Mme Fabienne Thonon, Embryologiste

Interview réalisée en novembre 2014

Qu’est-ce qu’un embryologiste ?

C’est une personne qui travaille dans un laboratoire de fécondation in vitro (technique de procréation médicalement assistée. La fécondation est réalisée à l’extérieur du corps de la mère, contrairement à la fécondation naturelle dite in vivo. Les embryons obtenus sont alors transférés dans l’utérus). En général, les embryologistes ont une formation universitaire mais il y a également des techniciens de laboratoires (titulaires d’un bachelier professionnalisant) qui exercent ce métier. Les techniques de fécondation in vitro ne s’apprennent dans aucune école. L’apprentissage se fait sur le terrain. Il faut au préalable une formation scientifique, des connaissances en biologie et une maîtrise des manipulations de laboratoire. Le travail consiste à réaliser toutes les manipulations des techniques de procréation médicalement assistée. Pour les inséminations artificielles, il faut préparer le sperme qui va être transféré à la patiente. Dans le cas de la fécondation in vitro, nous récoltons les ovocytes (cellule sexuelle femelle chez les animaux et les humains), préparons le sperme, mettons en commun les gamètes (cellule reproductrice arrivée à maturité, capable de fusionner avec un autre gamète, du type complémentaire, pour engendrer une nouvelle génération d'un être vivant. Les gamètes sont des cellules spécialisées dont la fonction est d'assurer la reproduction sexuée) et réalisons la fécondation. Nous observons ensuite l’évolution des embryons obtenus et sélectionnons ceux qui seront transférés à la patiente et ceux qui seront congelés. C’est essentiellement un travail de laboratoire. Nous n’avons pas énormément de contact avec les patients, sauf au moment du transfert, car il faut leur expliquer la qualité et la quantité des embryons obtenus. Ce sont principalement les médecins et les infirmières qui s’occupent de la relation avec les patients.

Quel est votre parcours scolaire et professionnel ?

J’ai fait des études secondaires classiques en général latin-grec. J’ai ensuite étudié la médecine pendant deux ans mais je me suis rendue compte que le métier de médecin ne me convenait pas et me suis réorientée vers la biologie. J’ai choisi l’option biochimie au cours de mon master universitaire. J’ai travaillé deux ans comme déléguée médicale puis j’ai été embauchée dans un laboratoire de médecine vétérinaire. Je faisais de la fécondation in vitro et du clonage d’embryons bovins. Les techniques étaient pratiquement les mêmes que celles employées chez les humains (excepté le clonage). Cela m’a bien préparée pour mon poste actuel. Je travaille à l’hôpital de la Citadelle depuis maintenant plus de 20 ans. Quand je travaillais en médecine vétérinaire, j’ai eu l’opportunité de faire beaucoup de recherches pour développer de nouvelles techniques. Quand on travaille avec l’humain, ces possibilités sont plus restreintes car au niveau éthique c’est plus compliqué. J’ai eu l’opportunité d’évoluer dans ma carrière d’embryologiste : je suis devenue responsable du laboratoire puis responsable qualité.

Vos études vous-ont-elles bien préparée à exercer votre fonction ?

Je pense que les études en biologie et en biochimie sont celles qui préparent le mieux. Il faut connaître les notions en rapport avec le vivant, la fécondation in vivo, la division cellulaire, etc. Si j’avais eu une formation de technicienne, j’aurai pu accéder au métier d’embryologiste et réaliser toutes les manipulations de laboratoire mais je n’aurai pas pu évoluer vers des postes à responsabilité.

Quels sont les éléments qui vous ont motivée à faire ce métier ?

