Mr Lucas,
Matelot "pont" à la Marine belge
Interview réalisée en janvier 2005 |
Pourquoi avoir choisi de travailler dans la marine ?
J'ai toujours été un amoureux de la mer, et cela depuis tout petit. Cela vient peut-être du fait que j'ai souvent été en vacances à la côte. De même, j'ai fait de la plongée sous-marine très jeune. Je souhaitais faire de ma passion mon métier. Après divers renseignements pris à gauche et à droite, j'ai estimé qu'entrer à l'armée dans la composante marine était ce qui me convenait le mieux pour toucher mon rêve de plus près. Dès la fin de mes secondaires, je me suis donc engagé dans cette voie.
Vous avez intégré directement l'équipage d'un navire ?
Après ma formation de trois mois, j'ai en effet été incorporé au sein d'un équipage sur un dragueur de mines. Je tiens toutefois à préciser que l'on n'est pas tout le temps en mer. On reste parfois de longues périodes à quai.
En quoi consiste le métier de matelot pont ?
C'est un métier multifonctions. On assure l'entretien du bateau, les tâches et les manoeuvres données par le personnel de bord, on aide à la manoeuvre de ponts (amarrage, guider le pilote), on participe à la vie a bord (cuisine, courses), on fait la vigie, on s'occupe du cordage. Par ailleurs, on aide aussi à la navigation fluviale (signalisation, lectures de cartes), on rédige des notes et mémos de bord à l'embarquement, etc. A quai, on garde le navire. Certaines de ses tâches peuvent paraître ingrates.
Vous avez navigué sur un dragueur de mines. Pouvez-vous nous parler du travail effectué par vos collègues plongeurs-démineurs ?
Leur mission consiste à éliminer la menace posée par des mines. Pour cela, ils utilisent un sonar qui permet de les détecter et de les localiser. Il faut les rendre inoffensives ou les faire sauter. Lorsqu'ils sont à terre, leurs missions sont différentes : nettoyage de nappes de pétrole, déminages d'obus datant des guerres, recherche des corps, entretien du matériel de plongée.
Où avez-vous navigué ?
J'ai eu la chance de naviguer sur bon nombre de mers et d'océans. J'ai été en Arabie Saoudite, en Afrique, au Pakistan, dans le Golfe Persique. C'est un des avantages du métier. D'ailleurs, il n'est pas rare que des contacts se créent entre la population locale et nous. Ainsi, j'entretiens, depuis de longues années, une correspondance avec une personne que j'ai rencontrée lors d'une de mes missions en Afrique.
Quels sont les autres avantages ?
Le salaire. Lors des mois où l'on est en mer, on peut être payé le double !
Quel conseil donneriez-vous à une personne désireuse d'exercer votre métier ?
Il ne suffit pas d'aimer la mer pour s'engager et travailler sur un navire. C'est une vocation. C'est un métier très exigeant à tous points de vue. Il peut arriver que nous soyons partis 8 mois sur l'année. Ce n'est donc pas évident de mener une vie de famille normale.
Etre sur un bateau, c'est vivre 24h/24 avec ses collègues. Ce n'est pas comme si après le boulot on rentrait chez soi pour regarder paisiblement la télé ! Quand on navigue, on est en permanence sur son lieu de travail.
Quelles qualités faut-il avoir, selon vous, pour travailler à bord d'un bateau ?
L'autonomie, avoir l'esprit d'équipe et de solidarité et le respect de l'environnement.
Avez-vous une anecdote à raconter ?
En plus de vingt ans de navigation derrière moi, j'ai pu en récolter plusieurs ! Je me rappelle que dans le cadre d'une mission humanitaire au Congo, lorsque notre navire a appareillé, nous avions été accueillis par un groupe musical local. Pendant que nous déchargions tout le matériel, ils ont joué pour nous. Et ils étaient accompagnés de danseuses !
Quand je ferme les yeux, je revois aussi certaines images marquantes, comme un lever de soleil au cercle polaire.