Mme Muriel Deneubourg,
Infirmière en milieu scolaire

Interview réalisée en janvier 2005

Infirmière au centre PMS libre de Bruxelles-Sud, Uccle.

En quoi consiste le rôle d'infirmier dans un centre PMS ?

C'est assez vaste. Nous travaillons en pluridisciplinarité : infirmier·ère, assistant·e social·e, psychologue. Nous travaillons toujours au minimum à deux dans les écoles, et la troisième personne intervient lorsqu'il y a un problème dans sa discipline spécifique. Il ne s'agit pas d'un travail strictement médical : l'enfant est toujours appréhendé dans sa globalité. J'ai un grand rôle social à jouer tout en tenant compte des problèmes médicaux qui peuvent avoir une influence sur la scolarité des enfants : ouïe, vue, qualité du sommeil, etc. Par contre, tout ce qui concerne les vaccins, les poux dans la tête, etc., relève des infirmier·ère·s en santé communautaire spécialisés en P.S.E. [Promotion de la Santé à l'Ecole].

L'essentiel de mon travail consiste à avoir des entretiens avec les enfants et à être à leur écoute : la dimension relationnelle est très importante. Mon métier reste centré autour de l'orientation scolaire. Je ne soigne pas des petits bobos dans les écoles : légalement, je ne suis d'ailleurs pas habilitée à le faire. Nous intervenons aussi beaucoup avec les organismes extérieurs, les P.S.E., les écoles d'enseignement spécialisé, les médecins traitants, les hôpitaux ou les services d'aide à la jeunesse pour des enfants qui ont des difficultés avec leur milieu social ou des parents qui ont des difficultés éducatives avec leurs enfants.

Dans l'enseignement secondaire, il faut déceler si les enfants ne risquent pas d'être sujet à certaines maladies professionnelles qui les empêcheraient de s'orienter dans telle ou telle profession. Je fais aussi de l'éducation à la santé soit en pluridisciplinarité (avec le psychologue ou l'assistant social), soit seule, soit en collaboration avec le P.S.E.

Pourriez-vous décrire une semaine type ?

Je travaille essentiellement dans deux écoles : je m'y rends chaque semaine pour une permanence. Je dialogue avec le directeur pour voir s'il y a des problèmes, je fais parfois le tour des classes. S'il n'y a rien de spécial, je ne reste pas systématiquement toute la matinée. Je fais le travail administratif au centre.

Comment sont vécues les interventions du P.M.S. par les différents acteurs (enseignants, parents, élèves) ?

Cela varie fortement d'une école à l'autre : certaines font appel à l'agent PMS pour le moindre problème, tandis que d'autres directions sont plutôt réticentes car elles pensent que nous voulons tout régenter.

Quel est votre parcours scolaire et professionnel ?

A l'époque, ces études duraient cinq ans : trois ans pour être infirmière hospitalière, plus deux ans pour être infirmière en santé communautaire (aujourd’hui, 4 années de bachelier d’infirmer responsable en soins généraux et 1année de spécialisation en santé communautaire). Ensuite, je suis partie en France et j'ai travaillé pour la Croix-Rouge française, en tant que surveillante de "gardiennes encadrées" (actuellement accueillantes subventionnées). Là-bas, le système est complètement différent d'ici : des puéricultrices, équivalentes à nos infirmières pédiatriques, prennent la responsabilité de crèches familiales qui sont de petits groupes d'accueillantes familiales. La surveillance est beaucoup plus suivie qu'elle ne l'est ici pour les accueillantes qui dépendent de l'ONE. Treize ans plus tard, je suis revenue en Belgique. A mon retour, j'ai travaillé dans un centre de santé et dans une crèche communale.
En 1991, j'ai été engagée ici.

Qu'est-ce qui vous a poussée à être infirmière en santé communautaire ?

J'avais envie de travailler en dehors de l'hôpital mais sans savoir précisément dans quel domaine. Le fait de travailler avec les enfants relève du hasard mais, depuis le départ, j'aimais beaucoup le côté relationnel.

Quel serait le profil idéal pour être infirmier en santé communautaire ?

Comme on peut travailler dans une grande diversité de secteurs, depuis l'enfance jusqu'à la personne âgée, il faut se former de façon continue dans la branche dans laquelle on s'investit : au niveau de la législation, des actes techniques, etc.

Quels sont les points les plus positifs de votre métier ?

Je suis en contact avec énormément de monde : collègues, écoles, organismes extérieurs, etc. L'aspect administratif de mon métier ne me déplaît pas, contrairement à certaines collègues.

Et les plus négatifs ?

Pour certaines personnes, ce serait donc le côté administratif. Il y a aussi parfois la difficulté à se faire reconnaître par certaines écoles.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaiterait exercer votre profession ?

Je n'aime pas trop donner de conseils parce que je trouve que chacun se découvre par lui-même : j'aurais peur de mal l'influencer ou de lui donner une fausse idée. Si une personne s'engage dans ce type de profession, c'est qu'elle en a une réelle envie car ce n'est pas le type de métier où l'on reprend l'activité professionnelle de ses parents (commerce, cabinet d'avocat, etc.) ou pour gagner des fortunes.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.