Mr Johnny Gary, Eclusier
Interview réalisée en novembre 2020 |
Pouvez-vous présenter votre écluse, votre lieu de travail ?
Je suis depuis 1983 à la 1ère des 9 écluses de la Haute Sambre située à Solre-sur-Sambre. Je suis le responsable d’une équipe de quatre éclusiers.
Comment devient-on éclusier ?
A mon époque, il n’y avait pas d’examen mais désormais il y en a un. Il est organisé, en cas de place vacante, par le Service des Voies Hydrauliques de Wallonie. Pour y avoir accès, il faut juste posséder le permis de conduire et un brevet de natation sur 100m. Le métier s’apprend lorsque l’on est en fonction.
Quel est le principe de fonctionnement d’une écluse ?
Lorsque nous sommes informés, via un site internet uniquement consultable par les employés des Voies hydrauliques de Wallonie, du prochain passage d’un bateau dans notre zone, nous faisons monter l’eau à l’intérieur de l’écluse pour équilibrer les niveaux de part et d’autre. Cette opération se fait manuellement avec une vanne.
Concrètement, pour le cas d’un bateau se dirigeant vers l’amont et pénétrant dans l’écluse, on ferme les portes et les vannes inférieures formant ainsi un sas étanche. Ensuite, on ouvre les vannes supérieures, ce qui permet à l'eau de pénétrer dans l'écluse par gravité et d'élever l'embarcation. Lorsque le niveau de l'eau dans l'écluse correspond à celui de la partie amont du canal, on ouvre les portes supérieures et le bateau poursuit sa route vers l'amont. On procède en sens inverse pour ceux qui font route vers l'aval.
Lorsque le bateau est à l’arrêt dans l’écluse, nous contrôlons les documents de bord et encodons son passage dans un programme de gestion informatisée de la navigation. Cela permet ensuite aux Voies Hydrauliques d’établir des statistiques concernant les allées et venues des bateaux. Selon les cas, nous pouvons procéder à une inspection rapide du bateau, notamment en ce qui concerne la position du chargement et, en cas de problème, en référer au batelier lui-même.
A l’entrée et à la sortie de l’écluse, et particulièrement lors de grands débits, nous assistons le bateau via des cordes que l’on attache aux bites d’amarrage pour que cette entrée et cette sortie de l’écluse se passe bien. Une fois que le bateau a quitté notre tronçon, nous prévenons alors par téléphone ou via le site internet nos collègues du tronçon suivant que le bateau se dirige dans leur direction.
Nous veillons à ce que toutes ces opérations se déroulent dans des conditions optimales de sécurité et dans le respect de la réglementation en vigueur.
Combien de bateaux passent par l’écluse quotidiennement ?
Cela dépend de plusieurs paramètres comme la saison et l’écluse elle-même, parfois une cinquantaine et c’est donc autant de fois qu’il faut répéter les manœuvres de l’écluse. En Wallonie, l’ouverture et la fermeture de l’écluse se fait encore manuellement mais, en France, cette opération est automatisée. Cela pourrait aussi bientôt l’être chez nous.
Quels sont les autres aspects du métier ?
Un très gros volet du métier, et le plus compliqué, consiste à augmenter ou diminuer le niveau du cours d’eau du barrage situé à quelques mètres de l’écluse. Nous sommes informés en permanence des débits via un coffret de mesures des niveaux, mais nous recevons aussi des alertes sur notre téléphone portable. Lorsque cela se révèle nécessaire, nous retirons ou ajoutons des poutrelles au barrage. Celles-ci sont soulevées ou abaissées par des chaînes en acier. Cette opération est heureusement motorisée et ce n’est plus aussi pénible physiquement que par le passé !
Par ailleurs, nous donnons divers renseignements aux bateliers et autres usagers de la voie d’eau et nous transmettons via le site internet spécifique les informations fluviales et de situation des eaux. C’est également nous qui effectuons les travaux d’entretien de l’ouvrage, de ses annexes et de ses abords.
Quel est votre horaire de travail ?
L’écluse de la Haute-Sambre est ouverte du 1er avril au 31 octobre de 9h00 à 18h00 toute la semaine et du 1er novembre au 31 mars de 8h00 à 16h00 du lundi au vendredi. L’horaire varie d’une écluse à l’autre. Lorsque nous sommes de garde, généralement une semaine sur quatre, nous pouvons être appelés à tout moment de jour comme de nuit pour procéder à des opérations d’urgence de manutention des eaux. C’est la raison pour laquelle les éclusiers doivent être domiciliés sur place, ce qui est mon cas, ou pas trop loin de l’écluse.