J’ai toujours eu un intérêt pour ce métier, j’avais déjà postulé comme embryologiste à la Citadelle à la sortie de mes études. Je n’avais pas été retenue à ce moment-là. Je trouve que c’est une finalité magnifique. J’ai moi-même rencontré des difficultés pour avoir mes enfants et je comprends la situation des couples qui font appel à nous. Ne pas pouvoir avoir d’enfant provoque beaucoup de souffrance et on ne s’en rend pas compte si on ne l’a pas soi-même vécu. En médecine vétérinaire, le travail était plus stimulant intellectuellement. Faire des petits veaux est cependant moins gai que faire des enfants ! Quand on voit la joie qu’on apporte et la reconnaissance qu’on reçoit des patients, cela justifie mille fois tout ce qu’on fait. Le travail est parfois dur et fatiguant. Quand le sperme est très pauvre, il faut parfois passer trois heures à chercher une dizaine de spermatozoïdes, c’est fatiguant nerveusement et pour les yeux. Mais quand on garde à l’esprit que c’est pour faire un enfant, on est motivé !

Dans quel(s) lieu(x) exercez-vous votre profession ?

Il y a une nouvelle législation suite à des arrêtés royaux promulgués en septembre 2009, qui assimile le laboratoire de procréation médicalement assistée (PMA) à une banque de matériel corporel humain, comme la banque des yeux, la banque des os, la banque des cellules souches, etc. Nous sommes obligés d’avoir un environnement très contrôlé pour éviter toute contamination. Le laboratoire doit être ce qu’on appelle une "salle propre" : l’air est filtré, la température et le taux d’humidité sont contrôlés en permanence, la stérilité et l’hygiène sont très importantes. Nous portons les mêmes habits qu’en salle d’opération, plus masque, chapeau, etc. La zone propre comprend deux laboratoires : le laboratoire de fécondation in vitro et le laboratoire de préparation du sperme. Le sperme est plus contaminé, il n’est pas stérile contrairement aux autres fluides biologiques, ce qui explique pourquoi il est traité dans un laboratoire séparé. Nous avons une salle cryogénique où se trouvent les cuves de stockage des gamètes et des embryons congelés. Nous congelons des spermatozoïdes, des ovocytes, des embryons, des fragments d’ovaire et de testicules. Il y a également deux salles d’interventions médicales dans la zone propre : une salle où sont réalisées les ponctions d’ovocytes, et une où sont effectués les transferts. En dehors de la zone propre, nous avons un troisième laboratoire d’analyses et de diagnostics de sperme.

Travaillez-vous seule ou en équipe ?

C’est un travail d’équipe. Notre laboratoire se compose principalement d’universitaires. Il y a trois techniciens de laboratoire qui travaillent en spermiologie. Nous avons actuellement une doctorante en sciences biomédicales, au service spermiologie. Le reste de l’équipe s’occupe de fécondation in vitro et ce sont six biologistes. Dans les plus grands centres de fécondation in vitro, comme l’UZ Brussel (hôpital universitaire néerlandophone), il y a environ cinq fois plus de techniciens que de biologistes dans les laboratoires. Les embryologistes universitaires y exercent plutôt des fonctions de responsables, de vérification et de contrôle, tandis que les manipulations quotidiennes sont réalisées par les techniciens. Ici, nous sommes une petite équipe et nous sommes tous sur le même pied.

Collaborez-vous avec d’autres professionnels ?

Oui, le service est également composé de cinq gynécologues et de cinq infirmières. Le laboratoire ne sert à rien sans le suivi des patients effectué par les infirmières et les médecins. Le travail d’équipe est de mise au sein du laboratoire mais aussi au sein de tout le service. Nous travaillons parfois avec un urologue, quand il faut réaliser un prélèvement de testicule. Et il y a deux psychologues, en soutien des patients. Certaines situations sont problématiques et nécessitent un soutien psychologique. Le passage chez le psychologue est également obligatoire pour les couples qui ont recours aux dons de sperme, aux dons d’ovocytes et pour les mères porteuses. Il faut vérifier qu’ils ont bien saisi toutes les implications de leur choix, envisager comment ils prévoient d’expliquer cela à l’enfant, etc. Nous privilégions plutôt les dons connus, car c’est important que l’enfant puisse un jour connaître ses parents biologiques. Les dons anonymes peuvent déstabiliser les enfants.

Collaborez-vous avec des chercheurs ?

