Mr Manuel Notredame,
Ingénieur industriel

Responsable du département des grandes révisions des Hercules C130.

Qu'est-ce qu'un ingénieur industriel ?

C'est quelqu'un qui doit être polyvalent, pas aussi spécialisé qu'un ingénieur civil mais plus flexible que celui-ci.

Quelles qualités doit-il avoir ?

Cela dépend de sa fonction et de son travail. Il doit, en tout cas, avoir un certain niveau intellectuel, être terre-à-terre et proche de ses ouvriers. Il doit donc être fort en relations humaines car il est le lien entre les instances supérieures et bases.

Dans mon cas, je m'occupais, au début, de la maintenance en ligne d'avions, puis j'ai travaillé sur les grandes révisions, puis j'ai été responsable du département. Cela évolue avec le temps.  Régulièrement, il y a un travail de formation, de management, de marketing, etc. Cela signifie qu'il faut aussi une remise en question continuelle.

Quels sont les différents types d'ingénieur industriel ?

Il y a les ingénieurs en électricité, ce qu'on appelle « courant fort », soit l'électrotechnique.  Il y a ensuite les ingénieurs en « courant faible », soit l'électronique. Il y a des ingénieurs en chimie, en nucléaire, et même, en chimie nucléaire, en mécanique, en construction (ponts et chaussées), en électromécanique et maintenant, il y a des sections « aéronautique ». 

Quels emplois occupent les ingénieurs industriels dans l'aéronautique ? 

Brussels Airlines emploie aussi bien des ingénieurs en chimie que des ingénieurs en mécanique, électricité ou construction, il y a même un ingénieur spécialisé dans le nucléaire. Il y a un peu de tout et c'est plus ou moins équilibré. Les dominantes sont l'électricité, l'électronique et la mécanique. Il y a également tout le département « engineering » où l'on étudie tout : structure, radionavigation, hydraulique, etc. Et dans les autres entreprises aéronautiques, c'est la même chose.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier d'ingénieur industriel ?

La raison est simple : quand je suis sorti des études secondaires techniques, je ne savais pas comment j'allais réagir vis-à-vis des études universitaires. A ce moment-là, tout le monde n'allait pas à l'université. J'ai alors décidé de me lancer dans des études de type long en Haute-Ecole en ingénieur industriel. J'aime bien la théorie et la pratique et c'est justement le propre de l'ingénieur industriel.

Pourquoi avoir choisi de travailler dans le secteur aéronautique  ?

Je n'ai pas toujours été attiré par l'aéronautique. Avant, je travaillais dans une société à Bruxelles et j'ai postulé dans de nombreuses grandes sociétés. J'ai donc passé les examens à Brussels Airlines et au fur et à mesure, j'ai tout réussi et j'ai été engagé.

Quelle formation avez-vous reçue ?

J'ai fait les deux premières années de l'enseignement secondaire général, puis, je suis allé en technique et j'ai fait les 3ème et 4ème secondaires en option électromécanique. En 5ème et 6ème secondaire, je me suis dirigé vers l'option électricien-automaticien. j'ai donc obtenu mon CESS et un certificat de qualification.  

Pour l'enseignement supérieur, j'ai suivi le bachelier et le master d'ingénieur industriel en électricité à l'ISIB.

Quelles sont vos tâches quotidiennes ?

Le département s'occupe de la grande révision (tout est démonté, révisé et remonté) et du traitement extérieur de Boeing, Airbus et Lockheed C130. Je supervise et contrôle le tout, jusqu'à m'occuper de la répartition des congés annuels. Je dois suivre une ligne conductrice et « forcer » le personnel à la suivre. Mais, attention, je n'impose pas, je préfère le dialogue.

Comment se déroule une journée de travail ?

J'arrive vers 7h30 et je prépare la réunion de 8h30. Tous les responsables de production se retrouvent ensemble pour discuter des tâches qui incombent à la production du département (problèmes sociaux, directives pour le personnel, etc.).

A partir de 9h30, je travaille soit à mon bureau ou je vais sur le terrain pour suivre l'évolution du travail.

On fait souvent de petites réunions tout au long de la semaine avec un minimum de personnes où l'on parle de points bien précis. Nous faisons des « Working Groups » sur la sécurité des biens et des personnes. A côté de cela, il y a toujours des imprévus ou des réunions à l'étranger. J'ai déjà été plusieurs fois au salon du Bourget où j'ai dû me rendre sur les lieux d'un crash pour faire une estimation des dégâts et des réparations.

Quels sont les points négatifs de votre profession ?

Le secteur est instable. Je ne crains pas pour mon emploi, mais le fait qu'il soit instable provoque chez le personnel une certaine crainte. Il sent qu'il doit faire attention s'il veut garder son emploi.

Quels sont les points positifs ?

Tout d'abord le secteur aéronautique en lui-même. Nous avons aussi de grands projets techniques et nous aboutissons dans notre travail, cela apporte une grande satisfaction pour le département. Nous avons également de nombreux contacts avec l'extérieur (Grande-Bretagne, États-Unis, etc.) Et puis, nous pouvons également faire part de notre expérience dans ce milieu qui fait toujours rêver de nombreuses personnes.

D'après vous, quelles qualités les personnes qui veulent se lancer dans le métier, doivent-elles avoir ?

Il faut, tout d'abord, avoir un certain bagage intellectuel. Il faut ensuite avoir une bonne gestion de son temps et donc de ses études. Savoir planifier et être solide mentalement sont également des aspects importants dans le métier d'ingénieur industriel.

Avant d'entamer les études d'ingénieur industriel, conseillez-vous de faire une 7ème PES (préparatoire à l'enseignement supérieur) en math-sciences ?

Non, cela n'est pas nécessaire selon moi. Au premier bloc du premier cycle, les professeurs revoient tout à partir des bases. Puis ça s'enchaine assez rapidement.

Et l'anglais ?

Il y a 4-5 ans, on engageait encore des gens qui n'étaient pas réellement bilingue ni trilingue. Maintenant, il faut connaître le néerlandais et l'anglais. Dans mon travail, par exemple, nous avons des relations importantes avec des responsables à l'étranger, il est donc important d'être polyglotte. L'anglais technique s'apprend en exerçant le métier, mais il faut néanmoins un bagage et une aptitude.

Quels conseils donneriez-vous aux futurs ingénieurs industriels ?

Il faut d'abord pouvoir gérer ses études. Il ne faut pas négliger les langues. Une fois le diplôme en poche, il faut postuler et bien se présenter lors de l'interview. Il y a des gens très compétents qui postulent pour un emploi, mais qui sont incapables de se vendre. Pour décrocher un travail, maintenant, il faut vraiment les deux.

Quelques petits conseils :

  • connaître la société où l'on postule ;
  • ne pas être passif, poser des questions sur la société, sur la fonction future ;
  • dire ce que l'on pourrait apporter personnellement à l'entreprise, en dehors de ses connaissances techniques et de sa fonction (dynamisme, etc.) ;
  • ne pas aborder directement le salaire.

Comment voyez-vous l'avenir du secteur et de la profession ?

Je crois qu'en aéronautique, cela va devenir de plus en plus pointu, à tous niveaux (technologie, qualité, etc.). Du point de vue main d'oeuvre, on a déjà atteint un certain niveau et on est compétitif.  Il y a une recherche d'un bon rapport qualité/prix.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.