Mr Jean-Marc Hardi,
Consultant web, spécialiste écriture et ergonomie éditoriale

Comment êtes-vous devenu un pionnier de l’écriture web ?

Je suis l’option latin-grec en secondaire et j’accomplis un master en Journalisme à l’ULB. Je souhaite me lancer rapidement sur le marché de l’emploi et j’intègre directement une société d’études de marché. Cet univers très marketing enrichit mes compétences et ma formation initiale.

En 1995-96, je monte "dans les premiers wagons" de l’internet et j’intègre une agence de com­munication par la porte de la technique au service de production. Je suis un passionné des nouvelles technologies et j’apprends en auto­didacte les langages émergents de l’époque : l’html et le css . Au fur et à mesure, j’opère un glissement de la technique vers la gestion de projet et enfin vers la consultance web.

Cette expérience professionnelle me permet de créer des liens entre la technique et la ges­tion de contenu éditorial. Précurseur pour l’époque, notre agence de communication se positionnait déjà sur le contenu éditorial à la différence de la majorité des agences qui misaient sur le design et la technique.

En 2001, je publie le site www.redaction.be, tel un  dossier de réflexion sur l’écriture web. Les réactions sont tellement positives dans toute la francophonie, que je suis amené à créer une offre de formation et de conseil dans la foulée et à en faire complètement mon métier. La combinaison de ma  grande autonomie au sein de l’agence couplée à la crise économique m’amène sur le chemin de la création de ma propre société : User Attraction.

En quoi consiste votre travail ?

Je suis un généraliste du web au sens large et un spécialiste du contenu éditorial web. En tant que généraliste du web, j’interviens en amont ou en aval du projet. En amont, je défi­nis avec le client la stratégie de positionne­ment. Sur base d’une étude concurrentielle, je repositionne le projet vers une niche et l’ancre dans la réalité. En aval, je procède à un audit généraliste et soumet des pistes d’optimisa­tion au client. J’utilise les statistiques issues des outils analytiques et j’identifie les fai­blesses du site web. Selon les besoins, je redi­rige le client vers d’autres sous-traitants.

Ma spécialisation reste l’architecture de contenu et la gestion du contenu d’un site web sous son angle éditorial. Je passe la moitié de mon temps à animer des formations "écrire pour le web" qui sensibilisent les contribu­teurs de contenus web aux bonnes pratiques en la matière. J’accompagne le client dans la mise en place de workflows éditoriaux effi­caces. J’aide le client à faire des maquettes fonctionnelles et graphiques et l’accompagne dans l’élaboration du cahier des charges. Mon approche professionnelle s’inscrit dans une logique du micro-changement. Je pars d’une architecture globalement bien pensée et je propose une évolution par l’optimisation d’une série de  "détails". Objectif : amélio­rer l’expérience utilisateur et gonfler le trafic qualifié.

Quelles sont les qualités requises ?

Être à l’aise dans l’univers des métiers du web, se mouvoir au sein des différentes disciplines constitue une des qualités prépondérantes pour travailler dans le web. Rechercher l’équi­libre : en savoir un minimum sur l’ergonomie, le référencement, les analytiques, les tech­niques d’écriture. L’expertise d’une discipline web s’acquiert via un investissement consé­quent et n’arrive pas directement après les études. Assurer une veille informative et for­mative reste primordial pour un professionnel du web. Cela sous-entend un investissement en temps substantiel. Rapidement pratiquer l’écriture web via un blog, même de manière expérimentale permet de concrétiser la théo­rie ; le blog est un outil à cheval entre la veille et la publication qui permet de se positionner rapidement sur son domaine d’expertise.

Quels sont les freins ?

Un budget est généralement consacré à un projet précis et daté dans le temps. Ce manque de flexibi­lité sur le long terme peut être un obstacle pour le consultant isolé, qui sera contraint de fonctionner en sous-traitant pour une agence web. Le consul­tant peut être aussi confronté à des obstacles psy­chologiques. Lors d’un audit de site, le consul­tant retouche et optimise le site. Dans certains cas, il retouche le travail d’un employé. Cela peut donc parfois toucher certaines susceptibilités. Le consultant veille à respecter le travail accompli et à amener les collaborateurs à comprendre les évolu­tions, c’est d’ailleurs pour cela que l’entreprise l’en­gage, afin qu’il soit un tiers neutre.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui veut se lancer ?

Le premier conseil que je donnerais est de sortir de la logique scolaire attentiste, du mode passif. Avec l’arrivée des nouveaux médias et leur croissance rapide, nous sommes invité à rentrer dans une logique autodidacte de veille et d’autoformation. Mettre en pra­tique, tester permettra de se lancer sur le marché du travail de la filière web.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.