Mme Frédérique Spitaels, Géographe

Interview réalisée en janvier 2009

Pouvez-vous nous décrire brièvement votre parcours professionnel ?

J’ai eu la chance de pouvoir réaliser mon travail de fin d’études pour l’Institut Géographique National, sur un projet de cartographie. Le résultat du travail ayant beaucoup plu, j’ai reçu le jour de ma défense une promesse d’engagement de la part de l’IGN. En attendant que les aspects administratifs soient en ordre, j’ai travaillé 3 mois dans un bureau de géomètres (dans le domaine de la construction) au Luxembourg. Cela fait maintenant plusieurs années que je travaille pour l’IGN.

Pourquoi avez-vous décidé de vous orienter dans la géographie ?

Ayant une maman géographe, j’ai toujours été intéressée par la géographie physique. J’aimais également beaucoup les maths, mais je voulais faire des maths appliquées. J’avais pensé aux études d’ingénieur civil et d’architecte car j’aimais énormément les dessins de précisions, schémas et graphiques. Je suis un jour tombée sur un dépliant présentant la formation peu connue et récente en géométrologie-géomatique, qui répondait vraiment à toutes mes attentes : sciences de la Terre, dessins, technologies nouvelles et … possibilité de trouver rapidement un emploi ! Il est peut-être utile de préciser en quoi consiste cette formation. Il s’agit de l'étude des sciences et techniques permettant de mesurer et d'analyser la Terre : géodésie, topographie, télédétection, photogrammétrie, GPS, etc. Une fois que les mesures sont faites, nous utilisons des moyens informatiques pour regrouper ces différentes sources, dans le but d'effectuer une recherche, analyse, prévision optimale (ex : modèle d'inondation).

Pouvez-vous nous expliquer votre métier auprès de l'IGN ?

Lorsque je suis arrivée, j’ai d’abord terminé le projet que j’avais débuté lors de mon travail de fin d’études : définir une nouvelle carte topographique à l’échelle du 1/20.000 et faire les développements informatiques nécessaires pour pouvoir dériver ce nouveau projet de carte depuis la base de données en cours d’implémentation à l’IGN. Après une année, je suis devenue responsable de l’équipe de la cartographie (également appelée "symbolisation"). Depuis, mon temps est partagé entre développements destinés à créer des procédures automatiques, recherche de méthodologie pour des travaux plus spécifiques, coordination d’équipe, réunions (en interne ou avec les clients). Mon travail est assez varié, c’est très gai.

Pouvez-vous nous donner des exemples concrets de travaux que vous avez dû effectuer ?

Pour ce qui est de la cartographie traditionnelle : définir de nouvelles symbolisations pour diverses échelles. Cela a été fait dernièrement pour le 1/10.000, le 1/20.000, le 1/50.000 et le 1/100.000. Nous réalisons également des travaux avec des données provenant des clients : cartographie pour la gestion des situations d’urgence aux centrales nucléaires de Doel et Tihange. Et également des cartes spécifiques pour la Défense : navigation aérienne, plan de casernes, etc. Derrière le résultat visuel de la carte se cache chaque fois un développement informatique, des heures de travail pour garantir une lisibilité optimale de l’information.

Quels outils utilisez-vous dans l'exercice de votre métier ?

L’ordinateur est incontournable : la cartographie est aujourd’hui intégralement assistée par ordinateur, nous développons des scripts (Python, VBA), nous utilisons des logiciels SIG (Système d’Information Géographique).

Qu'est-ce qui vous plaît dans votre profession ?

J’aime avant tout la variété de mon métier : développer, définir de nouvelles cartes, avoir autant des discussions entre collègues qu’avec les clients. Avec l’utilisation croissante d’internet, le secteur de la cartographie est en pleine effervescence et les nouveaux projets ne manquent pas. Cette idée me plaît beaucoup aussi, c’est encourageant et on se sent utile.

Quels sont les aspects plus négatifs de votre profession ?

D’une manière générale, je préfère les aspects techniques liés à mon métier. Tout ce qui est management, planification, administration me plaît moins et prend vite beaucoup de temps.

J’apprends cependant petit à petit à apprécier ce côté de mon quotidien, cela m’apprend beaucoup de choses.

Pensez-vous que votre formation en "géomatique-géométrologie" vous a bien formé pour l'exercice de votre métier ?

J’en suis convaincue ! Toutes les techniques utilisées à l’IGN m’ont été enseignées (télédétection, photogrammétrie, cartographie, topographie, géodésie, etc.). J’ajouterai juste qu’une formation universitaire reste majoritairement théorique (malgré les nombreux travaux pratiques) et que la réalité professionnelle diffère fort de l’univers académique. Lorsqu’on a les bonnes bases, la transition est plus souple. J’estime que c’est mon cas.

Pouvez-vous nous décrire une journée type ?

Il est rare que deux journées se ressemblent ! Elles sont juste toutes trop courtes pour faire tout ce qu’il y a à faire ! Une journée type serait peut-être : traiter ses mails, coordonner le travail d’équipe pour la journée, une réunion dans la matinée et l’après-midi pour des développements divers entrecoupés de coups de fils.

Quels conseils donneriez-vous à une personne intéressée par votre métier ?

A refaire, je ferais tout pareil ! J’ai adoré ma vie à l’Université, tant pour le cursus que pour les très nombreux aspects parallèles. Un conseil serait de faire un maximum pour être passionné par ce qu’on étudie : y trouver un intérêt, faire le lien avec des applications concrètes. C’est un bon moteur pour avancer, ça adoucit l’aspect contraignant que peuvent parfois avoir les études.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.