Michel Lecrenier, Expert automobile

Interview réalisée en décembre 2022

Quel a été votre parcours pour devenir expert automobile ?

Depuis mon enfance, le monde automobile m’a toujours intéressé. Lorsque j’ai dû poser le choix de mes études supérieures, je me suis tourné vers le « Graduat en expertise automobile ». A l’époque, il y avait déjà un stage à effectuer mais il était non rémunéré. Dorénavant, le stagiaire perçoit une rémunération. Au terme de ce stage, j’ai pris un numéro de TVA et me suis lancé en tant qu’indépendant.  

Existe-t-il différentes catégories d’experts automobiles ?  

Certains sont généralistes, ce qui est mon cas, et traitent tous types de dossiers. D’autres se spécialisent dans un domaine bien précis, tel que l’accidentologie, la contre-expertise, l’expertise judiciaire, les véhicules ancêtres, les poids lourds, etc.

Comment se déroule généralement une expertise ?

Il n’y a pas un canevas type car chaque dossier est différent de par sa nature et ses conséquences. Le cas le plus fréquent est celui de l’expert mandaté par une compagnie d’assurance : il prend rendez-vous avec le propriétaire du véhicule et/ou le garagiste pour évaluer les dégâts et les réparations. Au terme de la visite, il rédige un rapport administratif. 

Généralement, l’expert se déplace physiquement pour examiner le véhicule mais peut aussi, sous certaines conditions, travailler sur base de photos lorsqu’il s’agit de petits dégâts. 

Combien de dossiers un expert traite-t-il par mois ? 

Là aussi ce nombre diffère selon son éventuelle spécialité et sa zone/région de couverture. Les dossiers ouverts par les compagnies d’assurances sont les plus nombreux : un expert peut en traiter de 150 à 250 mensuellement. Celui qui fait uniquement de l’expertise judiciaire n’en fera peut-être que trois ou quatre par mois car ce sont des dossiers plus volumineux. 

L’expertise automobile a-t-elle beaucoup évolué ?

Les nouveaux moyens de communication facilitent grandement la tâche administrative. Désormais, tout est informatisé. Le plus gros travail consiste finalement en l’expertise elle-même. 

Je constate aussi que les fraudes à l’assurance, qui ont toujours existé, sont encore plus nombreuses qu’avant. Heureusement, nous avons des outils et techniques de plus en plus efficaces pour les détecter.

Suit-on régulièrement des formations continues ? 

C’est tout simplement obligatoire pour être agréé par l’Institut des Experts Automobile ! Et cela à raison de 15 heures par an. C’est d’autant plus nécessaire que les technologies dans le secteur automobile évoluent très vite. Ces formations doivent être accréditées par l’Institut. 

Quelles sont les formations continues les plus répandues ?  

Celles concernant les véhicules électriques, qui sont de plus en plus nombreux sur les routes, et l’électronique automobile. 

Qu’est-ce qui vous plait dans votre métier ?

Le fait de côtoyer des gens très différents mais aussi les déplacements quasi quotidiens. 

Comment voyez-vous l’évolution de ce métier à l’avenir ?

Je pense que d’ici quelques années il y aura de plus en plus d’experts spécialisés en fonction des différents domaines d’applications. Le choix de son maitre de stage est souvent une indication de la direction que veut prendre le futur expert automobile. Ce choix est d’ailleurs très important si l’on veut se spécialiser dans un domaine en particulier.   

Voyez-vous des aspects intéressants du métier auxquels on ne penserait pas de prime abord ? 

Derrière chaque dossier, il y a de l’humain et le dommage au véhicule ne représente parfois que peu de choses à côté du reste comme les accidents avec dommages corporels importants. 

Le métier nécessite une certaine résistance à la pression qui peut être exercée par la compagnie d’assurance, l’assuré, le réparateur ou encore le contre-expert, mais selon moi cette pression n’est pas plus importante que dans d’autres métiers.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.