Mr Hubert Roman, Marionnettiste
Interview réalisée en juin 2008 |
Qu’est ce qui vous a poussé à devenir marionnettiste ? Pourquoi avoir choisi cette voie ?
J’ai découvert la marionnette un peu par hasard et j’ai été séduit par elle et par son emprise sur les enfants. C’est donc plutôt elle qui m’a choisi !
Faut-il suivre une formation spécifique afin d’exercer ce métier ?
Chez nous, beaucoup de marionnettistes comme moi ont été “formés sur le tas“ ; sauf à Prague, il n’existait pas d’école. Aujourd’hui les choses ont bien changé : des écoles supérieures existent à Prague, Charleville, Barcelone etc., des cours se donnent dans certaines Universités, les grosses compagnies continuent de former leurs propres animateurs, et le “tas“ est toujours utilisé.
Pourriez-vous retracer votre parcours professionnel, vos débuts ?
En bref, j’ai découvert la marionnette en 1962 et trois ans plus tard, je suis devenu co-fondateur et directeur du théâtre professionnel de marionnettes pour enfants “LES ZYGOMARS“. J’ai effectué de nombreuses tournées en Belgique et à l’étranger, j’ai également été animateur d’émissions TV et de stages. En 1976, j’ai été élu à Moscou au sein du Comité Exécutif de l’UNIMA (Union internationale de la marionnette) dont je suis resté membre jusqu’en 2000. Aujourd’hui, je suis membre d’honneur de cette union. Ensuite, je suis devenu créateur et directeur du Centre Provincial de la Marionnette de la Province de Namur (CPM) aujourd’hui disparu ! Enfin, j’ai effectué de nombreuses prestations de comédien dans le théâtre français et dialectal amateur et professionnel.
Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer dans ce métier ?
L’art de la marionnette est un art de synthèse. Les difficultés rencontrées seront donc multiples, la plus grande, in fine, étant cependant pour le manipulateur d’insuffler la vie à l’objet.
Quelle est la différence entre le marionnettiste et le ventriloque ?
Le travail du ventriloque relève plus de l’animation que du spectacle au sens complet du mot. Utilisant un talent vocal particulier il agit généralement sur une seule marionnette sans environnement scénique (décor, éclairage, autres marionnettes) ou sonore (musique, bruitages) ; il n’y a pas d’action dramatique mais seulement des gags verbaux. Le ventriloque s’adresse me semble-t-il plus généralement à des adultes plus sensibles au “liping“ de la poupée qu’à l’enfant plus imaginatif.
Peut-on vivre de ce métier en Belgique et si oui, comment ?
Je suis très mal placé pour apporter un témoignage sur ce sujet ayant été probablement le seul marionnettiste-fonctionnaire du pays. Je constate cependant qu’il existe pas mal de professionnels de la marionnette de talent dans notre Région qui, en plus des difficultés inhérentes à la profession artistique, doivent lutter contre certains préjugés encore forts présents : la marionnette sous-produit du théâtre d’acteurs et destinée aux enfants.
Quelles sont les qualités nécessaires pour exercer le métier de marionnettiste ?
Polyvalence, patience, recherche, insatiable envie de créer et de convaincre.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer dans la profession ?
Chercher la formation. S’informer auprès de pros en activité. S’essayer peut-être dans une prestation occasionnelle pour découvrir les aspects du métier plus ingrats.
Que fait un marionnettiste à la retraite ?
Sans doute ce que fait un autre retraité : des choses qu’il n’avait pas le temps de faire. Il me semble cependant que le marionnettiste a du mal à couper complètement le cordon et garde certaines activités pendant un certain temps en rapport avec son art (formations, conseils aux étudiants, gestion d’associations de la marionnette, etc.).