Mme Isabelle Mortier,
Podologue-podothérapeute

Interview réalisée en septembre 2016

Quelle est votre formation ?

Après des secondaires en général option langues-informatique et deux années en publicité, je me suis inscrite à la HELB-Iscam (actuellement Haute-Ecole Libre de Bruxelles) en Podologie. J'ai suivi avec succès mes trois années.

Qu’est- ce qui vous a attiré dans le métier de podologue ?

Après mon essai en publicité et ma déception, je cherchais un métier de contact, scientifique et manuel (création de silicones pour les orteils et semelles).

Comment se passe une consultation podologique et quelles sont les problématiques que vous traitez principalement ?

Une consultation commence par une anamnèse qui permet de cibler le type de consultation : soins ou biomécanique.

Soit, on s'oriente vers le traitement d'un cor, d’un ongle incarné, la réalisation d'une orthoplastie (confection sur mesure et placement d’une orthèse d'orteil en silicone destinée à traiter les déformations et leurs conséquences) ou d’un pansement, avec éventuellement des conseils associés à la plainte.

Soit, on réalise un bilan biomécanique (observation de la marche, prise de mesures, empreintes, etc.), en vue de réaliser par la suite des semelles fonctionnelles.

Le patient doit-il toujours se présenter chez vous avec une prescription médicale ?

La prescription médicale est indispensable dans le cas où le patient souffre de diabète. Dans les autres cas, il n'est pas nécessaire d'en posséder une pour venir consulter un podologue.

Vous déplacez-vous parfois au domicile des patients ?

Non. Je l'ai fait au début de ma carrière mais ce n'est plus possible aujourd'hui (trop de perte de temps).

Vous travaillez également au sein d’un centre médical. Cette pratique du métier diffère-t-elle du travail en consultations privées ?

Le travail en lui-même n'est pas fort différent mais le contexte apporte toutefois quelques changements. Par exemple : l'agenda est géré par une secrétaire, le paiement se fait parfois directement à l’accueil. Autre chose, c'est la possibilité de collaborer directement avec un autre professionnel de la santé. En effet, il arrive qu'un chirurgien orthopédiste, dermatologue, etc., frappe à ma porte pour que je vienne voir son patient pour un avis et vice-versav, bien sûr. 

Travaillez-vous en collaboration avec d’autres professionnels ?

Je suis régulièrement en contact direct ou indirect avec des paramédicaux (kinésithérapeutes, ostéopathes) et des médecins (généralistes, endocrinologues, chirurgiens orthopédistes, dermatologues, etc.).

D’après vous, quels sont les avantages et inconvénients du métier de podologue ?

Avantage(s) : c'est un métier concret et la formation est directement liée à ce qu'on fait par la suite. Le contact avec des patients et la possibilité de les soulager de douleurs (très valorisant). Le fait de pouvoir exercer en tant qu'indépendant. Le travail direct avec les patients et aussi en solo en atelier de fabrication de semelles. Chaque patient et chaque plainte étant unique, les "cas cliniques" demandent dès lors une réflexion qui peut sortir du cadre théorique. La possibilité d'évoluer et de progresser.

Inconvénient(s) : les débuts peuvent être difficiles car il faut se créer une patientèle et se faire connaître ; il faut être prêt à être un indépendant avec toutes les contraintes telles que la comptabilité, la disponibilité pour les patients (souvent en dehors des horaires de bureau), les diverses taxes, etc. Etre ponctuel et productif lors des consultations. Gérer son stock et stériliser son matériel quotidiennement. Bref, ne pas avoir peur de consacrer une grande partie de son temps à son activité !

Pensez-vous que votre formation vous a bien préparé à l’exercice du métier ?

Plutôt bien grâce aux stages. Il est certain que l'expérience reste bien entendu la meilleure formation.

Est-il important de continuer à se former ?

Oui, il est capital de ne pas rester fermé sur ses connaissances et voir ce qui se fait ailleurs et notamment au niveau des nouvelles technologies. Par exemple, j'ai appris à faire les semelles avec une technique de thermoformage (technique qui consiste à prendre un matériau sous forme de plaque, à le chauffer pour le ramollir et à le mettre en forme avec un moule. Le matériau durcit lorsqu'il refroidit, gardant cette forme) des matériaux et je suis passé au fraisage numérique (utilisation d’une fraiseuse à commandes numériques pour façonner les semelles ou orthèses, sur base d’une modélisation 3D du pied du patient).

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.