Pauline Pacek, Assistante juridique

Interview réalisée en juillet 2023

Quel est votre parcours académique et professionnel ?

J’ai commencé un bac en droit à l’ULG en 2011. Dans la mesure où ça ne me correspondait pas vraiment, j’ai entamé un bac en en droit à l’HELMO Saint-Martin. Les professeurs enseignent les différentes matières de façon plus pratico-pratique et condensée, et la proximité est une réelle plus-value à mon sens. À contrario, le programme universitaire aborde des aspects notamment historiques et philosophiques, ce qui est très riche, permet d’étoffer notre culture générale, et de comprendre le cheminement du droit, mais dont nous n’aurons pas l’usage direct dans la vie professionnelle, sauf exception. Mes trois années à Saint-Martin n’étaient pas de tout repos, mais je m’y sentais réellement bien. C’est un peu comme une grande famille, avec ses hauts et ses bas. Il est à noter qu’il nous est souvent répété qu’avec un bac droit de Saint-Martin en poche, trouver du boulot ne sera pas compliqué. Nuance est à faire : nous serons engagés plus ou moins rapidement, mais le travail qu’il nous est demandé de réaliser, ainsi que le salaire qui y est lié ne sont pas toujours attractifs. Cela correspond parfois plus à du secrétariat qu’à du droit, ce qui est dommage, car nous disposons d’un beau bagage de compétences acquises, et nous ne pouvons les mettre à profit. 

J’ai débuté ma carrière professionnelle dans un cabinet d’avocats en médiation de dettes. C’était très intéressant d’un point de vue social, de l’apprentissage de la « vraie vie », de la découverte du domaine et de la matière avec laquelle je n’étais pas coutumière, mais les tâches de secrétariat étaient très présentes, malgré que cela restait dans le domaine juridique.

J’ai décidé ensuite de postuler à la S.A. SOGEPA, devenue depuis lors WALLONIE ENTREPRENDRE SA. J’y travaille depuis un peu plus de 5 ans, et je m’y plais beaucoup. J’ai d’ailleurs pu connaître une évolution au sein de la société depuis lors : c’est une belle reconnaissance avec davantage de responsabilités. Mon job consiste en la rédaction de différentes documentations contractuelles, de contacts avec le monde juridique (notaire, avocats…), ainsi qu’avec les représentants des sociétés, des partenaires bancaires… Parallèlement à mon job actuel, je me suis lancée dans une formation en cours du soir pour obtenir le diplôme de boulangère-pâtissière. C’est une véritable passion, et ce diplôme me donnera l’accès à la profession, nécessaire pour obtenir le statut d’indépendante complémentaire le cas échéant.

Est-ce qu’il y a une différence entre secrétaire juridique et assistant·e juridique ? Ou secrétaire juridique est une mauvaise appellation et concerne un·e secrétaire qui travaille dans le domaine juridique ?

Je pense que cela dépend fortement des sociétés. Un.e assistant.e juridique n’aura pas forcément les mêmes tâches/compétences dans une société et dans une autre. Dans mon ancienne structure, j’étais assistante juridique d’un tout petit service composé de 5 personnes. Mes tâches étaient fort axées sur le secrétariat, même si juridique. Dans mon travail actuel, qui engage pas loin de 250 personnes, l’assistant.e. n’a pas les mêmes tâches. C’est pourquoi mon bachelier en droit a été mis en valeur, et que je suis devenue collaboratrice juridique. 

Est-ce que les horaires sont fixes ? Est-ce que certaines périodes de l’année sont plus intenses que d’autres ?

Cela dépend de comment chacun gère son travail. Travailler hors des horaires de bureau, cela peut arriver mais c’est relativement rare. Si on a une conscience professionnelle, il faut se dire que cela fait partie du métier. On a le droit à la déconnexion. Maintenant, s’il y a vraiment une urgence, je pars du principe que la personne va me passer un coup de fil. Par contre, si ça ne nous convient pas ou que cela ne nous semble pas normal, il faut en parler à son service. Mais sinon les horaires sont fixes et quand on rentre chez soi, on n’a rien à faire, en principe. 

Quels sont les aspects positifs du métier ?

