Mr Jean-Pierre Vanbostal,
Responsable de production textile

Interview réalisée en octobre 2014

Comment définiriez-vous le métier de responsable de production textile ?

Comme un organisateur. Un chef d’orchestre ! Il faut que chaque personne reçoive les bonnes instructions au bon moment. Il faut calmer les ardeurs, apaiser les conflits.

Pourrait-on décrire une journée-type ?

Lorsque vous entrez dans l’entreprise, vous rencontrez des personnes qui vous parlent des problèmes de production qu’elles rencontrent. Généralement, on ne vous parle pas des choses qui vont bien. Une fois arrivé dans le bureau, il faut dépouiller les mails internes et externes puis entreprendre des actions sur chaque point.

Quel a été votre parcours jusqu’à votre poste actuel ?

Il a été assez long.

J’ai commencé dans une société qui produisait du textile d’habillement sur des machines circulaires, à Iseghem. Par la suite, j’ai travaillé pour une autre division qui produisait des tricots chaînes pour des applications techniques comme des intérieurs de cheminées, des vêtements de protection, des tissus mis en plis pour former des casques de pilote d’hélicoptère ou d’avion, etc.

Après, j’ai fait mon service militaire. Lorsque je suis revenu, l’entreprise était en difficulté. J’ai trouvé un autre poste dans une société à Gand qui fabriquait des textiles pour la lingerie et les maillots de bain. J’étais assistant de développement.

Ensuite, j’ai quitté l’entreprise et j’ai travaillé deux ans dans l’enseignement comme professeur de cours techniques pour la maille avec des élèves de 17-18 ans.

Une entreprise m’a ensuite contacté pour que je la rejoigne. Vu les nombreuses faillites d’entreprises, je craignais de ne pas pouvoir finir ma carrière comme enseignant dans le textile. J’ai donc rejoint cette entreprise. J’ai d’abord occupé le poste de responsable de développement pour des textiles pour l’automobile. J’ai ensuite été responsable de projet pour plusieurs clients tels que Renault, Volvo, Toyota. Ce travail m’a permis d’avoir un rôle de coordinateur entre le client, le fournisseur, l’usine et de beaucoup voyager. A cette période-là, j’ai parcouru le monde.

Puis l’entreprise a été reprise par un groupe allemand. Nous étions devenus la 88ème entreprise du groupe et les choses ont commencé à mal tourner. Il y a sept ans, j’ai décidé de quitter cette entreprise pour De Poortere Frères. Je savais que l’entreprise était en difficulté mais j’ai voulu relever le défi. J’étais directeur de développement. Malheureusement, après un peu moins de deux ans, l’entreprise a fait faillite. Juste avant qu’elle ne fasse faillite, la directrice de production a quitté son poste et j’ai repris la direction de la production. Au redémarrage de l’entreprise, il y a environ cinq ans, on m’a donc demandé d’être responsable de production et de développement.

La profession a-t-elle évolué ces dernières années ?

Certainement.

Dans tous les secteurs, il faut aller de plus en plus vite, développer sans cesse de nouvelles choses car le marché est demandeur de nouveautés. Un client ne se contente plus d’avoir un même produit dans sa collection durant plusieurs années parce que ses propres clients veulent du changement, un renouvellement constant. Nous sommes donc contraints à faire plus d’articles, moins de quantité par article, donc à nous diversifier davantage.

L’usine De Poortere Frères était spécialisée dans le tissu uni pour l’ameublement. En sus de l’ameublement, nous avons donc aussi orienté l’usine vers la décoration de façon plus large c’est-à-dire les rideaux et tous les accessoires qui peuvent décorer une maison. A l’heure actuelle, nous faisons également de l’embossage, de la gravure au laser (pour dessiner des logos d’entreprises ou d’hôtels), de l’impression numérique, etc. L’impression numérique est très en vogue en ce moment car les techniques d’impression au jet d’encre sont en pleine révolution.

Qu’est-ce qui est difficile dans le métier ?

La pression.

Le responsable de production se situe entre :

  • les actionnaires qui ont besoin de résultats ;
  • les fournisseurs qui veulent vendre leur marchandise et grandir avec vous. Mais vous ne pouvez pas grandir avec tout le monde. Il faut faire des choix. Inévitablement, des personnes sont donc mécontentes ;
  • le client. Habituellement, nous n’avons pas de contact direct. Mais je me déplace occasionnellement avec notre directeur commercial. Dès qu’il y a un problème de qualité, vous êtes obligé de mouiller la chemise, d’aller vous expliquer et de trouver une solution rapidement parce que nous sommes dans un monde très pressé ;
  • les collègues qui ont besoin de vous et qui sont plus ou moins exigeants en fonction de leur caractère.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans votre travail ?

La diversité.

Le fait que tous les jours ce soit différent et que vous ne sachiez pas le matin de quoi votre journée sera faite. Vous pouvez prévoir une journée, l’organiser, y avoir planifié de nombreuses choses, et finalement faire tout à fait autre chose ! Le principal, c’est que les choses avancent, qu’elles progressent. Le plus difficile, c’est de stagner. Mais lorsqu’on voit qu’on a fait quelque chose qui conduira à une progression de l’entreprise et que toutes les personnes (fournisseurs, clients, collègues, etc.), sont satisfaites, c’est très motivant. 

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.