procédures soient bien appliquées. C’est également le superviseur qui gère la boite mail générale. En plus de ses tâches directes de supervision opérationnelle, le superviseur gère des projets en lien avec le développement de Mobiris comme, par exemple, le développement du réseau de surface.
Quel est l’horaire de travail ?
Les opérateurs ont un horaire divisé en trois pauses : le matin de 6h à 14h10, l’après-midi de 14h00 à 22h10 et la nuit de 22h00 à 6h10. Ils travaillent également les week-ends et les jours fériés.
L’horaire des superviseurs est en deux shifts : le matin de 5h30 à 13h30, l’après-midi de 13h15 à 21h15. Les superviseurs travaillent du lundi au vendredi.
Quels sont les événements les plus fréquents que l’opérateur constate sur les routes/autoroutes ?
Les embouteillages, les véhicules en panne et les accidents. Il est également confronté à des usagers qui font face à des problèmes de santé et des piétons qui se déplacent dans un état de conscience plus ou moins altéré sur l’espace réservé aux véhicules, mettant ainsi leur vie en danger !
Que faites-vous lorsque vous constatez un événement grave ?
Notre priorité est de mettre les personnes impliquées en sécurité. L’une des premières choses à faire est de contacter la police et si nécessaire les services de secours. Si l’événement se passe dans un tunnel, nous pouvons mettre le feu de signalisation sur orange clignotant, voire sur rouge.
Notre deuxième préoccupation est de prévenir les automobilistes. Nous avons la possibilité de mettre un message sur des panneaux dynamiques et nous envoyons également un Tweet sur notre page, pour que les radios puissent diffuser l’info.
Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?
Ce qui me plait le plus, c’est que chaque jour est différent, on ne sait jamais à quoi s’attendre.
Si vous deviez citer trois qualités essentielles pour exercer ce métier ?
Je dirais qu’il faut être réactif, résistant au stress et avoir l’esprit d’équipe.
Question subsidiaire : auriez-vous une anecdote ?
Je me souviendrais toujours de la fois où un samedi matin, un véhicule s’est mis sur la bande d’arrêt d’urgence d’un tunnel. Une personne est sortie car elle devait vomir, pendant ce temps-là deux autres personnes sont également sorties de la voiture et ont commencé à faire des pompes en plein milieu du tunnel ! Une situation pour le moins cocasse… Mes collègues ont déjà été confrontés à la présence de zèbres dans un tunnel !