Mme Françoise, Contrôleuse de gestion
Quelle est votre formation ? Quel est votre parcours professionnel ?
J'ai suivi l'enseignement secondaire orientation sciences économiques dans une école catholique à Verviers.
J'ai débuté en 1989 comme simple comptable analytique, c'est-à-dire : passer des écritures comptables, appliquer des factures fournisseur, faire un peu de contrôle de stocks, analyser les variances par rapport à un standard de production, faire du reporting interne au niveau des stocks, un support en comptabilité tous azimuts, un peu d'administration, du classement.
De fil en aiguille, mes supérieurs m'ont confié assez rapidement des tâches complémentaires. Ils ont notamment apprécié ma ponctualité, ma régularité, la manière d'analyser les résultats.
Cela à durer pendant 3-4 ans et puis au delà de 4 ans c'est à dire en 1993, on a eu quelques histoires... J'avais comme chef un chef comptable et le directeur financier. Suite à une profonde restructuration de la société en 1993, je suis passée de la compta analytique au contrôle de gestion.
Depuis, il m'a été proposé à trois reprises d'intégrer dans cette fonction de contrôle de gestion la fonction de directrice. J'ai refusé, parce que la fonction englobe automatiquement les trois fonctions : compta générale, compta analytique et compta clients et fournisseurs et l'organisation d'un service, d'un département. Mon profil n'est pas celui d'un gestionnaire de personnes. Je suis quelqu'un de très indépendant dans mon travail, je sais difficilement déléguer des tâches.
Dans votre métier, la communication revêt certainement un caractère important ?
La communication est très importante, il faut avoir une capacité à expliquer un détail, un problème, le mettre à plat, l'expliquer dans un tableau.
Le tout simplement est de pouvoir expliquer clairement une déviation par rapport à un procédé, par rapport à une production, par rapport à un coût.
Par exemple, tous les mois, je vais présenter les résultats au management, et je dois leur expliquer simplement ce qui a été fait en comptabilité pendant le mois, ainsi que ce qui s'est passé dans l'atelier, les résultats, le pourquoi des déviations et comment on aboutit à un tel résultat. L'aspect communication est très important et socialement très valorisant.
L'image austère de votre métier est-elle fondée ?
Pas du tout, ça ne se limite pas à un travail de bureau et d'encodage. On retrouve un peu cet aspect au niveau compta générale pure.
La compta générale, contrôle de gestion et compta clients fournisseurs sont trois postes gérés par trois personnes.
Mais c'est vrai que la compta générale est quelque chose de plus fermé. Ce sont des chiffres point final. C'est très figé. Une déclaration TVA reste une déclaration TVA ; une déclaration fiscale reste une déclaration fiscale. Ce sont des chiffres qu'on met les uns derrière les autres et qu'on ne cherche pas à expliquer. Par contre, tout ce qui est contrôle de gestion consiste à faire parler la compta générale. Donc la compta analytique est le reflet de la comptabilité générale avec une multitude de détails qui permettent de faire parler la comptabilité et d'expliquer les résultats.
Donc c'est surveiller ce qui va et ne va pas au niveau chiffres ?
Si, par exemple, on se reporte au niveau familial : il y a un contrôle du budget de la famille également. On contrôle les dépenses, les recettes, est-ce qu'on a assez d'argent, est-ce qu'on peut partir en vacances, acheter telle ou telle voiture, est-ce qu'on fait un financement ou pas, etc. Donc c'est un peu la même chose mais au niveau de l'entreprise, comme vous pouvez imaginer avec des capitaux des milliers de fois plus importants. C'est un peu parfois stressant parce qu'on se demande si on a tout dit, tout vu.
Parfois, on est aussi mal accepté parce qu'on met le doigt sur des choses qui ne sont pas agréables à dire : par exemple imaginons un département avec un budget de 10000 € pour l'année. Si celui-ci est en dépassement, nous devons en expliquer les raisons au management ou au management encore plus haut. Il n'est pas toujours aisé gérer ces situations.
Mais c'est nécessaire pour la vie de l'entreprise ?
Cela est tout à fait nécessaire. On ne peut pas taire de telles situations. Je pars du principe que je préfère étaler le problème à la base plutôt que le camoufler et dire trois mois après : "Ah ! Désolée, je l'avais vu mais j'ai rien su dire".
Il faut de la transparence et de la franchise.
Quelles sont les qualités particulières pour exercer votre métier ?
Je pense qu'il faut avoir le sens de la communication, de l'initiative et de la créativité. Parce que c'est vrai, on peut faire de la comptabilité analytique simplement. Par exemple, le fait de mettre des couleurs dans un tableau pour faire ressortir des points, cela facilite la compréhension et donc il faut de la créativité à ce niveau là.
Il faut de la motivation, de l'imagination et toujours être battant, vouloir aller de l'avant, faire preuve de ténacité.
Quelle position occupe le contrôle de gestion au niveau hiérarchique ?
Je dépends du directeur financier qui est basé en Angleterre puisque nous sommes une multinationale. Il nous rend visite deux fois par mois. Il participe notamment au management meeting pour recevoir les résultats et il traite les problèmes de plus grande envergure qui ne sont pas directement liés au "day to day".
Même si le directeur financier n'est pas présent quotidiennement sur le site, on peut néanmoins le contacter à tout moment. Donc, je dépends du directeur financier.
Quels sont les débouchés pour un contrôleur de gestion ?
Au delà du contrôle de gestion, la direction financière est, je pense, le chemin tout tracé.
On peut aussi déboucher vers la maîtrise de production en ayant vraiment une bonne connaissance des produits et du process.
Je pense que la gestion de production peut donner suite à la direction financière. Tout cela exige une certaine expérience professionnelle dans l'entreprise.
Votre vie professionnelle est-elle compatible avec une vie privée ?
Je pense que toute profession est compatible avec une vie familiale. Avec un minimum d'organisation, il est possible de faire son travail en 8 ou 9 heures par jour sans devoir reprendre du travail à domicile. Cela arrive, comme dans toutes sortes de métiers, on a des périodes de rush comme les clôtures annuelles, des inventaires, etc.
Par exemple, on organise des inventaires physiques annuels, je les organise donc et je dois parfois venir un samedi ou un dimanche, mais on les récupère. Maintenant, c'est vrai qu'à l'échelon du directeur financier par exemple, cela doit être plus difficile car il y a des contraintes de réunions.