Mr Pascal Alexandre, Journaliste
Interview réalisée en janvier 2010 |
Responsable de la rubrique sportive nationale et internationale des éditions de l'Avenir.
Quel a été votre parcours professionnel ?
Depuis l'enfance, je suis intéressé par tous les sports et rêvais d'exercer un métier qui toucherait de près ou de loin au monde sportif. Je me suis inscrit dans le cursus en communication appliquée à l'IHECS, section presse et information, avec l'objectif de travailler ensuite dans un média comme journaliste sportif. Parallèlement à mes études, j'ai travaillé quelques week-ends en tant que collaborateur sportif pour un quotidien. Après mes études, j'ai travaillé comme journaliste radio dans l'information locale, nationale et internationale. Puis, il y a six ans, j'ai eu l'opportunité d'entrer à Vers l'Avenir comme journaliste sportif.
Quel a été votre premier grand reportage sportif ?
Il s'agissait d'un match de quart de finale de la Coupe Uleb de basket disputé par les Spirous de Charleroi.
Partez-vous souvent sur le terrain ?
Moins qu'avant, de par mes nouvelles fonctions au sein du journal, mais je couvre encore néanmoins plusieurs événements par an, principalement dans le basket, l'athlétisme et le tennis. En guise d'exemple, j'ai ainsi déjà couvert plusieurs tournois du Grand Chelem en tennis : Wimbledon, l'US Open et l'Australian Open, mais aussi les Masters. En basket, j'ai suivi des matchs de Coupe d'Europe des Spirous et en athlétisme des championnats d'Europe.
Si l'on prend les cas de l'athlétisme et du tennis, restez-vous sur place durant toute la compétition ?
Pas toujours. Pour ce qui concerne le tennis, je suis présent jusqu'à l'élimination du dernier représentant belge. Lors des succès à répétition de Kim Clijsters et Justine Henin j’ai été incité à couvrir l'intégralité des tournois !
Beaucoup de jeunes passionnés de sports doivent vous envier !?
Peut-être mais on est loin de l'image idyllique qu'ils peuvent se faire du métier. Pour reprendre l'exemple du tennis, je ne vois pas plus d'une dizaine de matchs sur l'ensemble de la quinzaine. Et ce sont plus des bribes de match, et ce tout simplement parce que les événements se succèdent sans cesse dans un tournoi : l'élimination d'un favori, une conférence de presse qui succède à une autre… Bref il faut tout suivre quasiment en même temps. Je connais certains confrères qui ne quittent jamais la salle de presse ! Au début du tournoi, je suis surtout les joueurs et joueuses belges : il faut donc s'assurer d'avoir leur interview après la rencontre, obtenir des infos sur l'adversaire du prochain tour, éventuellement rencontrer le coach. Et quand les Belges ne jouent pas parce qu'ils ont un jour de repos, je vais les voir à l'entraînement. Pour me diversifier, j'essaie aussi de trouver de chouettes sujets magazines pour apporter quelque chose de neuf. Il est aussi important de préciser que couvrir de grands événements sportifs a ses contraintes, notamment pour le bouclage : l'article doit être terminé et envoyé à une heure fixe. Lors de l'US Open, l'heure de bouclage est à 16h, heure de New York. Ma journée n'est pas finie pour autant : je dois rester au poste pour alimenter le site internet avec les derniers résultats et commentaires et/ou interviews.
Un journaliste peut-il créer des liens privilégiés avec un sportif de haut niveau ?
C'est extrêmement difficile. Les grandes vedettes du sport possèdent quasiment toutes un attaché de presse.
Quelles langues parlez-vous dans le cadre de votre métier ?
L'anglais, le néerlandais et un peu d'allemand. L'anglais est évidemment indispensable. Ne pas le comprendre et le parler vous ferme automatiquement des portes. Je le parle assez bien mais j'avoue qu'il y a parfois des subtilités de langage que je ne peux comprendre.
Heureusement, dans les grands événements, les journalistes reçoivent la retranscription de la conférence de presse une dizaine de minutes après. Quant au néerlandais, si je ne me prétends pas bilingue, les connaissances que j'ai me permettent de poser des questions à un athlète et de saisir à 95% le contenu de son message. J'ai souvent avec moi un petit enregistreur qui me permet ensuite de réécouter l'entretien et qui m'aide lorsque la personne interviewée parle vite, ce qui est le cas de Kim Clijsters par exemple. De manière générale, maîtriser parfaitement la langue de la personne interviewée permet de sortir des discours traditionnels du style "j'ai bien joué, je suis content.", d'avoir de meilleures infos et donc d'écrire de meilleurs articles.
Auprès des personnes intéressées par votre métier, vous insisteriez donc sur l'apprentissage des langues ?
Oui tout à fait. Et si je pouvais donner un conseil particulier, ce serait d'apprendre l'espagnol. L'Espagne est aujourd'hui la nation sportive la plus puissante. Et parler cette langue permet aussi de s'adresser directement aux athlètes sud-américains qui, pour la plupart, parlent peu ou mal l'anglais.
Quels autres conseils leur donneriez-vous ?
Je suis, en quelque sorte, un privilégié. Pouvoir suivre de près les plus grands événements sportifs est une chance que n'ont pas tous les journalistes. Il faut en être conscient lorsque l'on veut exercer ce métier. En outre, un amateur de sports ne fait pas pour autant un bon journaliste sportif ! Au cours de sa carrière, il faut développer son esprit critique, aiguiser ses contacts pour avoir les bonnes infos, avoir du flair. Mais au préalable je conseillerais aux étudiants de mettre le plus vite possible le pied à l'étrier, en travaillant comme collaborateur le week-end, même bénévolement. C'est une bonne façon de se faire remarquer.
Qu'est-ce que vous appréciez dans votre métier ?
Le fait d’avoir l’impression de ne jamais faire deux jours de suite la même chose.
Et quels inconvénients y trouvez-vous ?
Devoir travailler tous les week-ends mais aussi très souvent en soirée.
Pour terminer, quels sont vos meilleurs souvenirs de journaliste sportif ?
La victoire de Kevin Borlée au championnat d'Europe 2010 sur 400m. Tout le monde attendait son frère Jonathan et c'est finalement lui qui a obtenu la palme. C'était particulier de voir la joie et la peine partagées des jumeaux. La finale des Masters 2007 entre Justine Henin et Maria Sharapova à Madrid m'a aussi beaucoup marqué. Je n'avais jusqu'alors jamais vu un match d'un aussi haut niveau dans le tennis féminin.