Mme Lise Meurisse,
Pompière volontaire

Comment avez-vous pris la décision de devenir pompière-volontaire ?

Quand j'étais en rhéto, j'ai passé mon brevet de sauvetage de natation avec l'intention de devenir maître-nageur. Cela m'a donné envie de continuer dans le sauvetage. Je me suis donc informée à l'armée où l'on m'a répondu qu'elle n'engageait pas de femmes plongeur ou pompier. Ensuite, je me suis renseignée pour partir travailler à la côte mais ça ne m'intéressait pas vraiment puisqu'il s'agissait d'un travail saisonnier et que je n'avais pas vraiment envie de quitter Tournai. Et, un jour, en discutant avec quelqu'un à propos de mon futur métier, je lui ai expliqué ce que je cherchais et cette personne m'a répondue que je devais tenter de devenir pompière puisque cela correspondait à ce que je désirais. C'est donc comme ça que je suis arrivée là où j'en suis. Plus tard, je me suis souvenue que, petite, je disais que voulais être pompière.

Quelle formation avez-vous suivie ?

J'ai d'abord fait l'école du feu, qui est obligatoire pour devenir pompier, avec la caserne. Cette formation se donne tous les samedi pendant environ 6 mois. Pour devenir pompier, on peut aussi suivre une formation d' A.M.U. (aide médicale urgente) pour monter en ambulance, passer son permis camion (permis C) ou devenir opérateur pour s'occuper des pompes des camions.

Après avoir terminé l'école du feu, j'ai passé mon brevet A.M.U. et, dernièrement, mon brevet de caporal. Je fais aussi partie de la section plongeur de la caserne. Il faut un délai de 2 ans entre chaque brevet et les cours se donnent toujours les samedi sur une durée de 6 mois. Maintenant, j'envisage peut-être de passer mon brevet de sergent mais j'ai encore le temps d'y réfléchir. Je m'entends très bien avec les volontaires rentrés au même moment que moi et si on reste ensemble, on va continuer à passer les brevets en même temps. Si ce n'est pas le cas, on attendra longtemps avant de les faire.

Quelle est la différence entre pompier volontaire et pompier professionnel ?

Le travail de pompier est l'activité principale des pompiers professionnels. Ils ont donc des journées fixes de boulot. Par exemple, ils travaillent une journée, le lendemain, ils travaillent de nuit et ont ensuite deux jours de congé. Par contre, les volontaires sont de garde une semaine sur six. Nous ne sommes pas à la caserne mais chez nous et on se rend à la caserne si on nous bipe. Les volontaires peuvent également être rappelés en cas de manque d'effectifs à la caserne (maladie, formation, etc.) ou de grosse intervention.

Comment se déroule une journée-type à la caserne ?

Il y a des rôles établis à chacun : échelle, conducteur du premier départ feu, porte-lance, chef, convoyeur citerne, convoyeur échelle, etc., et on fonctionne avec un système de tournante. Tous les matins, on fait le tour des véhicules pour vérifier qu'il ne manque rien, et les essais radios. Ensuite, à 7h45, nous faisons du sport pendant une heure. Ca peut aussi bien être du football que du volley-ball ou encore de la natation. De 9h00 à 9h30, c'est la pause déjeuner et ensuite nous vaquons aux tâches prévues par l'officier. Ces tâches peuvent être des tuyaux à nettoyer, acheter des pièces manquantes, réparer un véhicule, plonger, etc. Il y a toujours quelque chose à faire à la caserne.

Est-ce que, en tant que femme, vous êtes exclue de certaines tâches ou, au contraire, dévolue à d'autres particulières ?

Non, on fait tous la même chose. Il n'y a pas d'exceptions.

Certains hommes vous font-ils particulièrement ressentir que vous êtes une femme dans un milieu d'hommes ?

Certains oui, mais ils sont rares et je ne m'en soucie pas puisque je pense que je suis tout à fait capable de faire ce que je fais, sinon je ne serai pas là.

