Mme Evelyne,
Professeure en promotion sociale
Enseigne en promotion sociale dans les bacheliers en chimie industrielle et en travaux publics, et plus particulièrement la chimie et les mathématiques.
Quelle formation avez-vous suivie ?
Ma formation est classique. J'ai fait un master en chimie à l'UCL que j'ai complétée par l'agrégation pour le cas où je ne trouverais pas de boulot dans mon domaine. J'ai commencé à enseigner tout de suite après dans le cadre du bachelier en expertise automobile en promotion sociale tout en travaillant en laboratoire, mais je me suis très vite aperçue que ce qui m'intéressait avant tout était l'enseignement.
L'enseignement était un objectif en soi ?
Au départ pas vraiment mais cela a été une révélation. J'ai passé l'agrégation sans trop savoir si cela allait me convenir ou pas. J'achève toujours ce que j'ai commencé donc j'ai été au bout. Une fois mon agrégation en poche, on m'a contactée pour enseigner dans ce bachelier en expertise automobile.
Quel est le public auquel vous êtes confrontée ?
Cela peut varier d'une année à l'autre. Dans l'enseignement de promotion sociale, on retrouve aussi bien des jeunes adultes que des personnes d'une quarantaine d'années, voire plus. Chaque élève est différent : ses études, son expérience professionnelle, sa situation familiale. Tout est différent. C'est à l'enseignant de s'adapter à ses élèves et non l'inverse. Parfois, certains professeurs de promotion sociale sont face à des élèves qui sont déjà des experts dans la matière que l'on enseigne parce qu'ils la pratiquent sur le terrain depuis de longues années. Ils connaissent déjà tout sur tout. Parfois c'est intéressant car cela enrichit le cours mais parfois cela peut-être perturbant pour l'enseignant, surtout s'il est jeune et peu expérimenté.
Voyez-vous des avantages à enseigner en promotion sociale ?
La motivation des élèves ! Ceux qui suivent l'enseignement de promotion sociale, c'est parce qu'ils le veulent. Contrairement aux élèves du secondaire qui sont obligés d'aller à l'école, ceux de promotion sociale ont choisi de suivre la formation dans leur propre intérêt. Cela peut être pour trouver une nouvelle orientation professionnelle ou pour accéder à un niveau de responsabilité plus élevé en rehaussant son diplôme. Bref, ils ne viennent jamais avec des pieds de plomb. Et ceux qui n'aiment pas, partent très vite. Il m'arrive de commencer l'année avec une quarantaine d'élèves. Après deux mois, il y en a déjà dix de partis, et à la fin de l'année, il n'en reste plus que la moitié.
Les abandons sont aussi souvent dus à des raisons professionnelles. Ce n'est pas toujours évident, lorsque l'on travaille déjà en journée, de suivre des cours à raison de trois ou quatre soirées par semaine durant trois ans.
Pour ce qui concerne la discipline, on n'a généralement aucun problème puisque s'ils s'ennuient au cours, ils ne viennent plus, tout simplement.
Y-a-t-il des inconvénients ?
La préparation des cours demande pas mal de recherche au début, mais c'est vrai aussi pour les enseignants du plein exercice. Je preste quinze heures par semaine en promotion sociale et travaille aussi quelques heures à domicile le week-end mais moins toutefois que si j'enseignais dans le plein exercice. Parfois, on a la chance de se voir offrir le cours du professeur précédent que l'on adapte à sa façon en fonction des élèves que l'on a et bien sûr du programme officiel.
Il n'empêche qu'il n'est pas facile de cumuler un travail en journée plus une fonction d'enseignant le soir. La vie de famille en prend un coup.
Autre inconvénient typique à l'enseignement de promotion sociale : l'autorité. Comme je l'ai déjà dit, les élèves sont parfois des adultes, parfois plus âgés que moi. Pas évident alors de s'imposer dans la classe.
Vous rappelez-vous de votre premier jour comme enseignante ?
Je ne pourrai jamais l'oublier. Je me suis retrouvée seule devant 40 élèves de bachelier qui étaient à peine plus âgés que moi. J'étais pour le moins stressée mais par la suite, j'ai réussi à prendre le dessus et, au fil des semaines, je suis devenue de plus en plus à l'aise.