Mr Ludovic Demany, Batelier

Interview réalisée en novembre 2020

Comment êtes-vous devenu batelier ?

C’est une tradition familiale. Mon grand-père était batelier et mon père également. Pourtant, je ne me destinais pas spécialement à embrasser cette profession. D’ailleurs, je n’ai pas suivi la formation de batelier en CEFA, j’ai étudié l’électronique dans le secondaire ! Mais après avoir obtenu mon CESS, j’ai passé tous les brevets pour pouvoir naviguer. J’aimais déjà beaucoup cela étant jeune lorsque j’étais sur le bateau avec mon père et c’est toujours le cas aujourd’hui. Je suis donc heureux d’en avoir finalement fait mon métier !  

Comment vous êtes-vous lancé dans cette profession ? 

J’ai eu la chance d’avoir de l’aide de ma famille pour l’achat de mon premier bateau, ce qui fait que j’ai pu très vite travailler. Ce premier bateau était de petit tonnage. Au fil du temps, j’ai acheté des bateaux de plus en plus grands. Mon bateau actuel, le «Loana Calista», est mon 4eme et transporte jusqu’à 1250 tonnes. 

Quel type de transports effectuez-vous et où naviguez-vous ?

Je navigue sur toutes les voies fluviales de Belgique, de France, d’Allemagne et des Pays-Bas. Au cours de ma carrière, j’ai acheminé du charbon, du sel, des minerais, des ferrailles, des pierres, du gravier. Actuellement, je privilégie des chargements de produits comme des céréales ou du petit charbon. Certes, les chargements et déchargements se font sur un rythme plus lent, et donc c’est moins rentable financièrement parlant, mais c’est plus tranquille et de plus, ce type de marchandises endommage moins l’embarcation. 

Et comment trouvez-vous ces contrats de transports ?

Les bateliers travaillent avec des affréteurs qui leur soumettent des missions elles-mêmes soumises par des clients, le plus souvent des entreprises. Le prix est fixé selon le tonnage et/ou la destination. Le batelier est libre d’accepter le transport ou non. Certains ne travaillent qu’avec un seul affréteur, d’autres avec plusieurs, ce qui est mon cas. Par ailleurs, des bateliers peuvent aussi louer leur bateau pour une certaine période pour des opérations bien précises comme, par exemple, le dragage ou le transport de containers.  

Vous vous occupez vous-même du chargement et du déchargement ?

Non, ces tâches sont pour des dockers ou des manutentionnaires de l’entreprise. Le job d’un batelier est de transporter des marchandises d’un point A à un point B.   

Quels sont vos membres d’équipage ?

Ma compagne et moi ! Mais nous avons déjà eu par le passé des étudiants du CEFA de Huy pour nous donner un coup de main. D’autres bateliers engagent des matelots pour tout ce qui concerne l’entretien et le nettoyage du bateau. 

Tous les bateliers ont leur propre bateau ?

Non, ce n’est pas toujours le cas. Certains louent leurs services à des propriétaires de bateaux soit en tant que salariés soit comme indépendants. Beaucoup de jeunes commencent d’ailleurs comme ça car l’achat d’un bateau n’est pas donné à tout le monde. 

Combien coûte un bateau ?

Tout dépend du tonnage. Un bateau de 250 tonnes reviendra plus ou moins à 100000 euros, un d’environ 600 tonnes à 150000 euros. Un bateau de 1000 tonnes peut aller jusqu’à 500000 euros. Généralement, s’il n’a pas de grandes ressources financières, le jeune batelier commence avec un bateau de 500 ou 350 tonnes. On peut trouver des bateaux d’occasion via des agences spécialisées.     

Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ?

Je réside 90% de mon temps sur le bateau. J’adore me réveiller chaque jour dans des endroits différents, voir différents paysages. Il y a aussi le plaisir de la conduite ainsi que la rencontre avec divers professionnels de pays différents. Converser avec eux est toujours un enrichissement personnel. 

Et quels sont les côtés les plus difficiles ?

L’éloignement des proches. La difficulté de suivre la scolarité des enfants. Les enfants de bateliers sont souvent en internat et donc on ne les voit que le week-end. C’est une vie particulière, riche de rencontres certes, mais aussi de solitude lors de la navigation. De plus, ce n’est pas toujours évident de vivre sur un bateau 24 heures sur 24. Certains peuvent toutefois avoir des horaires fixes, c’est le cas, par exemple, de ceux qui conduisent des bateaux de tourisme, mais ce genre de poste disponible n’est pas très fréquent.  

Quelle qualité souhaitez-vous mettre en avant pour exercer ce métier ?

Le goût de l’effort et du courage : entretenir et nettoyer un bateau demande beaucoup d’énergie.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.