Il n’y a pas de place pour l’ennui. Certaines tâches sont prévisibles durant la semaine et/ou l’année en fonction des échéances récurrentes, mais les aléas sont fréquents, de sorte que les journées passent à une vitesse incroyable. L’équipe dans laquelle je travaille occupe une place importante dans les aspects positifs de mon métier. En effet, la bonne entente et les fonctionnements similaires facilitent la fluidité de la quantité de travail abattue. Lorsque l’on sent que nos limites sont atteintes, ou que nous avons un doute, il ne faut pas hésiter à se tourner vers des personnes disposant de plus de compétences/connaissances que soi. J’ai la chance de pouvoir travailler avec des personnes ouvertes et compréhensives. 

À l’inverse, est-ce qu’il y a des inconvénients ?

Comme dans tout métier, il y a des tâches ingrates : répétitives, ou peu stimulantes. Il arrive de devoir travailler avec des collègues/personnes extérieures qui ne fonctionnent pas de la même manière que nous. Il faut donc constamment s’adapter. 

Le monde du droit est assez mal perçu, est-ce que vous savez l’expliquer ? 

C’est très facile : en gros, notre métier consiste à prévenir d’un risque, réel ou potentiel. Nous allons donc mettre le doigt sur ce qui ne va pas, et les gens ont du mal avec cela, car va parfois à l’encontre d’une idée de la mise en œuvre d’un projet. De plus, nous avons notre propre jargon, composé de locutions latines ou de termes très spécifiques propres au langage du droit. Nous paraissons parfois « carrés » ou « hautains », mais ce serait à mon sens faire de tristes généralités. Il s’agit plus d’un préjugé et d’un stéréotype. Nous sommes souvent à l’écoute, et tentons de vulgariser un maximum pour rendre accessible le droit, parfois compliqué.   

Est-ce que c’est compliqué de trouver un stage durant ses études ?

J’ai eu personnellement beaucoup de chance, je n’ai pas eu de difficultés à en trouver. Maintenant, il ne faut pas hésiter à aller frapper aux bonnes portes : se renseigner dans son entourage si telle ou telle personne n’était pas dans le domaine qui nous intéresse, et contacter lesdites personnes. Il ne faut pas rester dans son coin, et être avenant. Le pire qui puisse nous arriver sera d’essuyer un refus. Il faut de l’organisation et de l’anticipation : quand on sait qu’on a deux stages sur l’année, on doit se dire « je veux être dans tel domaine » et lancer ses recherches en fonction et à l’avance, car si on nous dit non, il faut savoir se retourner.

Vous avez dit qu’il fallait être organisé·e et avenant·e pour faire ces études et travailler dans ce domaine, mais y a-t-il d’autres qualités à avoir ?

Il faut être ou paraitre sûr de soi et connaitre sa matière. Si on va à un entretien d’embauche, il faut se renseigner sur l’entreprise et la connaitre par cœur. Il faut se dire qu’on a tout fait pour décrocher le job et que si on ne l’a pas, c’est qu’il n’était pas fait pour nous et repartir enrichi de l’expérience. Il est important de ne pas faire semblant de connaitre et être honnête. La soif d’apprendre peut alors être mise en avant lors de l’entretien d’embauche, plutôt que de feindre.

Enfin, il ne faut pas avoir peur : lorsqu’on sait ce que l’on vaut et le travail qu’on effectue, et qu’il nous semble que notre statut ou nos conditions salariales n’y correspondent plus, une demande de revue de nos conditions peut être entreprise. 

Est-ce que vous auriez d’autres conseils à donner à un jeune qui voudrait se tourner vers ces études ? 

S’entourer de bonnes personnes, ne pas trop stresser. Les professeurs ne sont, en principe, pas contre nous. S’y prendre à l’avance et avoir bien en tête que ce n’est pas facile. Quand on passe de l’Université à la Haute École, les gens se disent que ça va aller tranquillement, mais c’est totalement faux. Il faut bosser. 

Est-ce que les personnes qui ont étudié avec vous ont trouvé de l’emploi également en tant qu’assistants·es juridiques ?

Oui, pratiquement tous. Une travaille à la SNCB, un autre dans une étude de notaire, dans les assurances, etc. C’est un gros avantage du diplôme de bachelier en droit, cela permet de balayer un grand nombre de domaines, et de forcément trouver un job qui nous plaira. On trouve du travail même si c’est compliqué au début, faute d’expérience. Par la suite, les opportunités sont présentes.

 
SIEP.be, Service d'Information sur les Études et les Professions.