Myriam Vanden Daele,
Sellière-bourrelière

Interview réalisée en décembre 2020

Comment êtes-vous devenue sellière-bourrelière ? Quel est votre parcours de formation ?

Je suis cavalière et j'éprouvais des difficultés à trouver des personnes qualifiées pour réparer correctement mon matériel d'harnachement, c’est ce qui m'a décidée à me lancer dans le métier.

À la base, je suis professeure de langues en promotion sociale. J'ai toujours été intéressée par le travail manuel et la couture de diverses matières. J'ai trouvé une formation à Bruxelles qui s'est terminée sur Ghlin et qui comprenait un stage assez conséquent. C'est durant le stage que je me suis vite rendue compte que le métier était exigeant et que pour avoir de la clientèle, il fallait être très qualifiée.

Pour compléter la bourrellerie, j'ai suivi une formation en maroquinerie en néerlandais, à Bruxelles. J'ai également fait des stages en sellerie en Angleterre car là-bas le métier est reconnu.

Comment peut-on décrire votre profession ? En quoi consiste-t-elle ? Quelles sont ses particularités ?

Le sellier s’occupe de la fabrication d'harnachement neuf pour chevaux, mais aussi de la réparation et de la restauration. À l’heure actuelle, la fabrication de matériel neuf peut s’avérer fort coûteuse. 

En effet, trouver les matières premières en Belgique à un prix raisonnable est très difficile, voire impossible ! L'outillage est assez cher. C’est pour cela que beaucoup de clients se tournent vers des demandes de restauration/réparation.

Il faut une connaissance de la morphologie du cheval, du cuir et de l'utilité de chaque partie d'harnachement ainsi que les contraintes y afférant.

Quelles sont vos tâches principales ? Comment se compose votre emploi du temps ?

J’exerce ce métier en activité complémentaire. Il est malheureusement difficile d’en vivre de nos jours. Si l’on souhaite exercer cette activité à temps plein, il faut un article phare et se spécialiser dedans (la selle, par exemple), ce qui implique la création d'une entreprise avec un peu de personnel et beaucoup de marketing.

Mes principales tâches consistent à réparer et à réaliser des fabrications sur commande. Je travaille le weekend. J’ouvre mon atelier sur rendez-vous. J'écoute et discute avec le client pour coller le plus fidèlement à sa demande.

Qu'est-ce qui vous plait le plus dans votre métier ?

La créativité et la matière noble qu'est le cuir. On ne peut pas se tromper lorsqu'on coud. La matière est trop chère pour la gâcher.

Quelles qualités incontournables faut-il réunir pour exercer cette profession ?

Faire preuve de rigueur, de créativité, d'originalité, viser la perfection, être sûr de soi, se dire que l’on va s'améliorer davantage avec le temps (« ce que je ferai demain sera encore mieux qu'hier »), être dans le progrès perpétuel.

Il faut aussi savoir mesurer car nous sommes les tailleurs de vêtements pour chevaux.

Présente-t-elle certains avantages ou inconvénients (horaires, risques pour la santé, etc.) ? Quelles difficultés rencontrez-vous ?

Le plus difficile, à mon sens, consiste à estimer le prix de certaines réparations en tenant compte du calcul du coût des pièces et de la main d’œuvre. Il faut savoir que les réparations sont parfois plus onéreuses que du neuf !

Afin de réaliser un travail de qualité, il est essentiel de garder son outillage toujours propre, aiguisé et de bien le choisir.

Il est important d’avoir constamment un œil sur son stock afin de pouvoir toujours répondre à la demande dans des délais raisonnables.

Le seul risque encouru est une vilaine coupure suite à une mauvaise manipulation des couteaux que l’on utilise.

La profession a-t-elle évolué ? De quelle manière ?

La profession n'a pas beaucoup évolué. Nous employons quelques machines à coudre, mais elles sont très chères et spécifiques.

Le travail manuel est plus solide et différent qu’un travail à la machine. Les modèles ont un peu changé et les couleurs (fils, cuirs, boucles, etc.) sont maintenant plus utilisées. Certaines matières synthétiques sont employées dans l'industrie, mais pas trop chez l'artisan.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.