Nous réalisons nous-même un peu de recherche, notamment sur le sperme et sur l’implantation de l’embryon, en tant que laboratoire relié au CHU (Centre Hospitalier Universitaire de l’ULiège). Je peux vous donner un exemple de recherche fondamentale qui a abouti sur une application concrète. Les patientes atteintes de cancer doivent suivre un traitement stérilisant comme une radiothérapie ou une chimiothérapie. On leur prélève des fragments d’ovaire ou tout l’ovaire qu’on va découper en fragments et puis congeler pour permettre une éventuelle future grossesse. C’est une technique qui a d’abord été mise au point sur des souris à L’ULiège. En ce moment on teste des matrices extracellulaires dans lesquelles les bouts d’ovaires pourraient se développer. Ces fragments congelés contiennent des ovocytes qui ne sont pas encore murs, on doit mimer le développement qui a lieu normalement dans le corps de la femme pour faire croître l’ovocyte. Nous collaborons aussi avec d’autres Universités et nous nous tenons au courant des publications scientifiques dans le domaine.

Pouvez-vous décrire une journée type au laboratoire ?

Le timing du laboratoire est très précis. On commence par entrer dans la zone propre. On se change, on se lave les mains et on les désinfecte. Les premières manipulations sont les contrôles des fécondations de la veille. Ils doivent être réalisés peu de temps après les fécondations, qui ont lieu début d’après-midi vers 14 heures. On peut vérifier si l’ovocyte est fécondé : à l’intérieur on observe deux noyaux, un d’origine mâle et un d’origine femelle. Si on attend trop de temps avant la vérification, les deux noyaux disparaissent et fusionnent. On commence donc toujours la journée par la vérification de l’état de fécondation des gamètes de la veille. On observe ensuite les embryons des jours précédents. Pour mieux comprendre notre organisation, il est important de comprendre aussi les différentes étapes de la fécondation in vitro. Le jour zéro est le jour au cours duquel les patientes sont ponctionnées, cela s’effectue toujours le matin. La préparation du sperme s’effectue entre 10 et 13 heures. On met les échantillons en contact début d’après-midi. Au jour 1, on voit si l’ovocyte est fécondé (les deux noyaux, qui forment ce qu’on appelle un zygote). Au jour 2 commencent les divisions, c’est-à-dire que, quand tout va bien, l’embryon a quatre cellules. Entre le jour 3 et le jour 5, l’embryon se développe du stade de huit cellules jusqu’au stade de blastocyste. Après les phases d’observation, on commence les transferts d’embryons, en collaboration avec les médecins. Vers 9h30 commencent les ponctions. Nous recevons les tubes de fluides folliculaires prélevés par le médecin dans les ovaires au moyen d’une aiguille. On y recherche les ovules des patientes. Parallèlement, un collègue reçoit les prélèvements de sperme et les prépare. En fin de matinée, on décoronise les ovocytes pour les injections intra-cytoplasmiques. Il existe deux types de fécondations in vitro. La "classique", quand le sperme est de bonne qualité, consiste à le mettre en contact avec les ovules bruts. Quand le sperme n’est pas de bonne qualité, nous devons aider la nature et nous introduisons nous-même le spermatozoïde dans l’ovule avec une petite pipette. C’est la technique connue sous le nom d’ICSI (on appelle également cette technique micro-injection, fécondation assistée ou fécondation avec micromanipulation) ou injection intra-cytoplasmique. Cela demande de préparer l’ovocyte, en enlevant les cellules qui l’entourent pour permettre la micro-injection, cela s’appelle de la décoronisation. C’est également en fin de matinée qu’ont lieu les congélations d’embryons qui n’ont pas été transférés chez les patientes. L’après-midi on réalise les fécondations, classiques et ICSI qui prennent plus de temps. En fin d’après-midi, on prépare les milieux et le matériel pour les ponctions du lendemain.

Quel est votre rôle en tant que responsable qualité ?

