Mr Ludovic Juste,
Electricien automaticien

Interview réalisée en septembre 2006

Electricien automaticien chez Caterpillar Belgium.

Quelle est votre formation ?

J’ai fait mes études d’électricien automaticien à l’IRAM, à Mons, en Promotion Sociale. Les cours avaient lieu le samedi et je faisais cela en plus de mes cours en semaine. En fait, ce que l’on apprend à l’école ne suffit pas pour dépanner une machine, surtout avec les nouveaux programmes qui apparaissent continuellement. Je trouve aussi qu’il faudrait organiser des visites et des stages en entreprise pour connaître la réalité du métier.

Quel est votre parcours professionnel ?

Dès la fin de mon parcours scolaire, Caterpillar m’a contacté pour passer des tests. L’école avait transmis mes coordonnées à l’entreprise. Cela a été mon premier boulot. Je suis entré au centre de formation où, pendant deux mois, j’ai entrepris une formation en maintenance. L’entreprise a remarqué que j’étais doué en automatisme. J’en avais fait pendant trois ans à l’école et j’ai un esprit logique donc, pour moi, c’était un jeu d’enfant. On m’a d’abord envoyé dans la section MGH (Magasin Grandes Hauteurs, où on marque les pièces) car on y fait beaucoup d’automatisme. Pendant trois ans, j’ai eu plusieurs CDD (contrats à durée déterminée) mais, finalement, cela a porté ses fruits puisque je suis toujours là.

Quel regard portez-vous sur votre métier ?

J’ai toujours souhaité faire ce métier. Quand j’étais petit, je disais déjà que je voulais être électricien. Je voyais mon père travailler dans ce domaine et cela me plaisait. Ensuite, à l’école, j’ai eu des cours d’automatisme et je me suis rendu compte que cela me plaisait encore plus que l’électricité. J’y ai pris goût même s’il est vrai qu’au début je ne savais pas ce qu’était un automate.

En quoi consiste votre travail ?

Je dois préparer tout ce qui est relatif à la sécurité. Il ne faut jamais agir de manière trop précipitée. Il faut respecter les procédures de verrouillage car un accident est vite arrivé. Il suffit parfois d’une tâche d’huile par terre… Quand il faut couper le courant, il devient parfois difficile de trouver l’origine d’une panne. Il peut donc nous arriver de laisser le courant mais il faut faire très attention. En terme de travail, on fait des relances de machines, on élabore des processus préventifs pour faire en sorte que les pannes ne surviennent plus car ce sont souvent les mêmes problèmes qui surgissent. Pour cela, nous procédons à des modifications électriques ou mécaniques. Moins il y a d’interventions, moins il y a de risques ! Mon boulot comprend 60% de dépannage, 30% de travail préventif et 10% de tâches administratives.
Quand il y a une modification, il faut faire un nouveau plan sur AutoCAD, le logiciel utilisé pour dessiner les plans, et il faut prévenir les différentes équipes que quelque chose a été modifié sur la machine. Depuis peu, nous avons créé une adresse mail pour chacun afin de prévenir l’ensemble du personnel de la section d’un changement quelconque. De plus, il y a en permanence sur place un cahier qui permet de communiquer avec l’équipe suivante. Ces deux mesures sont complémentaires.

Quelles sont les qualités requises dans votre métier ?

La motivation est importante. Il faut avoir constamment en tête les consignes de sécurité, avoir un esprit d’équipe et un esprit logique pour les dépannages. Les plus jeunes ont tendance à foncer or, il faut réfléchir avant d’agir sur une machine. Chacune a sa propre procédure de verrouillage et de dépannage. Il est donc indispensable de disposer d’informations mises à jour.

Y a-t-il des risques pour la santé ?

Il y a des risques électriques. Lorsqu’on dépanne une machine, il faut être prudent, surtout quand on travaille dans l’urgence. Parfois, nous sommes obligés de laisser le courant pour ne pas paralyser d’autres machines. Il faut impérativement regarder le plan avant de travailler dans la machine et se laisser le temps d’identifier et d’évaluer le problème. Ce n’est pas toujours évident car il y a une pression non verbale des collègues de la production pour que l’on reprenne le travail rapidement mais, à ce niveau, les mentalités évoluent petit à petit.

S’agit-il d’un travail à pauses ?

Malheureusement, oui ! Chez Caterpillar, on a besoin d’électriciens 24h/24. Cela fait à présent 6 ans que je travaille l’après-midi. Je me suis adapté et j’arrive à gérer ma vie en fonction de cet horaire.

Le métier d’automaticien a-t-il évolué ?

On utilise davantage les automates. Les machines automatiques munies d’un petit boîtier ont remplacé les énormes armoires électriques d’auparavant. C’est mieux. Tout est géré par un automate donc lorsqu’il y a un problème, ce ne peut être qu’au cœur de la machine.
Ce changement a nécessité beaucoup d’adaptations. Nous allons souvent en formation. Ici, on essaie d’installer la même technologie partout. Le programme est parfois différent mais les machines sont identiques, ce qui facilite le dépannage. Récemment, nous avons eu une formation assez poussée, axée sur le dépannage et les nouveaux automatismes. Les installations deviennent vite désuètes, donc il est nécessaire de se former en permanence. Nous avons pour cela un centre de formation interne. L’idéal, toutefois, serait d’être formé par la personne qui vient installer la machine.

Est-ce un métier d’avenir ?

Oui. On ne trouve plus tellement de personnes qualifiées. Pourtant, il y aura toujours des électriciens automaticiens. A moins qu’une machine ne vienne nous remplacer mais comme une machine ne pourra jamais réparer une autre machine, on aura toujours besoin de l’homme.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à une personne qui souhaiterait exercer cette profession ?

Au niveau des études, il faudra poser de nombreuses questions aux professeurs car l’école et l’entreprise sont deux choses très différentes. Quand cette personne sera diplômée et qu’elle aura trouvé du boulot, elle ne devra pas trop foncer car l’important est de travailler en sécurité.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.