Mr Franck Michaux,
Technicien chimiste

Interview réalisée en mai 2010

En quoi consiste votre activité au quotidien ?

Notre laboratoire est divisé en trois secteurs : bactériologie, chimie organique et inorganique. Je travaille dans le troisième département. J’analyse différents paramètres, conformément à la législation en vigueur. Je passe la majeure partie de mon temps en laboratoire. Je mets en œuvre différentes méthodes, j’effectue différentes manipulations en fonction des mesures à connaître. Nous avons un équipement sophistiqué. J’utilise des agitateurs, des indicateurs colorés et des burettes, comme pendant mes études, mais ces dernières sont généralement digitalisées. De nombreuses manipulations sont automatisées. J’ai donc recours à des appareils très sophistiqués.

Nous recevons de l’eau de différents endroits, des sites de production au client final, pour nous assurer de la qualité de l’eau potable. Chaque paramètre à vérifier demande une procédure différente et il y a plusieurs centaines de paramètres d’analyse. Par exemple, pour connaître le pH de l’eau, il suffit de 15 secondes, par contre, pour en mesurer la radioactivité, il faut minimum 20h. 

Nous analysons également les eaux usées qui proviennent des égouts de professionnels. En effet, les entreprises sont taxées en fonction des polluants qu’elles rejettent dans le milieu. En analysant leurs eaux usées, nous déterminons les substances rejetées (azote total, phosphore total, matières en suspension, etc.). 

J’effectue aussi des tâches administratives. En effet, notre laboratoire est accrédité et nos analyses doivent satisfaire à un système qualité. J’encode les résultats et je rédige des rapports.

En cas d’anomalie, ce qui est très rare, nous mettons le captage en décharge, c'est-à-dire que nous jetons l’eau. Nous recherchons la cause du problème et sa solution. Par exemple, si le site est proche d’un champ et qu’il a beaucoup plu, des infiltrations ont pu contaminer la nappe phréatique. Il suffira donc d’un peu de beau temps pour que l’eau retrouve sa qualité. En fait, tout est lié au lieu, c’est pourquoi nos sources d’approvisionnement sont si nombreuses. Cela permet de changer de site dès qu’il y a le moindre problème sans connaître de pénurie d’eau.

Nous sommes huit dans mon équipe qui est scindée en deux. Dans ma cellule, nous sommes interchangeables. Le système qualité nous impose cette mesure. Nous sommes tous aisément remplaçables en cas d’absence. 

Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer votre profession ?

Nous devons répondre à un système qualité. Mon métier demande donc une grande rigueur, beaucoup d’organisation et une certaine autonomie. Il faut aussi s’y connaître en chimie et bien comprendre ce qu’on fait. Par exemple, si un appareil tombe en panne, je dois analyser le problème et trouver rapidement une solution, ce qui demande un certain savoir et de l’imagination.

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

Avantage(s) : quand on étudie la chimie, on imagine qu’on deviendra chercheur et qu’on fera plein de découvertes. La réalité est différente. 95 % des chimistes finissent dans un laboratoire à faire un travail comme le mien. Analyser de l’eau en laboratoire, c’est ultra routinier, ce qui peut être un avantage pour certains et un désavantage pour d’autres, comme moi. Dans ce cas, il est aussi possible de mettre au point des méthodes et de diversifier ainsi ses activités. Cette souplesse représente un avantage à mes yeux. De plus, je suis content de faire un travail de laboratoire, et de ne pas être coincé dans un bureau à analyser des chiffres toute la journée. Et puis, chez Vivaqua, nous avons un statut assimilé à celui des fonctionnaires, nous sommes nommés. Nous avons donc une grande sécurité d’emploi, ce qui enlève déjà un grand stress.

Quel est l’horaire de travail ?

J’ai un horaire souple et de nombreux congés, ce qui est aussi un avantage.

Quelles études avez-vous faites pour accéder à votre profession ?

J’ai fait un bachelier en biochimie. Après notre engagement, nous suivons une formation interne. Cette formation de base est très rapide mais notre mise à jour est perpétuelle. En effet, lorsqu’une norme change ou que le laboratoire reçoit un nouvel appareil, nous devons mettre à jour nos connaissances. Nous fonctionnons avec un mode opératoire identique pour tous et tout y est écrit. A l’heure actuelle, tous les laboratoires ont une telle politique qualité.

Quel a été votre parcours professionnel ?

A la fin de mes études, j’ai fait un stage à la Compagnie Intercommunale Bruxelloise des Eaux qui est devenue Vivaqua. Comme cela m’a plu, j’ai passé l’examen d’entrée et j’ai réussi.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

En secondaire, j’avais envie de faire de la chimie. Le domaine de l’eau m’intéressait sans vraiment y connaitre grand-chose. 

Que diriez-vous à une personne qui souhaite se lancer dans cette voie ?

Il est difficile de conseiller quelqu'un qu’on ne connait pas. Si cette personne veut faire de la chimie, c’est une bonne idée. Si elle veut travailler dans un laboratoire, je lui dis de foncer. Si elle veut être engagée par une intercommunale comme Vivaqua, je lui conseille de bosser sa chimie de base et de bien préparer l’examen d’entrée !

Avez-vous une anecdote à raconter ?

Il nous arrive des trucs rigolos tous les jours. Nous sommes une équipe jeune et nous nous entendons bien. Il y a des années, nous avons fait une étude des eaux anglaises en bouteille. Nous nous sommes retrouvés avec près de 200 bouteilles différentes à analyser selon divers critères, en plus de notre travail habituel ! Nous avons parfois des contrats ponctuels avec des stations, cela nous change de la routine !

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.