Je dois veiller à ce qu’on suive les exigences légales et normatives. Nous devons respecter des protocoles qui s’appellent des SOP (Standard Operating Procedures). Ils visent à ce que tout le monde travaille de la même manière et de façon optimale. Les protocoles ont été définis en concertation et une fois établis, doivent être appliqués par tous pour que les patients reçoivent le même service, peu importe le biologiste qui traitera la fécondation. Je dois également mettre en évidence toutes les non-conformités que je constate par rapport aux procédures et essayer de mettre en place des actions pour les corriger. Le responsable de laboratoire, quant à lui, veille au contrôle du matériel qui sert au développement des embryons, notamment les incubateurs (appareils qui régulent la température, le taux d’humidité et le pourcentage de gaz pour que les conditions soient le plus proches possibles de ce qui se passe à l’intérieur de la trompe de Fallope, l’endroit du corps féminin où se déroule normalement la fécondation). Il doit également s’assurer que les résultats obtenus sont optimaux et se mettre au courant des nouvelles techniques et des améliorations possibles. Nous comparons les protocoles lors de réunions de l’association belge des embryologistes, ce qui permet de se remettre en question.

Quelle part prennent les tâches administratives dans votre travail ?

Elles représentent une part énorme. Tous les embryologistes ont beaucoup de travail administratif, et moi plus encore, en tant que responsable qualité. Tout doit pouvoir être retracé (le matériel, les milieux en contact avec les gamètes, les intervenants à chaque étape), c’est imposé par la législation. On encode énormément de données. Dès qu’une manipulation est réalisée, elle est encodée et décrite sur ordinateur. Nous avons aussi beaucoup de documentation liée aux consentements des patients. Elle est prise en charge par les médecins mais les biologistes doivent vérifier les documents avant de procéder aux manipulations. Il faut des consentements pour tout : le don de sperme, la congélation, la décongélation, etc. C’est une part assez lourde dans notre métier. Cela représente au moins un tiers du temps de travail d’un embryologiste, et cela monte à plus de la moitié pour les responsables de laboratoire et responsables qualité.

Quels sont vos horaires de travail ?

Nous avons la chance de ne pas avoir d’horaire fixe mais nos horaires sont plutôt rallongés que le contraire. Le travail de laboratoire commence vers 8h30 et se termine vers 16h30. Il faut respecter les timings des manipulations, il arrive souvent qu’on mange après 14h00. Pour que les choses se déroulent correctement d’un point de vue biologique, il faut respecter des délais très précis. Par exemple le sperme doit être traité dans l’heure après l’éjaculation. On ne choisit pas non plus la répartition du travail, car on doit fonctionner en fonction des cycles des patientes. Certains jours il y aura peu de ponctions, d’autres beaucoup plus. Et quand il y a 30 microinjections à effectuer, c’est-à-dire 30 spermatozoïdes à implanter dans 30 ovocytes pour une seule patiente, et qu’il y a six patientes ponctionnées ce jour-là, on ne peut pas se dire qu’on en laissera pour le lendemain, car le travail doit être effectué le jour même. Il faut être flexible et disponible. Il y a des gardes à assurer le week-end, en général souvent le samedi chez nous. Mais d’autres laboratoires ont des gardes le dimanche aussi. On peut résumer en disant que les horaires sont normaux mais intensifs. Nous ne travaillons pas dix heures par jour, mais quand nous travaillons, nous ne levons pas le nez de la paillasse. Nous nous sommes organisés entre collègues pour que chacun ait une journée plus calme hors du laboratoire pour traiter tout ce qui est plus administratif. Chacun a un petit rôle en plus de son travail de laboratoire : responsable des achats, statistiques, recherches, supervision des laboratoires, etc. Nous ne devons pas travailler en soirée mais ce n’est pas le cas de tous les laboratoires. A l’UZ Brussel, ils font les pauses : certains arrivent dès 6 heures du matin, d’autres restent jusque 19 ou 20 heures. Ils ont une vingtaine de ponction à réaliser par jour, là où nous n’en avons que cinq ou six.

Etes-vous régulièrement amenée à vous déplacer ?

Indépendamment des réunions de l’association belge des embryologistes, nous sommes invités à suivre un programme de formation continue et nous nous rendons à des congrès, notamment ceux de l’ESHRE (European Society of Human Reproduction and Embryology). Ils sont organisés une fois par an dans un pays européen : Suède, Italie, Espagne, etc. La Belgique n’en accueille plus de nos jours car nous n’avons plus l’infrastructure nécessaire. Il faut pourtant savoir que la Belgique a été pionnière de beaucoup de techniques dans notre domaine. C’est en Belgique que l’ICSI a été mise au point. La Belgique est largement en avance au niveau technique mais aussi éthique. 

