Mme Marie, Infirmière en pédiatrie

Interview réalisée en janvier 2005

Pourriez-vous présenter le service dans lequel vous travaillez ?

Il s'agit d'un service de pédiatrie où sont hospitalisés environ 20-25 enfants, âgés de 5 jours (dès la sortie de la maternité) à quinze ans, tant pour des motifs médicaux que chirurgicaux. Ce service est composé d'une cheffe de service, de trois pédiatres, d'une grosse quinzaine d'infirmières et d'un infirmier qui ont tous fait une spécialisation en pédiatrie, excepté une infirmière. Mais elle est forte d'une expérience de vingt ans et possède des connaissances phénoménales, notamment en oncologie. Chacun travaille de manière autonome tout en donnant des coups de main aux autres, par exemple pour faire les prises de sang.

Pourriez-vous décrire une journée type ?

Nous commençons chaque jour à 7h30, par la prise de connaissance du rapport de l'infirmière qui a fait la nuit. Chaque infirmière est responsable de A à Z d'un certain nombre d'enfants : administration des médicaments, relations avec les kinésithérapeutes, etc. Cela nous permet de nous adapter au rythme propre de chaque enfant, ce qui nécessite une grande souplesse. Chaque enfant dépend d'un médecin à qui nous faisons part de nos observations.

Quels sont vos parcours scolaire et professionnel ?

J'ai fait trois ans de formation de base et un an de spécialisation en pédiatrie (actuellement le bachelier d’infirmier en soins généraux s’élève à 4 années et non plus à 3). Ensuite, j'ai été engagée dans cette clinique et j'y travaille depuis.

Pourquoi avez-vous choisi la pédiatrie ?

Je n'avais aucune envie de travailler dans un service général et je trouve que la spécialisation est très importante, quelle qu'elle soit, c'est beaucoup plus motivant et intéressant. Je pense qu'on évolue beaucoup plus dans un service spécialisé.

Quelle est la durée moyenne du séjour d'un enfant dans ce service ?

Trois-quatre jours. Pour ce qui relève du chirurgical, la durée d'hospitalisation des enfants est de plus en plus courte : généralement, il s'agit d'opérations de jour, en "one day". Le fait qu'il s'agisse d'une structure relativement petite favorise l'aspect humain : nous faisons en sorte que le séjour ne s'éternise pas.

Comment les enfants vivent-ils leur séjour à l'hôpital ?

Souvent très bien. Toute l'équipe accorde une grande importance à la dimension ludique et tente de diminuer la douleur, par l'utilisation de crèmes spéciales, de gaz euphorisant, etc.

La communication avec les parents constitue-t-elle une part importante de votre travail ?

Oui, c'est très important. Nous faisons énormément d'éducation à la santé, il y a tout un travail d'information. Les parents sont très présents (ils peuvent même dormir ici) et généralement, ils nous aident dans notre travail. Parfois, il y a tout un travail de gestion avec certains parents plus revendicateurs.

Cet aspect communicationnel est-il abordé au cours des études ?

Non, ces qualités de communication s'apprennent sur le terrain et se développent avec les années d'expérience.

N'est-il pas trop douloureux d'être témoin de la souffrance d'enfants ?

Les enfants que nous soignons dans notre service ne souffrent pas de problèmes très graves et, d'ordinaire, leur état s'améliore très rapidement. Dans les services qui prennent en charge des enfants gravement malades, un·e psychologue intervient systématiquement afin d'épauler les infirmiers et les médecins.

Quelles sont les exigences spécifiques d'un service de pédiatrie en matière de soins infirmiers ?

La rigueur et la précision sont extrêmement importantes, notamment en matière de dosage des médicaments (la moindre erreur peut se révéler catastrophique). Notre équipe présente l'avantage d'être constituée de personnes jeunes : c'est idéal parce que ce métier demande un grand enthousiasme. Il faut être patient, souple, etc. Il y a un certain degré de technicité et il faut être plus précis et rapide qu'avec un adulte, notamment pour ne pas engendrer la peur chez le jeune patient. Nous devons nous tenir à un niveau de réactivité très élevé pour parer à toute éventualité. Pour ce faire, nous suivons des séminaires très spécifiques plusieurs fois par an et nous communiquons beaucoup entre nous.

Votre formation a-t-elle été suffisante pour exercer ce métier ?

Ces études ne sont pas lacunaires en terme de contenu mais il y a un manque de pratique. On apprend encore énormément par la suite, sur le terrain.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à une personne qui souhaite exercer ce métier ?

De faire un stage sur le terrain, de travailler dans un service de pédiatrie pour sentir l'ambiance, voir ce que c'est.

Ce métier est-il facilement conciliable avec une vie privée ?

L'investissement en terme d'horaire n'est pas toujours facile à gérer, puisqu'il faut travailler le soir, la nuit et le week-end.

Quels sont les aspects les plus difficiles de ce métier ?

La souffrance des enfants, l'encadrement des parents et les grosses urgences qui parfois ne pardonnent pas.

Et les aspects les plus positifs ?

C'est un métier où l'on ne cesse d'apprendre et où les contacts humains sont très importants et enrichissants. Généralement, l'enfant ressort en pleine forme après quelques jours d'hospitalisation et les parents sont ravis. Si l'on arrive à bien le gérer, le fait de travailler avec des enfants est très amusant et beaucoup moins routinier qu'avec des adultes.

Vous imaginez-vous exercer ce métier toute votre vie ?

Je pense qu'il faut se remettre en question et découvrir d'autres choses. D'après une étude réalisée il y a quelques années, la "durée de vie" d'un infirmier hospitalier est de cinq ans. Il y a donc un très grand roulement. Par la suite, je pourrais envisager de travailler dans le domaine de l'éducation à la santé, dans le milieu scolaire.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.