Interview anonyme,
Imprimeur, chef d'une imprimerie de 20 à 25 personnes

Les imprimeries vivent-elles bien, aujourd'hui ?

Le parc de machines est énorme. Partout, il y a une surcapacité de production. Cela est dû au nombre extrêmement élevé d'imprimeries en Belgique. La survie dépend du rendement et de la manière de travailler.

Il est évident que le marché est très difficile pour tout le monde. On en arrive à brader les prix pour ne pas perdre de clients. Dans ces conditions, ceux-ci possèdent le beau rôle, ils peuvent tout demander, tout exiger.

De plus, avec l'accès très aisé au matériel informatique et la facilité d'utilisation, beaucoup de clients nous remettent des disquettes toutes faites en pensant que cela va nous faire gagner du temps et qu'il pourront donc réaliser des économies. Pourtant, le contenu de ces disquettes n'a pas souvent été réalisé par des professionnels. Ils sont trop sûrs d'eux et nous perdons beaucoup de temps à pallier leur incompétence. Sans pouvoir le dire, sous peine de perdre la commande.

Quelles sont les conséquences de cette concurrence ?

Il faut, en permanence, investir dans du neuf. Il faut toujours être à la pointe de la technologie pour pouvoir, sans cesse, proposer de nouveaux services, améliorer la qualité. Cela coûte très cher et nous ne sommes jamais sûrs que cela va marcher. Mais il faut suivre la concurrence.

La clientèle tourne beaucoup, il faut toujours proposer quelque chose de nouveau. Pourquoi un client est-il parti ? Service, qualité ou respect des délais...

Il faut suivre. Jusqu'à présent, on suit, mais dans les années à venir...

La survie de votre entreprise n'est donc pas assurée ?

C'est clair que nous sommes trop nombreux et que le secteur devra s'orienter vers des regroupements, des associations d'entreprises. Mais il faut avouer aux gens qui se lancent dans le métier que cela ne fournira certainement pas d'emplois supplémentaires.

La réalité du travail est-elle donc si difficile ?

Le travail est, effectivement, moins valorisant qu'avant. C'est le prix qui gère le travail et les clients font de moins en moins attention à la qualité. Ou alors, ils l'exigent, mais au moindre prix. Donc, avec des délais très courts. Je ne pousserais jamais mes enfants à faire ce métier.

Souvent, les travailleurs sont confrontés à des situations impossibles. Pour s'accaparer des clients, les commerciaux ont souvent tendance à accepter n'importe quelles conditions : techniques, délais, prix. Or, des choses sont possibles, d'autres ne le sont pas. Mais le contrat est signé, les personnes travaillant au sein de l'imprimerie n'ont donc plus qu'à se débrouiller. Les relations entre personnel de l'imprimerie et commerciaux sont souvent difficiles.

Dans ce contexte, comment trouver du boulot ?

C'est difficile de trouver un emploi car il est plus facile pour les entreprises de former un employé ou un ouvrier déjà présent. Il sera opérationnel plus rapidement. En effet, le matériel est constamment renouvelé et la formation est offerte avec la fourniture du nouveau matériel. Il est donc très difficile de prendre le train en marche quand on a pas de travail. Le marché de l'emploi est de plus en plus restreint.

Ceci dit, un des atouts pour trouver un emploi est de connaître parfaitement le processus de production, de A à Z, pour pouvoir mener un contact permanent avec le client et ainsi lui permettre de suivre l'évolution du travail.

Que conseillez-vous à un nouveau venu sur le marché du travail ?

Il faut être prudent. Par la force des choses, toutes les entreprises ne sont pas en excellente santé. Il faut donc prendre énormément de renseignements. De plus en plus, les imprimeries font appel à la main d’œuvre intérimaire. C'est une très bonne façon de se forger une expérience et de se documenter afin de trouver, à terme, un travail stable.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.