Quels sont les aspects positifs de votre métier ?

Pour moi le côté le plus positif c’est l’idée qu’on participe au bonheur des gens, en leur apportant le plaisir de devenir parents. J’aime aussi beaucoup le travail de laboratoire, j’aime les manipulations. On reçoit aussi la récompense directe de notre travail : quand on observe dès le lendemain l’embryon et qu’on voit que l’injection de la veille a bien fonctionné, c’est une grande source de motivation. La flexibilité d’horaire constitue un autre avantage. Nous avons la chance d’avoir une hiérarchie qui nous laisse une certaine liberté. Ils savent aussi que, quand c’est nécessaire, nous n’irons pas manger avant 15 heures. C’est un système de confiance mutuelle, ils savent que le travail sera fait correctement. Le travail en équipe, entre embryologistes mais aussi avec les médecins et les infirmières, crée une réelle bonne ambiance. Ils nous permettent aussi de mieux connaître les histoires et le vécu des patients.

Et les aspects les plus négatifs ?

Le travail est parfois répétitif et aussi stressant, à cause des impératifs horaires et du fait qu’on ne peut absolument pas se tromper. Il y a en permanence des doubles contrôles pour vérifier que les noms sont bien les mêmes sur la boîte d’ovocytes et le tube de sperme, etc. On doit faire très attention à ne pas se tromper, cela demande une extrême vigilance. Il y a des gardes à assurer le week-end. Dans notre laboratoire c’est un samedi tous les six week-ends, ce qui est raisonnable, mais dans d’autres laboratoires ils en font beaucoup plus. Le métier exige également une longue formation pour devenir expert dans le domaine. On estime qu’il faut environ deux ans pour apprendre toutes les techniques correctement, c’est long pour ceux qui forment et pour ceux qui apprennent. De plus, certaines choses ne s’apprennent qu’en les faisant. Cela complique la formation car un nouvel apprenant aura tendance à aller plus lentement, ce que nous ne pouvons pas nous permettre dans certaines manipulations qui exigent de la rapidité. Le travail est parfois difficile psychologiquement quand le traitement ne fonctionne pas et que les patients en souffrent.

Quelles qualités faut-il posséder pour exercer ce métier ?

La patience, un bon esprit d’observation, être en permanence à l’affût. Il faut être motivé, solidaire, travailler en équipe avec un objectif commun. Il faut aussi une bonne vue et être habile de ses doigts car certaines techniques demandent beaucoup de précision.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans ce métier ?

Il y a un constat triste pour la population mais qui est une bonne nouvelle pour ceux qui travaillent dans notre domaine : ce n’est pas un métier qui va disparaître, bien au contraire. La fertilité masculine est en train de diminuer. Les projets de maternité se font aussi de plus en plus tard dans la vie des femmes, leurs ovules sont de moins bonne qualité au moment où elles veulent avoir des enfants. L’avenir professionnel des embryologistes est en principe assuré. En revanche, les techniques/produits que nous sommes autorisés à appliquer sont de plus en plus restreints. Or beaucoup d’avancées et de découvertes se sont faites grâce à des essais/erreurs, comme l’ICSI. Le progrès est souvent lié à la possibilité d’essayer, mais quand on travaille chez l’humain, il y a des restrictions éthiques et légales. Je lui dirais enfin que c’est un beau métier, et qu’au-delà des manipulations de laboratoire, il faut toujours garder à l’esprit l’aspect humain de son métier car derrière tout cela il y a énormément de souffrance chez les patients.

Comment envisagez-vous votre avenir professionnel ?

Je suis bien où je suis. Je suis devenue très spécialisée dans l’embryologie et je ne me vois pas travailler dans un autre laboratoire, ce serait compliqué pour moi de me réorienter. Nous ne sommes pas dans le système américain qui permet de changer de fonction régulièrement au cours d’une carrière.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.