Quelles sont les qualités requises pour devenir pompier ?

Avant tout, il faut se rendre compte que le métier de pompier n'est peut-être pas tout à fait ce que l'on imagine ! On ne part pas au feu tous les jours et il n'est qu'une petite partie de nos interventions. 80% de nos interventions sont des ambulances, les gens qui nous appellent pour une intervention réagissent de différentes manières, nous devons donc être discrets, patients et calmes.

Comment a réagi votre entourage ?

Ils ne m'ont d'abord rien dit parce qu'ils savent que je suis butée et que, s'ils m'avaient dit que je n'y serai jamais arrivée, je me serai davantage obstinée pour encore mieux réussir les tests. Mais ils pensaient tous que je n'allais pas réussir. Lorsque j'ai réussi les tests et que j'ai été prise comme volontaire, ils ont bien dû se faire à l'idée même s'ils pensaient toujours que j'allais me démotiver ou que ça ne me conviendrait pas. Maintenant, ils se rendent bien compte que ça me convient très bien.

En quoi consistent les tests de sélection ?

Une visite médicale et, si elle est satisfaisante, les tests physiques. Ces tests consistent en une montée à l'échelle en moins de 40 secondes, une course de 600 mètres, une montée à la corde, un sauter de 2 mètres de haut, un sauter d'une longueur de 2 mètres sans élan, 20 pompages, des tractions et porter quelqu'un de son poids sur son dos sur une distance de 50 mètres. Les tests de recrutement sont communaux et sont parfois différents dans d'autres casernes.

Comment voyez-vous le futur ?

J'ai terminé mon bachelier de droit mais je ne me vois pas travailler dans un bureau parce que je pense que cela va m'ennuyer et, en plus, cela ne me laissera plus beaucoup de temps pour la caserne. Cette année, je travaillais à la piscine, en horaire alterné (une fois le matin, une fois l'après-midi) et donc, cela me laissait du temps pour la caserne. Pour le moment, j'ai envie de continuer à travailler à la piscine et de passer les tests professionnels. Une fois que j'aurai réussi ces tests, je déciderai de ce que je veux vraiment faire.

Connaissez-vous d'autres femmes dans d'autres villes qui sont aussi bien intégrées dans un métier d'hommes ?

Oui je connais une femme à la caserne de Lessines qui est aussi très bien intégrée.

Y a t-il un féminin pour pompier ?

J'ai fait quelques recherches à ce sujet et apparemment, on dit pompière mais je ne trouve pas ce mot beau du tout. Donc, je continue à dire "pompier".

Quelle est la situation la plus marquante que vous ayez vécue depuis que vous êtes volontaire ?

Un accident de la route, sur une autoroute où on a dû désincarcérer une personne décédée. Mais c'était ma toute première ambulance et donc c'était particulier.

Pensez-vous qu'il y ait des choses à changer pour davantage intégrer les femmes ?

Tout se passe bien dans ma caserne et j'ai beaucoup de chance par rapport à ça. Quand j'étais étudiante en droit, j'ai fait mon stage à la police et réalisé mon mémoire sur l'intégration des femmes dans la police. Là-bas, j'ai eu une vue extérieure et je me suis rendue compte que les femmes ont encore beaucoup de mal à se faire une place. Cela m'a fait réfléchir sur la mienne à la caserne et il est sur que, si une différence existe, je la vis correctement. Mais je crois qu'il faudra encore attendre longtemps avant que les hommes disent et pensent qu'un homme égale une femme.

Avez-vous déjà entendu des jeunes filles qui vous ont dit qu'elles voulaient faire comme vous plus tard ?

Quelques-unes oui et, une fois, une est venue à la caserne parce qu'elle voulait devenir pompier. Les garçons l'ont mises sur l'échelle et elle s'est rendue compte qu'elle avait le vertige. Au prochain recrutement, il y a plusieurs filles inscrites et donc mes collègues me taquinent en me disant que je ne serai plus la seule.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.