Mr Eric Cornet,
Opérateur de production
Interview réalisée en avril 2006 |
Opérateur de production pour la biscuiterie Delacre.
Quelle est votre formation ?
Je suis ingénieur chimiste des industries agricoles, diplômé de Gembloux.
Quel est votre parcours professionnel ?
Après avoir obtenu mon diplôme à Gembloux, j'ai étudié la gestion d'entreprise pendant un an et je suis parti en stage au Chili pendant 4 mois. Par après, je suis devenu responsable de projet pour une coopérative agricole. J'ai ensuite fait mon service militaire et, ensuite, j'ai travaillé durant 3 ans pour l'entreprise Vamos. Voici maintenant plusieurs années que je travaille chez Delacre, où j'ai occupé différentes fonctions.
En quoi consiste plus précisément votre fonction actuelle ?
J'occupe une fonction appelée "technical manager". Il s'agit d'un support à la production, un support sur tous les aspects qui concernent les produits. Dans le cas où un emballage doit être changé pour une raison x, c'est la cellule "technical" qui intervient et un ingénieur emballage pilote ce projet. Dans le cas de changements d'ingrédients, cela se fait aussi au départ de la cellule "technical". Le service qualité et le service environnement font également partie de cette cellule.
En quoi votre fonction est-elle si importante ?
Parce qu'il s'agit d'un support à la production en vue de faciliter l'adaptation au changement de produits, d'ingrédients, d'emballages, de règles d'hygiène. C'est également une oreille du client, au travers de tout ce qui est assurance qualité.
Avez-vous noté une évolution du secteur ?
La technologie biscuitière est restée sensiblement identique. Ce n'est pas une technologie nouvelle mais c'est une technologie qui demande du temps avant d'être bien maîtrisée. L'expérience est donc relativement importante dans ce secteur. On acquiert de nouveaux savoirs tous les jours mais la technologie en elle-même n'a pas réellement évolué. On peut quand même noter l'apparition sur le marché d'une très forte tendance pour les emballages individuels.
La fonction a-t-elle suivi cette évolution ?
Les changements sont plus liés à des changements de structure que de compétences. Par exemple, une fonction telle que celle que j'occupe actuellement au sein de l'entreprise n'existait pas il y a 10 ans. A la place, existait une équipe de développement de nouveaux produits qui pouvait aussi parfois être appelée à aider lorsque des problèmes de production se présentaient. Ce n'est actuellement plus le cas puisque nous avons une cellule de maîtrise technologique, qui fait partie du service "technical" dans chaque site de Delacre.
Quelles sont les perspectives futures de la biscuiterie et de votre fonction ?
J'ai tendance à croire que la fonction augmente en importance puisqu'il y a de plus en plus de contraintes sur le marché et que les éléments à contrôler qui sont suivis par le service "technical" ne font qu'augmenter. Concernant la biscuiterie, nous faisons face à une attention grandissante du consommateur face à des problèmes de santé comme l'obésité. Ce qui amène une évolution du secteur en fonction de l'évolution du client. De plus en plus, nous allons vers des produits dits "sains" et on assiste à une croissance de plus en plus grande de la gamme santé dans le secteur biscuitier.
Quelles sont, d'après vous, les qualités requises ?
Il faut un bon esprit d'analyse, un bon sens du contact et une certaine créativité par rapport à la recherche de solutions. Il s'agit pour moi des trois critères primordiaux puisqu'il s'agit d'une aide à la production au travers du service qualité ainsi que des aspects techniques. Le sens du contact est important pour pouvoir analyser le fonctionnement de l'usine et pour pouvoir proposer des solutions qui fonctionnent. L'analyse et la créativité sont peut-être à traduire sous le terme de "compétence" et le contact est plus du niveau de la "communication".
Avez-vous des conseils à dispenser aux personnes qui désireraient faire carrière dans ce secteur ?
Il faut évidemment une certaine ténacité et, la fonction étant une fonction de cadre, ne pas trop regarder sa montre lorsqu'on travaille, ce qui est un critère de base de cette fonction. Il faut également une assez grande flexibilité puisque, quand il s'agit de suivre des essais, les horaires sont assez aléatoires. En effet, un essai peut se faire un jour à 6h du matin et le lendemain, au beau milieu de la nuit.
Est-ce compatible avec une vie de famille ?
Il y a toujours moyen de s'organiser pour que cela le devienne. Personnellement, je me suis organisé puisque j'ai 4 enfants et une vie sociale bien remplie. C'est une question de volonté et de trouver les solutions adaptées. Maintenant, aller chercher ses enfants tous les jours à la sortie de l'école, ce n'est pas vraiment possible.
Quelles sont les particularités du secteur de la biscuiterie ?
Contrairement à d'autres secteurs de l'industrie alimentaire, la biscuiterie n'aime pas l'eau. Quand on rentre dans une biscuiterie, on n'a pas la même impression de propreté que dans le secteur de la viande par exemple. En effet, l'eau résiduelle à certains endroits se transforme tout de suite en nids bactériologiques ; son absence est la meilleure garantie contre les contaminations. Nous avons de nombreuses règles d'hygiène mais nous utilisons beaucoup moins d'eau et on essaye de limiter son usage au maximum dans les processus de nettoyage et d'entretien des équipements. De plus, comme nous travaillons beaucoup avec du chocolat, on évite également le contact de l'eau parce que le produit se travaille mal et ne se conserve pas correctement une fois qu'il est amalgamé avec de l'eau. On a substitué le grattage à l'élément liquide. Nous grattons les éléments à nettoyer et, après avoir gratté, vidé et pompé au maximum, on lave les équipements avec une quantité minimum d'eau ou avec de la matière grasse comme du beurre de cacao.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Signaler que c'est une fonction qui a énormément de contact avec l'intérieur mais également avec l'extérieur de l'usine, les départements développement, marketing, finances, les services achats, les fournisseurs. C'est donc une fonction qui nécessite de pouvoir parler avec des personnes pourvues de sensibilités très différentes. Il faut être capable de comprendre et de ressentir les contraintes que les autres services peuvent avoir. Nous avons des contraintes au niveau des usines mais aussi des demandes. Et pour que nos demandes soient écoutées par les autres départements ou services, il faut que nous soyons à même de comprendre leurs contraintes et les demandes qu'ils peuvent avoir. Pour toutes ces raisons, la connaissance des langues est primordiale. J'en parle moi-même quatre, dont trois qui me servent tous les jours. Je parle bien entendu le français, ma langue maternelle, l'anglais, indispensable, le néerlandais et l'espagnol.